Le « Caravage de Toulouse » ira au plus offrant, bien loin de France sans doute

[08/01/2019]

Le « Caravage de Toulouse » ne rejoindra pas les collections françaises et les cinq toiles qu’elles possèdent déjà du génial artiste baroque.

Un mois et demi après le délai dont il disposait, l’État français a officiellement renoncé à faire une offre d’achat. L’expert Eric Turquin, en charge de la vente de la toile, est donc maintenant libre de faire sortir l’œuvre du territoire comme bon lui semble. Il a confié à Artprice et son président-fondateur thierry Ehrmann que la peinture serait vraisemblablement mise en vente à la fin du printemps 2019 : après un road show mondial, elle devrait revenir à Toulouse, là où tout a commencé. Le commissaire-priseur Maître Marc Labarbe, contacté à l’origine par les propriétaires, pourrait bien être impliqué dans cette vente historique.

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Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571-1610)
Judith et Holopherne (c.1604 – 1605)

La valeur d’une telle œuvre est bien sûr difficile à estimer, car il n’existe rien de similaire sur le Marché. Un montant de 120 m€ avait été annoncé en 2016, mais il précédait le record à 450 m$ établi par le Salvator Mundi de Léonard de Vinci. Cette vente a prouvé la formidable demande qui existe aujourd’hui pour les chefs-d’œuvre anciens. Acquérir cette peinture, qui pourrait être le pendant d’une pièce maîtresse du Caravage conservée à la Galerie nationale d’Art Ancien de Rome, doit forcément intéresser les plus grands collectionneurs de la planète, mais aussi les plus prestigieux musées.

Ces dernières années, le Marché de l’Art a montré qu’il était devenu enfin tout à fait efficient, structuré par l’économie vertueuse de l’industrie muséale. A ce titre, la stratégie d’Eric Turquin correspond à celle des marchés financiers : le marché l’emporte sur n’importe quel expert et l’enchère gagnante confère au tableau son véritable prix de marché. Le test de la vente publique permet de montrer la valeur d’une oeuvre aux yeux du public, mais aussi des principaux acteurs du Marché de l’Art qui conseillent les grands collectionneurs.

La géniale stratégie de vente de M. Turquin pourrait bien correspondre à celle qu’il avait suivie pour la vente de La chasse au taureau sauvage (Banteng) (1855) de Randen Saleh. L’oeuvre avait été présentée en Indonésie mais avait été vendue en Bretagne, à Vannes, par la maison Ruellan, le 28 janvier 2018. Bien loin des grandes capitales du Marché de l’Art, La chasse au taureau sauvage a finalement été achetée pour 11 110 000$ (8 922 240€, un record absolu aux enchères en Bretagne) par un collectionneur indonésien.

Les propriétaires et le cabinet Turquin auront laissé tout le temps à l’État Français pour acquérir le « Caravage de Toulouse ». Les experts du Louvre avaient en effet été invités à découvrir l’oeuvre très vite après sa découverte chanceuse, dans un grenier de Toulouse en 2014.

L’histoire exceptionnelle de ce Caravage qu’Artprice suit depuis son tout début ne fait que commencer…

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