La prodigieuse expansion de l’art contemporain italien en 2003

[18/09/2003]

 

Si le marché de l’art contemporain régresse à l’échelle mondiale, en Italie il se distingue par une forte progression tant en terme de chiffre d’affaires qu’en nombre de transactions.

Au cours du premier semestre 2003, avec 2,2 millions d’euros générés grâce à 1085 lots, l’Italie pèse désormais 5% de ce segment en valeur et 19,6% en volume.
La part de l’Italie dans le chiffre d’affaires réalisé sur les œuvres des artistes nés après 1940 n’atteignait que 3% au premier semestre 2002 et 2% au premier semestre 2001. A son firmament, le marché de l’art contemporain avait engendré à l’époque 87 millions d’euros dans le monde, le double de la valeur des échanges actuels. L’Italie n’avait réalisé que 1,7 millions d’euros de produit de ventes. Comment parvient-elle à progresser quand tous ses concurrents subissent la crise ?

Poids de l’Italie dans le marché de l’art contemporain (1997 – 2003) En fonction du chiffre d’affaires réalisé semestriellement

Tout d’abord la péninsule est stimulée par une forte montée des mouvements artistiques nationaux. Qu’ils soient assimilés à l’Arte Povera ou à la Transavanguardia, une majorité d’artistes contemporains italiens connaissent de fortes hausses de leur cote. Ainsi, la Transavanguardia jouit d’une augmentation des prix de 54% entre le 1er janvier 2001 et le 1er septembre 2003 ! Si Francesco CLEMENTE reste le plus coté du mouvement, Mimmo PALADINO, Sandro CHIA et Enzo CUCCHI voient leur cote fortement appréciée (voir ArtMarketInsight du 9 décembre 2002).
Jouissant d’une hausse spectaculaire des prix de 697% entre 1997 et 2002 pour ses dessins et de 312% pour ses tapisseries, Alighiero BOETTI est aujourd’hui l’un des italiens plus prisé. Cet artiste de l’Arte Povera a établi un nouveau record avec une tapisserie intitulée «A tempo in tempo col tempo» (1983) : 443 800 euros. Rattaché aussi à l’Arte Povera, les prix des œuvres de Giulio PAOLINI ont progressé de 114% depuis 1999 !
Mais le plus cher de tous reste sans conteste le jeune et sulfureux Maurizio CATTELAN. Après le succès de La Nona Ora (800 000 dollars chez Christie’s New-York en mai 2001), l’artiste confirme sa position de leader avec La Ballata di Trotsky, (the Ballad of Trotsky) adjugé 560 000 livres sterling un mois après à Londres. Cependant, aucune des installations de l’artiste mises en vente depuis n’était capable de rivaliser avec ces deux lots d’exception.

Seconde raison de la progression de l’art contemporain en Italie : la hausse de l’activité des auctioneers locaux. Au-delà des artistes qui remplissent les catalogues des plus prestigieuses vacations anglo-saxonnes, les maisons de ventes italiennes font la promotion d’un large éventail de plasticiens nationaux. Parmi les valeurs montantes, on retrouve Mimmo GERMANA, Omar GALLIANI, Ugo NESPOLO, SALVO ou encore Luca ALINARI.
Ni Christie’s, ni Sotheby’s ne mènent la danse en Italie. Les plus importantes maisons de vente dans le domaine de l’art contemporain sont Farsetti et Meeting Art. Certes, elles orchestrent peu de records, elles ? leur important volume de vente leur assure un produit de vente confortable. Si au cours de la première saison de vente 2003, la plus forte enchère réalisée chez Meeting Art n’est que de 14 000 euros une toile de Sandro Chia, la maison de vente est à l’origine des 2/3 des transactions d’art contemporain. Sur les 6 premiers mois de l’année, elle a orchestré pas moins de 17 sessions d’art contemporain, dont 11 entre mai et juin.