Le grand retour de la TEFAF

[21/06/2022]

 

C’est une chance de rassembler une fois encore les grands collectionneurs et amateurs d’art du monde entier pour qu’ils puissent à nouveau se retrouver, apprécier, et s’imprégner de cette riche histoire de l’art qui caractérise la Tefaf depuis toujours. Hidde van Seggelen, Président exécutif de la Tefaf

 

Après l’édition 2020 écourtée prématurément et une annulation l’an dernier pour une version exclusivement online, la prestigieuse et très attendue The European Fine Art Fair fait son grand retour. Celle dont le rendez-vous avait jusqu’alors été fixé en mars, se tient cette année à la toute fin du mois de juin, période clé dans le calendrier du monde de l’art; une semaine après Art Basel et quelques jours avant Masterpiece Londres. Cette 35ème édition se veut plus courte qu’à l’accoutumé (trois jours de moins), avec un nombre d’exposants revu à la baisse mais toujours soigneusement sélectionnés. Près de 242 galeries internationales ont répondu présent au MECC (Maastricht Exhibition & Congress Centre) _ dont 21 d’entre elles pour la 1ere fois _ contre 286 deux ans plus tôt. Pour la majorité, il s’agit d’un retour après deux années de ventes conclues exclusivement en ligne. Directement inspirée de ces activités online, une série de conférences en direct mettant en vedette des collectionneurs et des experts sera l’une des grandes nouveautés de cette édition.

La France et le Royaume Uni bénéficient d’une belle visibilité cette année : ces deux pays représentent à eux seuls presque la moitié des exposants internationaux, avec respectivement 53 et 57 galeries. Les participants du Showcase se composent de cinq jeunes galeries françaises et une londonienne.

Une foire, trois regards

Pour vous, Artprice a sélectionné trois galeries, qui ont toutes participé à l’édition online l’an dernier et vous partagent en exclusivité les trésors présentés sur leurs stands prochainement:

Galerie Piacenti

Londres, 5e participation

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Portrait of Giovanni Battista Belzoni, 1822. Huile sur toile, 55 x 44.8 cm

Pour sa 5e participation, la galerie Piacenti, spécialisée en peinture et sculpture européenne du XIVe au XXe siècle présentera cette année, un portrait saisissant de Giovanni Battista Belzoni, d’auteur encore inconnu. Explorateur italien et archéologue pionnier des antiquités égyptiennes, il fut le premier à entrer dans la pyramide de Khafre (Kefren) à Gizeh en 1818, et sa signature y est toujours visible. Selon une inscription au dos, le tableau a été peint en 1822, il y a exactement deux siècles et un an avant la mort du modèle. La vie aventureuse de Belzoni a donné lieu à de nombreux livres et même à des bandes dessinées, et est communément considérée comme l’une des sources d’ inspiration utilisée par George Lucas pour la création de son célèbre personnage d’Indiana Jones. Pour espérer acquérir ce chef-d’œuvre, il faudra débourser près de 120 000€.

Le duo de galeristes a de grandes attentes pour l’édition à venir. Emmanuele Piacenti nous confie que la pandémie a accéléré certains processus déjà en cours et contraint de nombreux acteurs du monde culturel à se réinventer mais force est de constater que le marché de l’art de ces deux dernières années n’a pas cessé de fonctionner. Enfin, l’excitation de pouvoir admirer les œuvres en personne est irremplaçable et Tefaf sera enfin l’occasion de rencontrer à nouveau collectionneurs, universitaires et collègues en personne”.

 

Galerie Pauline Pavec

Paris, 2e participation

Malgré le fait que l’organisation de la foire ait décidé de raccourcir cette édition 2022, nous sommes très enthousiastes à l’idée de présenter nos artistes au sein de la TEFAF, qui reste pour nous la plus belle foire internationale”. Pauline Pavec, directrice de la galerie.

Pour sa 2e participation physique (la 1e s’étant déroulée exclusivement online), la galerie,  invitée dans le cadre du Showcase, propose une mise en valeur du travail de deux artistes. D’une part, celui de Jacques PRÉVERT avec ses Éphémérides colorés des années 1950-1960, et d’autre part celui de Jacqueline Lamba, avec ses œuvres se situant entre le surréalisme et l’abstraction des années 1960-1980.

La toile Ciel Noir de Jacqueline LAMBA (1910-1993), œuvre majeure qu’elle réalise en 1985 parmi ses dernières créations provient directement de la succession de l’artiste avec qui la galerie a plaisir à collaborer.

