L’année du marché de l’art en France – Bilan 2011

[27/12/2011]

 

Après l’analyse de l’Art Market Confidence Index en 2011 et précédant une synthèse sur le marché de l’art global, Artprice poursuit ses bilans annuels en faisant le point sur une année d’enchères en France.

Bien qu’il soit encore un peu tôt pour crier victoire, l’année 2011, particulièrement prolifique pour le marché des enchères, s’annonce comme la meilleure performance de tous les temps pour le segment Fine Art.
En France, la situation est cependant plus mitigée : loin de renouer avec les performances spectaculaires de 2009 (produit de ventes de 671 m$ grâce notamment aux 264,9 millions de dollars de la vente Yves St Laurent & Pierre Bergé), ou avec les excellents résultats de 2007 et 2008 (plus de 607m$ en 2007 puis 525m$ l’année suivante en partie grâce à la conversion euro/dollar), les chiffres de 2010 sont d’ores et déjà éclipsés.
A la fin de l’année 2011, le marché de l’art en France devrait afficher une hausse des volumes de l’ordre de 5 à 7%. Bien que cette hausse soit significative, elle ne permettra cependant pas à la France de s’aligner sur les 15% de hausse prévue sur le marché de l’art mondial cette année.

Si la troisième place du podium mondial paraît désormais inaccessible à la place de marché française, celle-ci demeure solidement accrochée à la 4ème place, en tenant entre 4,5 et 5% de part de marché.
Cette part de marché ne cesse cependant de s’éroder face aux autres puissances en compétition… Le marché de l’art français est en berne et son produit de ventes annuel plafonne entre 430 m$ et 607 m$ depuis 2006 (hors ventes YSL). Face à l’incroyable vitalité du marché de l’art mondial (volume de ventes en hausse de +37% entre 2006 et 2010), le marché français affiche une relative apathie (volume de ventes en hausse de +11% seulement).

Le marché haut de gamme
Au cours de l’année 2011, 44 enchères millionnaires (en USD) ont été enregistrées en France, soit 20 de plus que l’année précédente, autant qu’en 2007 et huit de moins qu’en 2009. Ces 44 enchères représentent 2,7 % des enchères millionnaires dans le monde. La Chine en signe en effet 640 de plus que la France, contre 384 de plus aux États-Unis.
Si la France a défrayé la chronique avec quelques enchères records fin 2011, la meilleure enchère de Paris n’arrive cependant qu’à la 94ème position mondiale, derrière des enchères frappées à New York, Londres, Hong Kong, Pékin et Hangzhou!
L’œuvre Nu couché de Nicolas DE STAËL, adjugée au nouveau prix record de 7 m€, se hisse en tête des enchères françaises en 2011. Elle devance une autre œuvre frappée chez Artcurial : le Hafen von Swinemünde (Port de Swinemünde) de Lyonel FEININGER cédée 5 m€ le 29 juin (un résultat cependant loin d’un record à 15,2m€ pour Jesuiten III). Au total, trois des dix plus belles enchères de l’année ont été frappées à l’hôtel Dassault.
Forte de ces records, la maison de vente Artcurial rejoint dans le top 3 du classement des meilleures sociétés de ventes françaises, avec Christie’s (plus de 77m$ de produits de ventes Fine Art, mais – 28 % depuis 2010) et Sotheby’s (plus de 107m$ de produits de ventes Fine Art).
Derrière cet habituel trio, on retrouve, beaucoup plus bas dans le top 10, les maisons de ventes Tajan, Cornette de St Cyr, Aguttes et la nouvelle venue Christophe Joron-Derem Sarl, qui a bénéficié de la vente exceptionnelle de La Promenade d’Argenteuil, un soir d’hiver par Claude MONET, adjugée pour 2,25 m€ au triple de son estimation basse.

Le coeur du marché français : le segment abordable
Mais derrière ces records, le marché de l’art français mérite de plus en plus son surnom de « grenier du marché de l’art », un grenier que l’on aurait déjà cependant bien pillé ! La première maison de ventes franco-françaises (Artcurial) n’arrive qu’à la 14ème place du classement mondial derrière plus de 9 maisons de ventes asiatiques et la seconde (Tajan) se hisse à peine entre la 40ème et 50ème place.
Les maisons de ventes asiatiques se placent si haut grâce à une demande peu avide et fortunée. En effet en Asie, le taux d’invendus oscille cette année autour de 22 % contre 42 % en France, bien loin d’une moyenne mondiale en-deça de 35% en 2011.
La France a d’ailleurs bien du mal à trouver depuis des années, une demande soutenable face à une offre abondante. Son offre abondante se traduit par une segmentation de prix très faible. En effet, il s’échange en France 78 % d’œuvres à moins de 5 000 $, soit quasiment 18 % du total des œuvres vendues sous ce seuil dans le monde. Des 4 pays les plus important du marché de l’art (USA, Royaume-Uni, Chine et France) la France est la seule à avoir un taux d’œuvres abordables (moins de 5 000 $) supérieur à 65 %, alors que la Chine adjuge moins de 30% de ses œuvres sous ce seuil !

C’est dans cette situation française, entre un marché majoritairement abordable et des ventes de prestige quelques jours par an, que la France vient d’adopter la directive services. Cette directive services vise à libéraliser le marchés des ventes volontaires en France, avec pour objectif de rendre sa superbe à un marché encore leader mondial à l’orée des années 60.