La nouvelle avant-garde : 14 talents qui ont bousculé le Marché de l’art
[23/01/2025]Ils sont jeunes et ont captivé les grands collectionneurs, démentant la morosité de 2024. Découvrez les 14 artistes de moins de 40 ans qui ont électrisé le marché de l’art en vendant (très bien) leur toute première œuvre aux enchères.
La semaine dernière, Artprice dévoilait une première sélection des meilleures entrées aux enchères de l’année 2024, révélant les prix très conséquents obtenus pour des maîtres anciens confidentiels et pour des œuvres créées en duo. Braquons cette fois les projecteurs sur la nouvelle génération de talents révélés l’an dernier: 14 artistes de moins de 40 ans, distingués dans le Top 100 des meilleures entrées aux enchères.
Sommaire
Génération Y : Qui sont les nouveaux élus des enchères?
Le rôle déterminant des grandes galeries
Génération Y : Qui sont les nouveaux élus des enchères ?
Maria Kreyn, Daisy Parris, Pol Taburet… Ces noms ne vous disent peut-être rien encore, mais ils incarnent la nouvelle garde de l’art contemporain, fraîchement débarquée sur le marché des enchères en 2024.
Venus des quatre coins du monde – États-Unis, France, Chine, Corée ou encore Arabie Saoudite – ces artistes de moins de 40 ans ont un point commun : ils ont tous franchi une étape majeure l’an dernier en vendant leur toute première œuvre aux enchères. Et pas pour des sommes modestes ! Leurs créations ont atteint des prix à cinq ou six chiffres, malgré le ralentissement du marché de l’art ultra-contemporain.
Ils sont 14 artistes dans la vingtaine ou la trentaine dans le Top 100 des meilleures entrées aux enchères mondiales de 2024. Et un fait marquant émerge : la moitié de ces nouveaux talents sont des femmes ou des artistes non binaires comme Daisy Parris. Une évolution qui bouscule les codes d’un marché historiquement dominé par les hommes, confirmant que l’art ultra-contemporain redessine les contours de la scène artistique mondiale.
Les artistes de -40 ans dans le Top 100 des meilleures entrées aux enchères (2024)
La plus jeune de cette nouvelle génération, Sasha GORDON (1998), 26 ans, a fait une entrée fracassante sur le second marché. Sa toile Gone Fishing (2019) a été adjugée 214 200 $ le 21 novembre 2024 chez Christie’s, bien au-delà des attentes. Cette œuvre avait d’abord transité par les mains de Matthew Brown, jeune marchand prodige de Los Angeles, à peine plus âgé que Sasha. Installé en face de la célèbre galerie Jeffrey Deitch, Matthew Brown est déjà une figure incontournable de la scène artistique californienne.
Un autre acteur clé éclaire le succès fulgurant de Sasha Gordon : David Zwirner. Deux mois avant la vente chez Christie’s, l’artiste rejoignait la prestigieuse galerie de ce géant du marché.
Le rôle déterminant des grandes galeries
Ces artistes ne surgissent pas de nulle part. La plupart des étoiles montantes du Top 100 – à l’exception notable des artistes digitaux Tony TAFURO (1989), BERKIN BAGS (1998), et du sculpteur Rufus Martin – bénéficient du soutien de galeries influentes. Malgré leur jeune âge, beaucoup ont déjà intégré des collections institutionnelles de renom et exposé lors des plus grands salons d’art internationaux. Ce parcours fulgurant rassure les collectionneurs avertis, prêts à investir massivement pour figurer parmi les premiers acheteurs aux enchères.
Reprenons l’exemple de Sasha Gordon. La plus jeune artiste de l’écurie David Zwirner continue parallèlement sa collaboration avec Matthew Brown, prouvant que ces alliances stratégiques entre galeries établies et émergentes renforcent la visibilité des jeunes talents. D’autres figures du classement bénéficient d’un soutien similaire, avec des galeries mastodontes comme Gagosian, White Cube ou Thaddaeus Ropac.
Le CV, clé de la montée en flèche
L’entrée d’un artiste dans ces structures prestigieuses a un effet levier immédiat sur leurs prix. Prenons l’exemple d’Eva Helene PADE (1997), artiste d’origine danoise. Sa toile A Story To Be Told #14 a été vendue 123 400 $ chez Sotheby’s Hong Kong en novembre 2024, presque le double de l’estimation haute. Cette flambée a suivi l’annonce de son intégration dans la puissante galerie Thaddaeus Ropac, un mois avant la vente.
Autre exemple marquant : Alia AHMAD (1996), artiste saoudienne. Après deux expositions remarquées en 2023 chez Massimo de Carlo à Paris et Michael Kohn Gallery à Los Angeles, elle a exposé en 2024 dans l’antenne parisienne de la White Cube. Parallèlement, sa toile Malga – The Place In Which We Gather (2022) s’est envolée à 130 000 $ chez Phillips à Londres, bien au-delà de son estimation haute de 38 000 $.
Enfin, des artistes comme Joseph Yaeger et Daisy Parris brillent également grâce à des soutiens de premier ordre. Joseph Yaeger a récemment exposé chez Hauser & Wirth et participé à des expositions collectives à la Lisson Gallery à Londres, K11 à Shanghai et Hannah Hoffman à Los Angeles.
Air Chrysalis (2021), Huile/toile, 170 x 187 cm
Estimation: 76 046 $ – 103 699 $, Cuppar, Pékin, 16/11/2024
L’artiste chinoise Li Heidi illustre à merveille cette nouvelle génération prometteuse. À seulement 27 ans, elle affiche déjà un CV impressionnant : sa toile adjugée 155 000 $ chez Phillips Hong Kong en novembre 2024 arrive après sa participation à des expositions collectives prestigieuses, notamment à la Gagosian Gallery à Hong Kong (2023), au Centre of International Contemporary Art à Vancouver (2023), ainsi qu’à la X Museum Triennial de Pékin (2023). Ses œuvres figurent déjà dans les collections de musées majeurs comme l’Institute of Contemporary Art de Miami et le Long Museum de Shanghai.
La peinture, toujours reine
L’appui des grandes galeries reste un levier décisif pour propulser un jeune artiste sur le marché des enchères. Mais un autre facteur clé persiste : la précieuse domination de la peinture. Qu’elle soit figurative, abstraite ou hybride, cette catégorie reste la favorite des collectionneurs. D’ailleurs, dans tous les segments – qu’il s’agisse d’art ancien, moderne, contemporain ou ultra-contemporain – les œuvres peintes décrochent systématiquement les records, à de rares exceptions près.
Les exceptions digitales
Malgré cette prédominance de la peinture, quelques exceptions notables méritent d’être soulignées, notamment dans le domaine des œuvres digitales. En 2024, deux NFT ont brisé les règles établies : l’un de Tony Tafuro a été vendu 441 000 $ en avril chez Christie’s, tandis qu’une création digitale de Berkin Bags a atteint 88 200 $ lors de la même session. Contrairement aux peintres émergents, ces artistes numériques parviennent à créer une demande sans le soutien des galeries mastodontes.
Le véritable défi pour eux – comme pour leurs homologues peintres – sera d’assurer la pérennité de leur cote. Consolider leurs prix et s’imposer durablement sur un marché en constante évolution reste une épreuve majeure, d’autant plus difficile à passer que les premiers résultats aux enchères s’avèrent si élevés…
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