La cote du dessin contemporain

[22/03/2009]

 

Le regain d’intérêt pour le dessin contemporain s’est manifesté à New-York, au début de ce millénaire, avant de gagner les autres capitales culturelles. En 2002, le MOMA orchestrait en effet Drawing Now : Eight Propositions, une exposition d’envergure rassemblant près de 300 dessins contemporains sous 26 signatures européennes, asiatiques et américaines.

La création des années 90 et 2000 étaient mises à l’honneur avec des artistes tels que David THORPE, Paul NOBLE, Toba KHEDOORI, Kara WALKER, Yoshitomo NARA, Elizabeth PEYTON, Ugo RONDINONE ou Chris OFILI. Depuis, les foires d’art dédiées au dessin se sont multipliées. Plusieurs rendez-vous se concentrent sur le premier semestre de l’année : après la Watercolours & Drawings Fair de Londres (4-8 Fev. 2009), New-York accueillait la Works On Paper Fair (27 fevr.- 2 mars 2009), suivie par la troisième édition du Salon du Dessin Contemporain de Paris (26-29 mars 2009).

A l’échelle mondiale, on constate un engouement de plus en plus manifeste pour la période contemporaine en salles des ventes. De plus en plus abondante, l’offre est soutenue par une demande robuste et des prix en progression. En 2006, les diverses vacations mondiales de l’année enregistraient près de 3 300 ventes de dessins, puis 4 000 en 2008 avec des enchères de plus en plus appuyées. En effet, bien que les trois quarts des dessins contemporains soient adjugés moins de 10 000 $, tant en 2006 qu’en 2008, on constate que le nombre d’enchères à plus de 100 000 $ a triplé entre ces deux années, passant de 31 à 93.

Les 15 adjudications de tête signées en 2008 naviguent entre 210 000 $ et 2 millions de dollars et neuf d’entre elles furent emportées par des artistes chinois et japonais. Logiquement, les artistes contemporains asiatiques les plus spéculatifs du nouveau millénaire ont vu la cote de leurs dessins s’envoler, parallèlement à la hausse des prix de leurs toiles. La plus belle enchère 2008 fut signée par CAI Guoqiang, artiste explosif qui dirigea les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Le 4 octobre 2008, Sotheby’s Hong-Kong présentait une large fresque de l’artiste, à l’encre et à la poudre de canon (230 x 620 cm) intitulée Man, Eagle and Eye in the Sky : People. Partie pour près de 2 millions de dollars, l’œuvre ne signait pas pour autant son record absolu qui culmine à 8,4 millions de dollars, pour une série de 14 dessins dispersée en 2007 par l’antenne chinoise de Christie’s.

Après CAI Guoqiang, les plus belles adjudications de 2008 furent signées par l’incontournable Jean-Michel BASQUIAT, YOU Jindong, Takashi MURAKAMI, Keith HARING, Robert LONGO, LI Huayi, XU Bing, Violette BANKS et Damien HIRST.
Dans ce peloton de tête, la plus jeune artiste est Violette BANKS. A 36 ans, elle accumule déjà les expositions collectives et individuelles, notamment à la Saatchi Gallery en 2007 dans le cadre de l’exposition USA Today. Proposée la première fois en salle de ventes par Phillips de Pury & Company en 2006, dont les catalogues d’art contemporain sont souvent avant-gardistes, son dessin Upside down Confederate Flag partait pour 27 000 $. L’année suivante, le poétique Burnout doublait son estimation chez Christie’s pour une enchère gagnante de 160 000 $ ! Nul doute que le pedigree Saatchi, dont l’exposition avait commencé un mois plus tôt, eut un effet bénéfique sur sa cote. En 2008, Phillips de Pury & Company prit sa revanche sur Sotheby’s en enregistrant une enchère record de 170 000 £, soit près de 340 000 $, pour Burnout (Fadeway), un large travail au fusain d’un mètre et demi, frappé à Londres le 28 juin. Les nouvelles générations de dessinateurs se mesurent désormais aux valeurs sûres de l’art contemporain.