Le dessin italien du XVIIème siècle

[11/01/2007]

 

Les dessins du XVIIème siècle sont à l’honneur jusqu’au 23 février 2007 grâce à sept expositions en province, sous la houlette du Musée du Louvre.

En pleine période baroque, les artistes italiens du XVIIème siècle ont exercé leur virtuosité en multipliant les croquis, esquisses et dessins aboutis. Ces feuilles quatre fois centenaires arrivent rarement indemnes sur le marché : souvent tachées ou piquées, elles sont moins contrastées qu’à l’heure de leur exécution. A cette première appréciation sur l’état de conservation s’ajoute celle de la qualité d’exécution. En effet, les dessins proposés sur le marché des enchères sont souvent des œuvres préparatoires en vue de la réalisation d’une œuvre de plus grande envergure et, à ce titre, ne sont pas toujours aboutis. Ainsi, plus que le prestige de la signature, c’est l’achèvement du sujet, la vivacité du trait, les rehauts de couleurs et les jeux d’ombre et de lumière qui déterminent le prix.

Le secteur du dessin ancien a des émules fidèles, prêts à surenchérir sur les pièces de qualité muséale qui se raréfient au fil des années. Certaines feuilles atteignent des sommets dépassant les prix atteints par des huiles sur toile. C’est le cas pour Salvator ROSA qui détient la plus haute enchère pour une Allégorie de la peinture en guenilles assise dans l’atelier exécutée à la pierre noire et à la plume, rehaussée de lavis. Ce dessin a doublé son estimation le 17 décembre 2003 pour culminer à 330 000 € à Paris (Christie’s), un montant presque 5 fois plus élevé que sa grande huile sur toile intitulée Approdo costiero con barcaioli e cavalieri dispersée pendant l’été 2006 (100×134,3 cm, 70 000 €, Christie’s Milan, le 07 juin 2006). Chez Rosa, et pour le dessin ancien en général, l’amplitude des prix est abyssale. La velléité des acheteurs se déclenche pour des papiers aboutis et ayant bien résistés aux épreuves du temps. Les amateurs sont plus sélectifs que spéculateurs, ce qui explique que malgré le record de Rosa, la majorité de ses adjudications étaient inférieures à 10 000 € en 2006.

GUERCINO est également un artiste très suivi par les amateurs d’art italien. Il a décroché 10 adjudications au-delà des 100 000 € entre 1990 et 2006 ! Cet artiste prolifique a laissé une grande quantité de dessins qui représentent près de 90% de ses transactions. Très prisé par le marché anglo-saxon (plus de 70% des transactions), la France n’est pas en reste et disperse près de 15% de ses œuvres, deux fois plus qu’en Italie. Preuve du dynamisme de ce marché, Guernico a signé sa plus belle enchère l’été dernier pour un dessin à la craie rouge intitulé Study of a Youth holding a Swag of Drapery, qui décrochait 120 000 £ (172 932 €, Sotheby’s, Londres, 05 juil. 2006).

Parmi les 10 artistes les plus cotés citons, outre Rosa et Guercino, Giovanni Benedetto CASTIGLIONE, PIETRO DA CORTONA, Bartolomeo CESI et Le Bernin (Giovanni Lorenzo BERNINI), qui sont aussi les mieux connus du grand public. Bernin, grand maître baroque auquel nous devons l’Extase de Sainte-Thérèse de la Chapelle Cornaro (Rome) est rarement proposé en ventes publiques : seules 9 dessins ont été soumis aux enchères ces 15 dernières années et il faut compter autour de 100 000 € pour une feuille de belle qualité. Les œuvres d’Alessandro ALGARDI et de Francesco Castelli BORROMINI sont tout aussi rares et les œuvres abouties cotent entre 10 000 € et 70 000 € en moyenne.

Des dessins de maîtres abordables
Il est possible d’acquérir quelques dessins des plus grands maîtres italiens pour un investissement moindre. Certaines feuilles s’échangent autour de 5 000 € comme le dessin au fusain d’Algardi intitulé Rest on the Flight into Egypt, with a kneeling Angel qui fut adjugé pour 4 000 £ soit 5 960 € le 06 juillet 2004 (Christie’s London). Lors de la saison 2006, on pouvait acquérir un papier à l’encre de l’artiste le plus coté, Salvator Rosa, pour seulement 2 000 € : son paysage animé d’un personnage était d’un format honorable (13,3×19,3 cm, Paesaggio con figure) et a trouvé preneur lors de la vacation de Porro & C. à Milan le 23 novembre 2006. Les adjudications de cet ordre concernent d’autres artistes incontournables comme Castiglione, Guercino, Carlo Marati ou Bartolomeo Cesi dont l’étude d’un jeune homme de profil à la sanguine changeait de main pour 1 000 £ (Study of a young Man, half-length, in profile to the left, 1 443 €) le 4 juillet 2006 chez Christie’s Londres. Outre ces valeurs sures, les ventes aux enchères fourmillent d’artistes anonymes accessibles pour moins de 1 000 €.