Le dernier coup d’éclat de Sotheby’s avant l’été

[22/06/2021]

Dernière ligne droite pour la grande vacation d’art contemporain de Sotheby’s Hong Kong, dont les enchères prennent fin ce 22 juin, après une longue période de 12 jours. La particularité de cette importante session d’art contemporain ne repose pas uniquement sur sa durée de vie et d’action en ligne, elle se démarque aussi par le choix de son curateur : un certain Jay Chou, connu comme le “Roi de la Mandopop”.

Tout à la fois musicien, auteur-compositeur-interprète, acteur et réalisateur, Jay Chou est incontournable en Asie avec ses nombreux fans et ses 6,4 millions d’abonnés Instagram. C’est un influenceur essentiel que choisit ici Sotheby’s pour assurer le commissariat de sa dernière grande vente d’art contemporain depuis Hong Kong, mais surtout un grand collectionneur… de belles montres, de grands crus, de voitures de luxe, et d’art contemporain bien sûr.

Ses premiers pas de collectionneur remontent à un voyage parisien. Jay Chou achète ses premières œuvres dans le quartier du Marais. Quelques années après ce voyage initiatique, il est considéré comme l’un des collectionneurs d’art les plus dynamiques au monde. Ses préférences vont aujourd’hui à américain George Condo, aux piliers du Pop Art David Hockney et Roy Lichtenstein, au peintre écossais contemporain Peter DOIG, dont il possède l’œuvre Road House (1991) vendue près de 12 m$ chez Christie’s NY en 2014.

 

Les poids lourds choisis par Jay

La session hongkongaise de Sotheby’s est répartie en deux ventes – une en direct et une en ligne – offrant un total de plus de 100 lots. Tous les résultats ne sont pas tombés à l’heure où nous écrivons ces lignes mais la sélection très séduisante promet de forts résultats.

Cette sélection de la star taïwanaise comprend un Buste d’Homme (1969) de Pablo PICASSO proposé avec une estimation basse 12 m$; une infirmière de Richard PRINCE attendue à 9,6 m$, soit à mesure de l’actuel record d’adjudication de l’artiste américain (Runaway Nurse, 9,685m$, Christie’s New York, 2016). Également, une peinture réalisée en 1978 par Frank Stella annoncé autour de 4m$; et le tableau Linked Lingams de Loie HOLLOWELL qui fut une bonne surprise avec un nouveau record de 1,6m$, quelques jours après son précédent sommet pour une oeuvre estimée moins de 250 000$ et finalement vendue à plus d’1,4 m$ (Phillips & Poly Hong Kong, 8 juin).

La vente curatée mise aussi sur la mixité des choix. Face aux icônes absolues de l’art contemporain (dont Kaws, Yoshitomo Nara, Zhang Xiaogang, Damien Hirst, Yayoi Kusama…), Jay Chou a notamment sélectionné de “jeunes talent asiatiques”, dont le coréen Eddie KANG (1980), l’artiste chinois Jacky Tsai (image ci-contre), connu pour avoir créé la vanité fleurie devenue l’emblème de la maison de couture britannique Alexander McQueen. Cette vente très médiatisée permet aux plus jeunes artistes de passer une nouvelle étape sur le marché des enchères à l’instar de l’ancien chanteur pop taïwanais Kuo Yen-fu dont une toile estimée 4 000$ était déjà prisée à plus de 12 000$ avec 25 enchères, une semaine avant la fin de la vente.

 

Point culminant : un Basquiat légendaire

La seule vente en direct a eu lieu le 18 juin pour une œuvre majeure et pour tout dire l’une des œuvres les plus iconiques de la super-star du marché : Jean-Michel BASQUIAT.

L’œuvre est un colossal triptyque de 1985. A 25 ans, Basquiat à son apogée prend la pose devant cette toile, pour la célébrissime couverture du New York Times Magazine. Devenu l’un des artistes les plus chers et les plus convoités au monde, il fait face à l’appareil photo en costume et pieds nus, illustrant avec élégance et une nonchalance feinte un article intitulé “New Art New Money” (nouvel art, nouvel argent).

Le chef-d’œuvre était attendu pour plus de 40 millions, compte tenu de son importance et des trois derniers résultats supérieurs à ce montant obtenus entre mars et mai 2021. Il n’a pourtant pas dépassé ce seuil et culmine à 37,2m$ frais de vente inclus. Le tableau-trophée à la Une du New York Times Magazine de 1985 rejoint tout de même le Top 10 des meilleures adjudications de l’artiste.

Une fois encore, le marché de Basquiat affiche des performances extraordinaires : sur les six premiers mois de l’année, son produit de ventes est équivalent à celui de toute l’année 2018. L’artiste mythique est encore parti pour une année de record absolu en termes de volume d’affaires annuel.

 

Quatre oeuvres de Basquiat vendues à plus de 35m$ chacune depuis le début de l’année :

Untitled (1985) > 37,2m$ (18/06/2021 – Sotheby’s Hong Kong)

Versus Medici (1982) > 50,8m$ (12/05/2021 – Sotheby’s New York)

In This Case (1983) > 93,1m$ (11/05/2021- Christie’s New York)

Warrior (1982) > 41,6m$ (23/03/2021 – Christie’s Hong Kong)

 

 

Progression chronologique du CA de Basquiat (copyright Artprice.com)