Le dessin contemporain

[17/03/2008]

 

Au printemps, Paris multiplie les rendez-vous pour mettre le dessin contemporain à l’honneur et le dépoussiérer de son image de médium secondaire. En France, il doit notamment ses lettres de noblesse à l’instauration d’un Prix de dessin par la Fondation Daniel et Florence Guerlain, à la création du label “Paris Capitale du dessin” par le Salon du Dessin Contemporain qui fête son deuxième anniversaire du 10 au 14 avril et à la naissance de la Slick dessin qui a lieu aux même dates. Pourtant, les maisons de ventes ne profitent pas de l’effervescence générée par ces rendez-vous pour donner plus de place au genre dans leurs vacations : seuls les traditionnelles ventes de dessins anciens et modernes seront orchestrées pendant la période du Salon.

Le dessin contemporain n’a pas besoin de vacation spécialisée pour avoir la cote. Sa progression reste certes en deçà de celle de l’art contemporain tous médiums confondus (dont l’indice des prix à progressé de près de 70% entre janvier 2007 et janvier 2008) mais flirte avec les +52% en 2007 pour les artistes nés après 1945.Face à la forte appréciation d’un art contemporain soutenu par une demande accrue, le dessin, généralement plus abordable que la peinture et la sculpture, devient un domaine de substitution.

Effectivement, il offre la possibilité aux amateurs d’acquérir des artistes déjà consacrés par le marché des enchères à moins de 3 000 euros comme Damien Hirst, Jeff Koons, Vanessa Beecroft, Yoshitomo Nara, Takashi Murakami, Enzo Cucchi, Gary Hume, Cecily Brown ou Robert Combas….
Damien HIRST par exemple, habitué des enchères millionnaires (il signait 17 coups de marteau millionnaires en dollars en 2007 pour des peintures et installations) déploie au feutre, au crayon ou à l’encre une imagerie ambivalente, telle l’association d’une colombe et d’un crâne humain sur une feuille de 15,3 x 10,2 cm, Dove & Skull acquis en salle pour moins de 4 200 euros en octobre dernier (Christie’s-South-Kensington, 24 oct. 2007).
Toujours dans cette gamme de prix, les nippons Yoshitomo Nara, Takashi Murakami et Aya Takano sont certes abordables mais pas toujours pour des travaux aboutis : une belle aquarelle ou une gouache de Yoshitomo NARA s’échange par exemple entre 10 000 et 20 000 euros. Sa cote a rapidement flambé : lors de sa première introduction aux enchères en 2000, un amateur éclairé (ou chanceux) fit l’acquisition de la feuille gouachée No Pain No Gain pour l’équivalent de 2 000 euros (1 900 dollars Chez Christie’s). En 2007, il fallait doubler la mise pour emporter un travail au crayon deux fois plus petit (Untitled, The Market, Tokyo, 25 oct. 2007).
La Nippone Aya TAKANO à l’esthétique Kawaii fut introduite récemment aux enchères (en 2004), ses toiles n’atteignent pas les prix d’un Murakami ou d’un Nara et ses dessins demeurent abordables : l’ensemble de quatre aquarelles «With Delicated Mad Hands» par exemple, changeait de main pour moins de 7 000 euros au marteau chez Christie’s Hong-Kong en novembre 2007. Un mois plus tard , à Londres cette fois, son dessin aquarellé Megu Plays on the Traffic Signs se négociait l’équivalent de 1 500 euros à Londres (Christie’s-South-Kensington, 1 100 livres).

Du coté de l’Asie toujours, le boom du marché chinois fit émerger des dessins. Parmi les plus cotés, les rares feuilles de Zhang Xiaogang et Yue Minjun s’échangent déjà entre 40 000 et 150 000 euros en moyenne. Au cœur de la déferlante chinoise, l’amateur peut trouver entre 1 000 et 6 000 euros des aquarelles de LIU Ye, de GUO Wei ou de FENG Zhengjie, des fusains ou de petits travaux à la poudre de Cai Guo-Qiang.

Quelques figures majeures du marché français, François Boisrond, Jean-Charles Blais, Robert Combas, Fabrice Hyber, Hervé Di Rosa, Philippe Cognée sont régulièrement proposées en salles entre 1 000 et 5 000 euros.
Enfin, parmi les artistes émergents, récemment exposés ou médiatisés mais encore novices en ventes publiques, citons Philippe MAYAUX dont l’univers kitsch et ambivalent lui valu le prix Marcel Duchamp en 2006, Silvia BÄCHLI, lauréate du prix du dessin contemporain de la fondation Guerlain en mars 2007, Jean-Luc VERNA qui mixe culture rock, pop et gothique, Isabelle LÉVÉNEZ qui confère à l’enfance la saveur d’un conte tragique… leurs rares œuvres soumises à enchères ne trouvent pas toujours leur public malgré des prix attractifs : de quelques centaines d’euros pour une feuille de Silvia Bächli, à 4 000 euros pour une gouache de Philippe Mayaux (Cornette de Saint-Cyr, octobre 2007).