Karel Appel – Je peins la sauvagerie de mon époque

[16/07/2007]

 

L’artiste néerlandais Karel APPEL fut cofondateur du groupe Cobra (1948-1951), acronyme de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam, trois villes dont les artistes du groupe sont originaires. Appel a privilégié un art spontané, au graphisme enfantin jusqu’à la fin des années 70. Outre l’exubérance de ses couleurs fortes, il affiche un goût prononcé pour les empâtements de peinture, lutte avec la matière, amasse divers objets trouvés et les intègre dans ses œuvres. Son œuvre est vive, expressionniste, ne cherche pas à séduire mais a exprimer la sauvagerie de son époque.

En dix ans, l’indice des prix de Appel a progressé de +130 % tous médiums confondus, dont une appréciation plus affirmée pour ses dessins ( +163%). Les collectionneurs privilégient des gouaches de la fin des années 40 et des années 50 dont la majorité s’échangent pour moins de 10 000 $. Cependant, la compétition entre acheteurs est de plus en plus rude pour de belles feuilles qui peuvent culminer à plus de 150 000 $. Le dessin le plus cher fut adjugé à Amsterdam en décembre 2006 à hauteur de 120 000 € pour une gouache enlevée représentant une bête (Beest) de 1951, année de la dispersion officielle du groupe Cobra (Sotheby’s). Amsterdam est un épicentre du marché de Appel, dont la moitié des œuvres sont vendues en Europe (Pays-Bas, Belgique, Danemark, Allemagne, France, Suède, etc). Cependant, de belles pièces s’échangent à Londres et à New-York. Son record fut signé à Manhattan pour une toile de 1951 intitulée Women, Children, Animals, dont le graphisme libre déployé sur près de 3 mètres (170×280 cm) a fait grimper les enchères à 680 000 $ en mai 2002 (Christie’s). En juin dernier, une toile de la même année mais plus petite, Cycliste (73x50cm), a largement doublé son estimation optimiste à Amsterdam et changeait de main pour 400 000 €.

Les amateurs privilégient la peinture gestuelle et matiériste des années 50 à son travail plus apaisé des années 80. De fait, la dimension est un critère moins déterminant que la date d’exécution. Par exemple, lors d’une vacation estivale chez Christie’s en 2006, Three Musicians, une œuvre tardive de 1982 fut adjugée 85 000 £ (193×502,9 cm, le 23 juin, Londres), tandis que The Cat, une toile de moindres dimensions (113×145,5 cm ), mais datée de 1955, fit grimper les enchères à 98 000 £.

Comptez aujourd’hui entre 15 000 et 30 000 € en moyenne pour une petite œuvre (une vingtaine de cm) bien datée. 20 ans auparavant, il était possible d’emporter une toile sans titre de 1959, pour 1 800 $ seulement (avril, Sotheby’s, NY).

Appel s’est exercé à la sculpture dès les années 40. Passionné par la technique de l’assemblage, il a mis en œuvre un vocabulaire hétéroclite et poétique aux grès de rencontres entre objets trouvés et couleurs fortes. Le grand public est cependant plus familier de ses sculptures en bois peint dont certaines (éditées à plusieurs exemplaires) sont abordables dans une fourchette de 1 000-2 000 €. Par exemple, une Grenouille de 1977 faisait un heureux le 18 juin dernier pour 1 700 € (Cornette de Saint-Cyr, Paris). A l’instar de son œuvre peint, les pièces des années 40 et 50 sont les plus convoitées : en décembre dernier, une sculpture en bois peint de 1950 représentant l’arbre de vie (De Levensboom) a explosé sa fourchette d’estimation de 70 000 – 90 000 € pour s’envoler à 260 000 € (Christie’s, Amsterdam), signant la plus belle enchère de l’artiste pour une œuvre en trois dimensions.