La collection Taubman

[13/10/2015]

 

Avant leur mise en vente à New York, les oeuvres de la collection Alfred Taubman sont exposées sur les places de marchés les plus importantes. Les équipes de Sotheby’s vantant les mérites de chaque chef-d’oeuvre aux plus puissants collectionneurs de Hong Kong et Londres, sont conscients de préparer une vente historique, car la collection Taubman est l’une des plus belles collections privées américaines.

Qui était Alfred Taubman et de quelle nature est sa collection ?

Alfred Taubman est décédé le 17 avril 2015 à l’âge de 91 ans. Il fut peut-être plus connu en tant que président de Sotheby’s qu’en tant que collectionneur milliardaire. Pourtant, la qualité des œuvres qu’il a rassemblé pendant 50 ans égale l’exigence des plus grands musées. L’histoire raconte que Monsieur Taubman commença à acheter ses premières œuvres dans les années 1950′ avec un prêt de 5 000 $. Il acheta ensuite auprès des grands marchands de l’époque comme Leo Castelli, ainsi qu’en salles de ventes, et fit fortune en ouvrant des centres commerciaux aux Etats-Unis. Il acheta Sotheby’s en 1983 puis en devint le président. Au fil des années, Monsieur Taubman s’est constitué l’une des plus belles et des plus complètes collection particulière d’art connue : antiquités, maîtres anciens, art impressionniste et moderne, art américain, art contemporain… une manne dispersée entre début novembre 2015 et fin janvier 2016, au cours de quatre ventes de prestige orchestrer par Sotheby’s. L’estimation globale des œuvres à vendre aux enchères, environ 500, se situe entre 500 et 700 m$. Si le résultat est atteint, Sotheby’s sera parvenue à disperser la plus importante collection particulière du monde, loin devant la collection Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, qui était annoncée comme La vente du siècle en 2009.

Sotheby’s ouvre les enchères de cette collection le 4 novembre 2015 sous le titre Masterworks (chefs-d’oeuvre), avec 70 lots, sont les noms prestigieux de Picasso, Miró, Modigliani, Degas, Matisse et Toulouse-Lautrec. Les estimations les plus conséquentes sont affichées pour Femme Assise sur une Chaise (1938) de Pablo PICASSO, pour Untitled XXI (1976) de Willem DE KOONING et pour le Portrait de Paulette Jourdain (1919) d’Amedeo MODIGLIANI. Chacune de ces trois toiles est attendue entre 25 et 35 m$. A signaler encore : l’un des plus beaux nus de Degas qui était encore en mains privés, Femme nue, de dos, se coiffant (Femme se peignant), est estimé entre 15 et 20 m$ et, parmi les 24 œuvres sur papier d’Egon SCHIELE issues de la même collection, Sotheby’s met en avant un couple enlacé (Freundin, Rosa-Blau, 1913) estimé, sans trop de gourmandise, entre 2,5 et 3,5 m$.

Le produit de cette vacation, qui sera utilisé pour régler les frais de succession et financer la Fondation A. Alfred Taubman, va lancer les deux grandes semaines de ventes aux enchères semestrielles à New York. Les ventes Impressionnistes et modernes, d’après-guerre et contemporaines de Sotheby’s, Christie’s et Phillips constituent le meilleur test pour déterminer si les troubles financiers (notamment en Chine) ont un impact sur le marché de l’art.

Christie’s vs Sotheby’s : la bataille des Modigliani

Le Portrait de Paulette Jourdain (1919) d’Amedeo MODIGLIANI issu de la collection Taubman fait sa première apparition aux enchères par le biais de Sotheby’s. Alfred Taubman l’avait acheté en 1983 à la galerie Acquavella. Cette œuvre, attendue autour de 30 m$, s’apprête à intégrer le Top 5 des meilleurs enchères de l’artiste. Cependant, Christie’s affiche mieux encore, avec l’un des plus célèbre de de Modigliani, le Nu couché (Reclining Nude) de 1917-18, à son catalogue du 9 novembre. Ce bijou moderne pourrait passer les 100 millions de dollars et signer le nouveau record mondial de l’artiste, qui culmine à 70,7 m$ frais inclus depuis la vente de la sculpture en pierre La Tête (1911-1912), en novembre 2014 (Sotheby’s New York. La Tête devenait alors la troisième sculpture la plus chère du monde).

Cette peinture est tout simplement l’une des plus importante toile de l’époque moderne. Elle fait partie d’une série de grands nus féminins réalisés pour Léopold Zborowski, qui causa scandale il y a près d’un siècle lors de son exposition à la Galerie Berthe Weill à Paris. Cette formidable synthèse du Modernisme français et du Maniérisme italien est la pièce maîtresse de ces ventes d’automne.