Keith Haring – L’espace public comme laboratoire

[12/08/2007]

 

A l’aube des années 80, Keith Haring choisit un mode d’expression direct et alternatif, au cœur du tissu urbain. Entre 1980 et 1985, il a réalisé des centaines de dessins dans les rues et les métros new-yorkais, un rythme effréné qui le conduit à créer plus de 40 dessins en l’espace d’une seule journée. Soucieux de toucher un public large, Haring développe un graphisme synthétique, énergique et rythmé nourri de pictogrammes, inspiré de graffitis, de cartoons et de bandes dessinées. Le « style » Haring est rapidement devenu l’un des langages visuels les plus populaires du XXème siècle.

Sa popularité s’étend dans le monde entier et son marché est totalement international. Si près de la moitié de ses œuvres sont adjugées aux Etats-Unis, l´Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas, l´Italie et la Belgique se partagent 47% du volume de transactions.La cote de Keith HARING est au plus haut avec un indice en progression de plus de 120% depuis 2003, année à partir de laquelle les adjudications à plus de 100 000 dollars se sont accélérées. Tandis que 12 œuvres étaient adjugées pour plus de 100 000 dollars entre 2000 et 2003, on compte pas moins de 30 enchères au-delà de ce seuil les trois années suivantes. L’année 2007 s’annonce faste pour ses œuvres avec la première adjudication millionnaire de l’artiste, pour une grande toile de 1982 (365,8×365,8 cm) qui s’envolait à hauteur de 2,5 millions de dollars chez Christie’s NY.

Cette envolée incite quelques collectionneurs à se défaire de leurs œuvres… avec quelques belles plus-values à la clef. Citons par exemple la revente de la toile Sneeze (Via Picasso) : acquise en mai 2000 pour 40 000 dollars chez Christie’s NY, elle déclenchait une belle bataille d’enchères en octobre 2005 pour un coup de marteau final à 155 000 livres sterling, soit près de 275 000 dollars chez Sotheby’s Londres! Citons encore la toile Barcelona de 1989 acquise une première fois en 2002 pour 68 000 livres sterling chez Christie’s Londres puis revendue pour 105 000 livres sterling en février 2007 chez le même auctioneer.On note un engouement similaire pour les dessins : en 1990, au plus fort de la bulle spéculative, un travail monumental à l’encre (plus de 4 mètres) signait une adjudication équivalente à plus de 160 000 dollars chez Loudmer, Paris. Après 14 années sans renouer avec ce sommet, 10 dessins ont dépassé ce seuil entre mai 2004 et mai 2007, dont une enchère spectaculaire en novembre 2006 pour un travail à l’encre sur papier de 1982 qui décrochait 620 000 dollars à New-York! Face à la pléthore de dessins proposés sur le marché, de telles enchères demeurent exceptionnelles : seul le quart de ce travail est adjugé au-delà de 10 000 dollars.

Pour un budget avoisinant les 10 000 dollars, l’amateur peut donc acquérir quelques dessins. Certains, réalisés sur des supports « pauvres » comme la page d’un livre, une affiche ou une boite d’allumettes s’échangent entre 1 000 et 5 000 euros en moyenne, à l’instar d’un dessin à l’encre en guise de dédicace sur un ouvrage qui était accessible pour 1 000 euros en mars 2007 en Belgique (De Vuyst)… Une somme des plus raisonnables pour un travail unique de la main de Haring, sachant que quelques sérigraphies éditées à des dizaines d’exemplaires s’échangent entre 10 000 et 40 000 euros, comme ce fut le cas ces derniers mois pour Growing: One Plate, Andy Mouse ou Statue of Liberty.