L’année du marché de l’art – Bilan 2011

[03/01/2012]

 

Après l’analyse de l’Art Market Confidence Index en 2011 et le bilan des ventes en France, Artprice poursuit ses bilans annuels en faisant le point sur une année d’enchères dans le monde.

L’année 2011 aura été la plus prolifique jamais observée sur le marché de l’art, alors que les marchés financiers ont connu un recul de 1% sur l’année 2011 (référence : S&P 500) avec une chute de 18% entre juillet octobre, le marché de l’art a lui connu une hausse de ses volumes de ventes de 15 % en 2011.
Début 2011, les niveaux des prix des œuvres d’art étaient proches de ceux observés sur le second semestre 2007 (quelques mois avant les niveaux historiques de la fin de l’année 2007) et finissent l’année proche des niveaux de juillet 2008, quelques mois avant la chute vertigineuse qui s’étala de fin 2008 à début 2010 et fit perdre 37% aux prix de l’art.

La spectaculaire émergence de l’Asie, menée par la Chine, amorcée en 2007 et couronnée en 2010, année où la Chine devient alors la première place de marché mondiale, se confirme en 2011. Avec une part de marché avoisinant les 39% sur les chiffres préliminaires, c’est un gain de 6 points par rapport à 2010, et une hausse du produit des ventes en Chine de 32%.
Avec 25% du produit des ventes mondiales, les Etats-Unis arrivent second derrière la Chine. Les USA perdent des parts de marché mondial, mais adjugent en 2011 le même volume de ventes qu’en 2010, soit 2,8 M$.
Le podium est complété par la Grande-Bretagne, avec une part de marché de 20%, elle ne perd pas de place par rapport à 2010 et se rapproche des Etats-Unis puisque son chiffre d’affaires a augmenté de 23% sur les 12 derniers mois.
La Chine croît donc de plus en plus en s’emparant des parts de marché américain, pays qu’elle a déclassé l’année précédente.

Non seulement les volumes de ventes les plus importants sont maintenant échangés en Asie, mais les plus belles enchères commencent également à se frapper à l’est. Avec plus de 684 enchères millionnaires frappées en Chine en 2011, c’est déjà une centaine de plus que les enchères millionnaires adjugées aux Etats-Unis (533). C’est aussi une progression pour la Chine de +36% sur le segment supérieur à 1 m$.
La plus belle enchère de l’année (QI BaishiEagle Standing on Pine Tree; Four-Character Couplet in Seal Script vendue 57 m$) fut d’ailleurs frappée à Pékin. Sur les 100 plus belles enchères de l’année 30 furent frappées entre Hong Kong, Pekin et Hangzhou.
Le segment très haut de gamme des enchères millionnaires réalisait en 2011, en près de 1600 coups de marteau, plus de 51% du chiffre d’affaires mondial. Le marché de l’art en 2011 s’équilibre entre marché haut de gamme, qui assure au marché une forte progression et art abordable, qui consolide un nombre de lots vendus dans le monde en constante progression (70 % des lots se vendent à moins de 5 000 $ dans le monde et représente moins de 5% du produits des ventes) (+11% de lots vendus au total depuis 2008/2009).

Alors que l’Asie et la Chine se taillent la part belle du gâteau du produit des ventes les artistes asiatiques continuent aussi leur belle progression, puisque 10 des 15 artistes les plus cotés sont originaires de Chine. Pour la seconde fois depuis 15 ans, Picasso n’est pas l’artiste le plus coté (en 2007, Andy WARHOL se hissait brièvement en tête du classement Artprice des artistes les plus cotés) et n’arrive qu’à la troisième place derrière ZHANG Daqian et Qi Baishi et ce malgré le fait que les enchères de l’artiste espagnol ont réussi a générer plus de 320 m$ soit son deuxième meilleur total annuel après 2010. Zhang Daqian avec plus de 500 m$ et Qi Baishi avec plus de 445 m$ réussissent chacun à dépasser le plus haut total jamais généré aux enchères pour un artiste (le précédent record appartenant à Pablo PICASSO pour l’année 2010 avec 360 m$.
Pour les artistes vivants, il faut attendre la 6ème place pour voir apparaître un artiste non chinois, puisque les œuvres de Jeff KOONS n’ont cumulé « que » 36 m$ contre plus de 90 m$ pour ZAO Wou-Ki, 57 m$ de ZENG Fanzhi, 51 m$ pour FAN Zeng, 41 m$ pour ZHANG Xiaogang et 39 m$ pour CUI Ruzhuo.

Le marché de l’art offre dans sa totalité une image de résistance épatante face à la crise, alors que 2011 est dores et déjà assurée d’être la meilleure année que le marché de l’art ait jamais connu. Mais c’est surtout l’incroyable croissance chinoise qui permet au marché de soutirer des chiffres aussi flatteurs. Sans la Chine, le marché de l’art en 2011 affiche des résultats 25 % en-dessous de ceux réalisés en 2007.