La flambée des artistes italiens

[21/04/2015]

 

La société de ventes Christie’s s’apprête à donner une vacation d’art moderne et contemporain à Milan, une vente en 88 lots reflétant quelques tendances à la hausse pour un choix d’artistes italiens.

Entre Londres, Paris et Milan, certains oubliés de l’art contemporain italien refont surface depuis quelques années. Il faut dire que l’art d’après-guerre italien a marqué toute l’avant-garde européenne et américaine, via une logique de table rase et l’affirmation sans concession du monochrome. Les monochromes en pigments purs du français Yves KLEIN influencent dans un premier temps Piero MANZONI (qui découvre son travail en 1957 à la Galerie Apollinaire de Milan) et Lucio FONTANA, les deux contemporains italiens les mieux reconnus à l’échelle internationale et parmi les plus cotés de leur génération. A la fin des années 80′, alors que les monochromes de Piero Manzoni se vendent entre 40 000 et 80 000 $ sur le marché des enchères et que certains Concetto Spaziale de Fontana passent allègrement les 100 000 $, les monochromes à la surface modulée d’Agostino BONALUMI (1935-2013) valent moins de 10 000 $. Ce fossé immense tient au rayonnement international des deux premiers déjà demandés en-dehors de leurs frontières et bien vendus à Londres, face au marché très local de Bonalumi qui fait pourtant partie intégrante de ce mouvement autour de l’expérimentation du monochrome. Il fréquente Lucio Fontana, Piero Manzoni et Enrico CASTELLANI, varie les techniques pour façonner son support (il soulève la toile, la froisse, fixe des morceaux de bois et de métaux derrière la toile pour créer des zones en relief) et décroche une exposition personnelle à la Biennale de Venise en 1970. Or, le marché international ayant déjà élus ses rois, il aura fallu s’armer de patience pour voir émerger de nouvelles signatures.

Aujourd’hui, les prix atteints pour une belle pièce de Fontana ou de Manzoni s’avèrent très importants. Les meilleures passent les 10 millions de dollars, avec un point culminant à plus de 20 m$ pour ces deux artistes, suite à des ventes réalisées respectivement en 2013 pour le premier (Fontana, Concetto Spaciale, La Fine de Dio, 20,8 m$ frais inclus, Christie’s New York, novembre 2013) et à l’automne 2014 pour le second (Manzoni, Achrome, 20,2 m$ frais inclus, Sotheby’s Londres, octobre 2014). Les prix ont flambé ces dix dernières années : de +150% pour Manzoni et +260% pour Fontana.
De fait, le marché s’agite pour les autres représentants moins célèbres de cette avant-garde italienne : Enrico Castellani – qui fut membre du réseau ZÉRO avec Piero Manzoni et fondateur de la revue Azimuth – a encore doublé son record l’an dernier, passant de 2,4 m$ à 5,2 m$ (nouveau record pour Superficie Bianca acheté l’équivalent de 6 m$, Sotheby’s Londres, le 17 octobre 2014). Le jour même, Sotheby’s signait aussi les nouveaux sommets de l’artiste Agostino Bonalumi, équivalent au million de dollars avec les frais (Bianco) et de Turi SIMETI (Bianco, 311 000 $ frais inclus)… Ce n’est pas tout, en février 2015, Paolo SCHEGGI (1940-1971) décrochait son premier million lors d’une vente de Christie’s Londres. L’envolée fut impressionnante, avec un coup de marteau final équivalent à 1,4 m$, au triple de l’estimation haute (Intersuperficie curva bianca, 1,79 m$ frais inclus).

Ces artistes sont annoncés pour la prochaine vente milanaise de Christie’s, qui se tiendra les 28 et 29 avril 2015. Parmi d’autres incontournables italiens, dont Aligherro Boetti et Michelangelo Pistoletto, cette vente prendra aussi la température du marché de Giulio PAOLINI, Fausto MELOTTI et Gianfranco BARUCHELLO, tous auréolés de nouveaux records d’enchères en 2015. La cession milanaise de Sotheby’s aura lieu quant à elle un mois plus tard, les 21 et 21 mai 2015.