La dévalorisation du billet vert à la rescousse du marché américain

[15/12/2003]

 

Le dollar a perdu 17% de sa valeur face à l’euro depuis décembre 2002. Sur la même période, il s’est déprécié de 8,6% par rapport à la livre sterling. L’origine probable de l’affaiblissement du dollar : l’aggravation continue des déficits de la balance des paiements américaine. Ses effets sur le marché américain : stimuler les exportations et freiner les importations. Le développement du marché de l’art international et le montant des transactions sont étroitement liés aux taux de change.

Indice des prix et taux de change (1999-2003)

Indéniablement, la baisse de la devise américaine est un catalyseur des ventes new-yorkaises et un frein aux transactions européennes. La baisse du billet vert améliore considérablement la compétitivité des Etats-Unis. Il ne serait alors pas surprenant de voir les collectionneurs américains se concentrer sur les ventes new-yorkaises, rendues plus attractives, aux dépens des principales places européennes.

Suite à l’appréciation de l’euro, les œuvres issues des collections européennes susceptibles d’alimenter le marché américains coûtent aujourd’hui plus cher pour un acheteur new-yorkais. A cela s’ajoute les frais d’assurance devenus exorbitants. Autant de facteurs défavorables au transfert d’œuvres d’art vers les Etats-Unis.
Le marché semble désormais déstabilisé et fonctionner à deux vitesses, d’autant que pour la zone euro, la croissance économique demeure encore médiocre. Il suffit de comparer les indices des prix calculés en euros, à ceux dont le dollar est la monnaie de référence. L’Artprice Index EUR de la peinture a augmenté de 4,8% entre novembre 2002 et fin novembre 2003. Le même indice mesuré en dollars implique une hausse des prix de presque 12% ! Les récents records de novembre ne seraient-ils pas les signes avant-coureurs d’un repli des Américains sur les ventes exclusivement new-yorkaises.

Un dollar plus faible devrait faire grimper les prix aux Etats-Unis, mais cette tendance inflationniste ne devrait pas se propager en Europe. La hausse vertigineuse des prix au mois de novembre (près de 3%) s’explique d’abord par un marché traditionnellement concentré à New-York, particulièrement euphorique cette année. Cumulée à l’appréciation du dollars, l’indice des prix des peintures en dollars n’a jamais été aussi élevé depuis plus de 10 ans. Le même indice pour la zone Euro indique un niveau de prix des œuvres d’art légèrement inférieur à celui atteint en mai 2002, à l’issue de l’euphorie qui avait gagné les collectionneurs après les bons résultats obtenus à New-York. Mais à l’époque, la parité Euro/dollar était respectée et les bons résultats obtenus dans un pays pouvaient se propager à l’ensemble du marché.

Les maisons de ventes américaines peuvent effectivement savourer le dollar faible. Si cette tendance se maintient, elles auront tout intérêt à déplacer davantage le marché à New-York. Alors que le marché se déplaçait en 2001/2002 vers le vieux continent, on risque de voir le mouvement totalement s’inverser dans les prochains mois.