L’Art contemporain indien

[23/04/2007]

 

L’art contemporain indien est l’un des segments les plus porteurs avec une progression de plus de 480% sur 10 ans !
L’art contemporain indien commence à acquérir ses lettres de noblesse et se hisse déjà comme l’un des segments les plus spéculatifs du marché. Selon le classement des mouvements les plus porteurs établi par Artprice en mars 2007, il est classé en quatrième position, juste après le Pop art anglais.

La hausse la plus spectaculaire est signée par Francis Newton Souza dont la cote a explosé en 10 ans : 100 € investis en 1997 dans l’une de ses œuvres valaient en moyenne 7 227 € en février 2007 ! Les maisons de ventes anglo-saxonnes le soutiennent en réalisant près de 90% du produit des ventes contre 6% en Inde. En septembre 2006, Christie’s dispersait à New York la toile Man and Woman de Souza qui décrochait 1,2 million de dollars (plus de 945 000 €) contre une estimation de 300 000 – 500 000 $. Dans une fourchette de prix de 4 000 à 5 000 €, l’amateur peut espérer emporter un dessin au crayon… ce type de travaux étaient abordables pour une cinquantaine d’euros il y a 10 ans à l’instar du Reclining Nude vendu le 04 juil. 1996 chez Bonhams Chelsea à Londres pour 40 £, soit environ 49 €…

Quant aux dessins au fusain de Tyeb Mehta ils changeaient de main pour moins de 1 000 € en 1995, et partaient entre 35 000 et 40 000 € en 2006. En 2005, Mehta signait son premier record millionnaire chez Christie’s NY avec «Mahisasura», une acrylique représentant une déesse indienne terrassant un démon à tête de buffle, adjugée 1,4 million de dollars. La même année, Subodh Gupta faisait sa première apparition en vente publique. Bien que l’on ne compte que 15 œuvres de Gupta dispersées aux enchères, 4 d’entre elles furent adjugées plus de 100 000 $ en 2006! Un succès tel que sa sculpture proposée le 26 février dernier doublait son estimation pour s’envoler à 400 000 $ (plus de 300 000 €, Christie’s NY). L’œuvre, un empilement de seaux métalliques géants intitulé A giant leap of faith bénéficiait d’un beau pedigree puisqu’elle fut exposée lors de la Fiac 2006 dans le Jardin des tuileries de Paris.

L’engouement s’est aussi manifesté pour Sayed Haider Raza qui a dépassé le million de dollars pour la première fois en mars 2006 avec une œuvre de 1972, Tapovan, qui fut emporté pour 1,3 millions de $ (Sotheby’s NY). C’est une maison de ventes française, Declerck, qui dispersait la première œuvre de l’artiste il y a 20 ans. Intitulée Les Pavés noirs, l’huile se vendait pour l’équivalent de 122 € (07 déc. 1986). L’œuvre fut à nouveau soumise aux enchères en 2005 et acquise pour un peu plus de 19 000 € chez Cornette de Saint-Cyr. Aujourd’hui, 36% des œuvres de Raza sont dispersées sur l’hexagone où il a reçu sa première formation artistique au début des années 50.

Face à une demande grandissante, les auctioneers organisent des ventes spécialisées comme le 22 mars 2007, où la maison Sotheby’s orchestrait une vente d’art indien à New-York qui a totalisé plus de 15 millions de dollars en 172 lots (la veille Christie’s dégageait près de 8,5 millions de dollars pour sa vente d’art indien). Quelques dessins restaient abordables tels que la gouache de Krishnaji Howlaji Ara qui partait pour 6 000 $ (environ 4 500 €) où l’encre de Nasreen Mohamedi, qui trouvait preneur pour 2 000 $ (environ 1 500 €). Précisons que Nasreen Mohamedi n’est pas encore familier du monde des enchères puisqu’il s’agissait de sa troisième œuvre soumise au marteau.