L’Ecole de Londres

[19/06/2006]

 

En 1976, la figuration britannique voyait le jour lors de l’exposition organisée par R. B. Kitaj, The Human Clay. Se réunissant dans le quartier de Soho à Londres, au Colony Room, Lucian Freud (né en 1922) et Francis Bacon (1909-1992) accompagnés de Frank Auerbach (1931), Leon Kossof (1926), Michael Andrews (1928-1995), et Ronald Brooks Kitaj (1932) ont apporté une alternative à la peinture d’après-guerre qui se voulait principalement abstraite.L’Ecole de Londres, en opposition au mouvement abstrait et à la prédominance de la couleur en peinture, revendique une peinture « réaliste » qui veut dépasser les apparences afin de dévoiler la vérité du sujet. Cette peinture se veut provocatrice par l’intérêt qu’elle porte aux sujets souvent dénudés d’esthétique et aux attitudes crues.

La cote des artistes phares de l’Ecole de Londres a décuplé en 10 ans. Cet engouement est particulièrement vif pour les leaders de ce mouvement, Lucian Freud (né en 1922) et Francis Bacon (1909-1992).

Depuis une importante rétrospective de son travail à la Tate Britain en 2002, la cote de Lucian Freud a encore doublé. Fruit de cette envolée, Red Haired Man on a Chair (1962-63) s’est arraché 3,7 millions de £ (6,8 millions d’€) le 9 février 2005 chez Christie’s, établissant ainsi la plus forte adjudication de cet artiste. Même ses petits formats se vendent facilement à des prix jamais atteints. Une huile de dimension 30x25cm intitulée Portrait of John Deakin de 1963 présentée chez Sotheby’s le 21 juin 2006 est proposée désormais à 1,5 –2 millions de £. Cette même toile avait été vendue chez Christie’s 810 000 £ le 25 juin 1997, pour une estimation de 200 000- 300 000 £. Lucian Freud se hisse déjà au top 10 des meilleures ventes de l’année.

Francis Bacon reste le plus coté du groupe. En mai 2005, il a signé un nouveau record de 9 millions de $ chez Sotheby’s avec Study for a Pope I (1961). Depuis le début de l’année, sa cote a été appréciée de +53% et les enchères millionnaires se sont multipliées : 2,3 millions de £ (3,4 millions d’€) pour Two Figures at a Window (1953) chez Sotheby’s Londres le 09 février 2006 et 4,6 millions de £ (6,7 millions d’€) pour Study from Portrait of Pope Innocent X by Velazquez la veille chez Christie’s. L’amateur peut toutefois trouver aux enchères un large choix d’estampes bien plus accessibles ! 80% d’entre elles sont adjugées entre 2 000 et 5 000 €. Par contre, ses dessins bien que peu cotés sont rarissimes : sur 15 ans, seules 3 feuilles sont passées en ventes. Le dernier apparu en salle, en 2004, n’a été dispersé que 900 £.

Au delà des deux grandes figures du mouvement, Frank Auerbach, Leon Kossof, Michael Andrews, et Ronald Brooks Kitaj ont vu leur cote grimper ces derniers mois. Les prix des œuvres de Frank Auerbach sont aujourd’hui supérieurs de +62% par rapport à 2005. Parmi les belles surprises de l’année, E.O.W Head on her Pillow a atteint 190,000 £ (276 000 €), triplant son estimation, chez Christie’s South Kensington le 10 février 2006. Même les moins renommés du groupe, tels Leon Kossof, Michael Andrews et Ronald Brooks Kitaj suivent le mouvement haussier. Il faudra compter entre environ 4 000 – 6 000 € pour un dessin de Leon Kossof et autour de 50 000 € pour une toile grand format de Kitaj. Le 8 février dernier, une huile de Michael Andrews, Study of a Head for Lights (1968), a atteint 150 000 £ (218 910 €), soit plus du double de son estimation haute établie par Christie’s.

En France, le marché des artistes de l’Ecole de Londres reste toutefois limité aux pièces de moindre importance et aux multiples. Ainsi il faut revenir à 1994 pour retrouver une toile de Francis Bacon dispersée dans une salle des ventes françaises. A l’époque, Crouching Nude, une peinture de 2 mètres de haut non signée s’est vendue que 2,1 millions de francs (320 000 €) chez De Quay-Lombrail.