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Ciel Noir, 1985, Huile sur toile 124 x 146 cm, Photographie Charles Maze

Cette toile sera l’une des œuvres phare de leur accrochage. Elle est produite à la fin de la vie de l’artiste, comme l’acmé de son travail et de ses recherches sur le paysage et les nuages. L’œuvre est proposée entre 30 000 et 50 000 € et la galeriste nous confie qu’elle suscite déjà beaucoup d’intérêt.

 

Galerie Bartha Contemporary

Londres, 2e participation

La galerie Bartha également invitée dans le cadre du Showcase, a choisi d’exposer trois artistes contemporains : Jill Baroff (1954), Clay Ketter (1961) et Susan Morris (1962).
L’ensemble des œuvres exposées sont le fruit de recherches approfondies et réalisées à l’aide de divers médias. À la frontière entre science et art, chacune d’entre elles se développe à partir de grands ensembles de données. Elles interceptent toutes un élément du temps et sont mises en forme par des phénomènes naturels.

Les dessins faits à la main de Jill BAROFF sur des gampi japonais (papier très fin) tracent des données sur les marées que l’artiste trouve sur Internet. Comme autant d’empreintes digitales de points géographiques et très sensibles aux changements atmosphériques, ces œuvres mettent en relief le mouvement de l’eau autour de la planète. Déterminés par les flux de la gravité, de la géologie et de l’atmosphère, elles sont les représentations visuelles de ces mouvements continus qui, sinon, passent largement inaperçus. L’œuvre est estimée entre 9800 et 12400€.

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Tide Drawing, Hurricane Isaias, 2021 Encre sur Gampi japonnais monté sur toile de coton, 81 x 81 cm Copyright Jill Baroff Studio Courtesy Bartha Contemporary Ltd. London

Les tapisseries de Susan MORRIS décrivent des enregistrements sonores modulés à l’aide d’algorithmes ou affichent des données recueillies à l’aide d’un “actiwatch”, un outil utilisé par les chronobiologistes. L’artiste organise ces données selon les principes énoncés par la méthodologie scientifique ou les structures décrites par John Cage dans Lecture on Nothing. Les données informatisées sont ensuite saisies dans la première machine industrielle à programmation binaire : un métier à tisser jacquard, qui produit ces tapisseries sensuelles.

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Silence (Project for a Library) No 1 to 6, 2020 Tapisserie Jacquard, Fils de Coton, Soie et Polyester Ed 2/3, 63 x 88.5 cm. Copyright Susan Morris Studio, Courtesy Bartha Contemporary Ltd. London

L’oeuvre est estimée entre 42 000 et 46 000€

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Miramar 3, 2007 C-Print Diasec, Tirage unique 2022, 215 x 178 cm Copyright Clay Ketter Studio, Courtesy Bartha Contemporary Ltd. London

À y regarder de plus près, l’aspect abstrait des œuvres photographiques de Clay KETTER révèle leur source dans le monde réel. Capturant un moment entre une nature reprenant ses droits et la réappropriation humaine, ces œuvres dépeignent les vestiges de maisons de vacances emportées par l’ouragan Katrina le long de la côte du Golfe des États-Unis. Réalisés à l’aide d’un appareil photo analogique et dépourvus de toute manipulation numérique, ces clichés photographiques estimés entre 28 000 et 32 000€ peuvent être comparés au “Pompéi des temps modernes”.

Niklas et Daniela von Bartha nous communiquent leur enthousiasme à l’idée d’exposer à nouveau après si longtemps : “Le Covid a modifié les perspectives des galeries et a souligné l’importance du commerce en ligne. Nous avons le sentiment qu’il existe un réel intérêt à revivre les foires d’art, bien que les clients soient généralement devenus beaucoup plus sélectifs lorsqu’ils choisissent les événements auxquels ils souhaitent se rendre, soulignant l’importance de la Tefaf en tant que plateforme de premier plan qui capte l’imagination des clients de tous les domaines de l’art”. Enfin, ils espèrent vivement revenir dans les années à venir.

 

 

Derrière Art Basel, Tefaf reste la 2e plus importante foire à l’international. Si les deux dernières éditions ont profondément marqué ses participants, l’engouement à l’approche de l’ouverture ne faiblit pas. Les acteurs du monde de l’art se réjouissent à l’unisson de se retrouver et de partager autour de leurs chefs d’œuvres parfois présentés en exclusivité pour cet événement. Reste à savoir si les acteurs du monde de l’art répondront présents dans ce calendrier condensé des plus belles foires de l’année !