La sculpture moderne au top

[06/12/2007]

 

Sur la période moderne, la sculpture progresse plus vite que la peinture. Sa cote est au plus haut en 2007, son indice des prix a grimpé de 100 % sur 15 ans !

Sans surprise, Pablo PICASSO, le plus coté des peintres est aussi le plus cher en trois dimensions. Dopé aux enchères millionnaires, il tenait encore l’affiche des ventes new-yorkaises en novembre dernier avec une Tête de Femme, Dora Maar en bronze de 1941 jamais paru sur le marché. Dora Maar, compagne et muse de l’artiste, est devenue la femme la plus convoitée de l’art moderne depuis l’enchère de 26 millions de dollars enregistrée chez Sotheby’s.
Pour la première fois, une sculpture de Picasso partait pour plus de 10 millions de dollars et déclassait celui qui fut son complice et son rival, Henri MATISSE. En effet, avant les vacations de l’automne dernier, Matisse culminait à 12,75 millions de dollars avec La serpentine – La femme à la Stèle – L’araignée adjugée chez Sotheby’s NY en mai 2000.

Outre Matisse, Constantin BRANCUSI et Alberto GIACOMETTI peuvent détrôner un jour la Dora Maar de Picasso.
Le palmarès de Giacometti est impressionnant : il collectionne 64 adjudications millionnaires dont quatre se comptent en dizaine de millions, mais n’a jamais franchi le cap des 20 millions de dollars. Il culmine à 16,5 millions de dollars, pour son Homme qui chavire, un bronze dont il existe six épreuves (Christie’s NY, mai 2007).

Constantin Brancusi par contre, a décroché plus de 20 millions de dollars pour un Oiseau dans l’espace en marbre estimé entre 8 millions et 12 millions de dollars qui s’envolait à 24,5 millions de dollars en mai 2005 (Christie’s NY). L’œuvre réunissait deux qualités indispensables pour pulvériser sa fourchette d’estimation : elle est emblématique de son travail, puisque l’artiste s’est consacré au thème de l’oiseau pendant plus de quarante ans, et elle est unique face au nombreuses variantes en bronze qu’on lui connaît.

Le critère de rareté est en effet primordial dans le domaine de la sculpture et les œuvres uniques très disputées : chez Amedeo MODIGLIANI par exemple, une Tête de femme en pierre s’arrachait à 1,3 millions de livres sterling l’hiver dernier (2,55 millions de dollars, Sotheby’s, fev. 2007) tandis que la majorité de ses bronzes, tirés à plusieurs exemplaires, sont accessibles entre 30 000 et 80 000 dollars.

Face à ces avalanches millionnaires, on retrouve des artistes sous influence cubiste comme Henri LAURENS, Julio GONZALEZ, Alexander ARCHIPENKO et Jacques LIPCHITZ dont la cote est plus mesurée et les records oscillent entre 1 million et 3 millions de dollars.
Les enchères plus modérées de ces artistes ne passent pas sous silence la progression exceptionnelle de Julio Gonzalez, dont Picasso admirait l’inventivité des sculptures en fer : son indice des prix est en hausse de près de 350% sur les dix dernières années.

Un autre adepte du métal, Pablo GARGALLO n’a jamais atteint le million mais a signé son record en octobre dernier lors de la dispersion de la collection Alice Tériade à Paris (Arcurial). Annoncé en couverture de catalogue, le Masque d’Arlequin souriant III est une pièce unique qui doublait son estimation optimiste pour partir à 400 000 euros (plus de 570 000 dollars). Avant ce coup de marteau, ses plus belles enchères naviguaient entre 100 000 et 200 000 euros.

En-deça de 10 000 dollars, l’amateur peut jeter son dévolu sur un Relief No.1 d’Henry MOORE d’à peine 13 cm, acquis pour 7 500 dollars en mai dernier (William Doyle, NY) ; de petits bronzes de Jacques LIPCHITZ ou encore des pièces de Salvador DALI, fondues du vivant de l’artiste et tirées de 350 à 1 000 exemplaires.
Des formats modestes, des œuvres de jeunesse, des éditions très larges ou des fontes tardives sont autant de critères qui font chuter les prix.

Pablo Gargallo par exemple, est âgé de 22 ans lorsqu’il sculpte dans l’albâtre une Figura femenina. L’œuvre, loin de la maturité des créations plus tardives, était accessible pour 3 000 euros seulement en décembre 2006 (Ansorena, Madrid).