La Transavanguardia : la figuration italienne ne transcende plus le marché

[08/12/2002]

 

Les années 80 ont vu un retour en force de la figuration dans la peinture européenne : avec les Nouveaux Fauves allemands et la Figuration Libre française, la Trans-avant-garde italienne a été très tôt saluée par le marché. A quelques jours de la vente « Arte Moderna e Contemporanea » organisée par Christie’s à Rome (le 18 décembre 2002), quel est aujourd’hui l’engouement des collectionneurs pour ce mouvement italien ?

Après avoir explosé à la fin des années 80, le marché des artistes de la Transavanguardia reste atone. Depuis le début des années 90, les collectionneurs ne peuvent guère espérer spéculer sur eux. Seules les années 1999 et 2002 marquent une reprise sensible. Le 18 novembre 1999, Sotheby’s New York réalise une importante vente d’art contemporain provenant d’un collectionneur privé européen. A côté de Jean-Michel BASQUIAT et de Julian SCHNABEL, 17 lots de Francesco CLEMENTE, Sandro CHIA et Enzo CUCCHI s’arrachent. La vente des œuvres de ces trois artistes atteint le million d’euros et permet à Francesco CLEMENTE de battre son record avec une huile sur toile vendue 269 087 euros. Après un léger essoufflement des prix en 2001, ce segment est animé aujourd’hui d’un léger regain d’activité. Les prix n’ont pas été aussi haut depuis 10 ans. Néanmoins, l’investissement dans une œuvre de la Transavanguardia est peu intéressant sur la période 1992-2002 puisqu’il n’a en moyenne rapporté que 15%. Des artistes comme Nicola DE MARIA et Enzo CUCCHI ont même perdu de la valeur au cours de ces 10 années.

Bien que participant de la même volonté artistique, chacun se distingue par un style et des thèmes propres. Ces particularités se répercutent sur la cote de ces artistes qui peut évoluer de façon très différente. L’indice des prix de Sandro CHIA suit, de façon plus atténuée, celui du mouvement. Nous retrouvons la hausse importante en 1999 suivie d’une baisse en 2000 qui se prolonge en 2001. Quant à Mimmo PALADINO, le prix de ses œuvres atteint des sommets dès la fin des années 1980 et l’année 1990 marque son record absolu avec la toile Pozzo di Eroi vendue 225 000 dollars. Il ne bénéficie pas, en revanche, de la hausse de 1999. Par contre, son indice des prix augmente d’environ 70 % entre 1999 et 2001. Il est néanmoins en recul cette année. Globalement les peintures de Mimmo PALADINO atteignent désormais une valeur moyenne de 20 000 euros en 2002 contre moins de 10 000 euros en 1997. Ainsi, une huile sur toile Tristi (103 x 116 cm) achetée 10 092 euros en 1996 a été vendue 22 045 euros en 2000, permettant une plus-value de 118 %.

A l’instar des artistes qui le composent, le mouvement de la trans-avant-garde s’exporte : aux Etats-Unis tout d’abord puisque près de la moitié du chiffre d’affaires s’y effectue, mais aussi en France avec 7 % pour le mouvement italien alors que celle-ci ne réalise que 4% du chiffre d’affaires global des ventes d’art contemporain. L’appartenance italienne de ce courant est malgré tout fortement marquée, avec 17 % du chiffre d’affaires réalisé en Italie contre 2% pour l’ensemble du marché de l’art contemporain. Cette part importante du marché de la trans-avant-garde réalisée aux Etats-Unis trouve sans aucun doute une explication dans l’exil outre-atlantique des membres du mouvement. Sandro Chia est parti aux Etats-Unis dès 1981 et continue de vivre entre New York et Ronciglione en Italie. Paladino est parti découvrir New York dès la fin des années 1970. Clemente lui aussi, est installé à New York depuis 1982. Prochainement, Rome accueillera une importante vente organisée par Christie’s le 18 décembre. 6 œuvres de la Transavanguardia seront proposées à tous niveaux de prix. Il faudra compter 30 000 – 40 000 euros pour Prime luci dell’alba de Mimo Paladino et 1 000 à 1 500 euros pour Scopritore del fuoco a 27 anni, une encre d’Enzo Cucchi.