Joan Miro (1893 – 1983)

[29/03/2004]

 

Une importante exposition est consacrée au Musée National d’Art Moderne (Paris) au travail de Joan Miro antérieur à 1934. Aux enchères, la baisse de l’offre d’œuvres de l’artiste catalan a permis de soutenir les prix jusqu’en 2001. Mais depuis, la demande ne suit plus à son tour, de sorte que depuis 2 ans les prix, toutes catégories confondues, ont baissé de 16%.

Né à Barcelone en 1893, Joan MIRO restera en Espagne jusqu’en 1920, deux ans après sa première exposition personnelle. Il gagne alors Paris et fait plusieurs rencontres marquantes, telles que celles de Michel Leiris, Picasso ou encore André Masson.Au fil du temps, il s’affranchit du réalisme minutieux pour une géométrisation de la représentation. Ce n’est qu’en 1923 qu’il se détache définitivement de la « réalité extérieure ». Dans les années 1920, les fonds deviennent monochromes, il mêle le dessin à la peinture, mais son univers reste constitué d’éléments figuratifs. Assimilé à une esthétique surréaliste, son langage atteint parfois les frontières de l’abstraction. Mais Miro refuse l’appartenance qui lui est offerte au groupe Abstraction-Création.
En 1930, il s’attaque à la sculpture et une première exposition américaine lui est consacrée à la galerie Valentine (New York). En 1938, il imprime de multiples estampes chez Roger Lacourière and Stanley W. Hayter. Il travaille uniquement des œuvres sur papier durant toute la guerre. C’est à ce moment qu’il aborde la série des Constellations. En 1941, une première rétrospective au MoMA (New York) le consacre. En 1947, il prend part à “Le Surréalisme en 1947: Exposition internationale du surréalisme” à la Galerie Maeght (Paris). Cette dernière représente désormais l’artiste en France. Miro multiplie les gravures et les lithographies chez Lacourière et Mourlot. En Espagne, il intensifie sa production de céramiques dans les années 1950. Il produira de nombreuses fresques à partir de ce matériau jusque dans les années 1970. Il décède en 1983.

Que trouve-t-on aux enchères ?

Aux enchères, le record de l’artiste catalan est depuis le 6 novembre 2001 détenu par le Portrait de Madame K. (1924) : 11,5 millions de dollars chez Christie’s New-York. Cette technique mixte sur toile issue de la collection René Gaffé est particulièrement représentative du travail des années 1920 : un fond marron « sali » presque délavé, parsemé de multiples symboles et éléments poétiques dessinés au fusain, à la craie, pastel et sanguine. Ce type d’œuvres des années 1920 est très recherché des amateurs, mais aussi fort rare sur le marché. Une seule toile des 17 proposées en 2003 était de cette période : Le Piège, daté 1924, n’a trouvé acquéreur qu’à 2,5 millions d’euros au cours de la vente Breton, soit deux fois moins que l’estimation haute !

Répartition du nombre de transactionspar discipline (1997-2003)

L’amateur trouve aux enchères essentiellement des estampes. Celles-ci représentent près de 90% du volume de transactions. En 2003, un peu plus de 400 gravures et lithographies de l’artiste ont changé de main en ventes publiques. Ce médium, accessible pour beaucoup, fait face à une demande d’autant plus large que les productions de Miro sont généralement de très belle facture. Comptez moins de 2 000 euros pour plus de la moitié des estampes. Les plus belles pièces s’échangent aux alentours de 5 000 – 7 000 euros. En tête de la pyramide des prix : Equinoxe (1967), une large gravure aquatintée tirée à 75 exemplaires. Les premières petites épreuves de la fin des années 1930 ne sont pas forcément excessives : Astres et danseurs, une gravure de 1938 tirée à 30 exemplaires s’est vendue l’équivalent de 2 200 euros chez Bukowskis (Stockholm) en novembre 2003. Les moins chères sont les épreuves réalisées au cours des 5 dernières années de la vie de l’artiste. Sauf format exceptionnel, elles se vendent souvent moins de 1 000 euros.

Les places de marché

Les plus belles pièces sont vendues à New York chez Sotheby’s et Christie’s, notamment au cours des ventes « impressionnism & modern art » de mai et novembre. Ainsi, 71% du chiffre d’affaires de l’artiste est réalisé aux Etats-Unis, devant le Royaume-Uni (18%). Parfois, comme le 2 février 2004, apparaissent aussi à Londres de très belles pièces, comme Peinture sur fond blanc, adjugée 600 000 livres sterling. En volume de transactions, grâce aux œuvres sur papier, l’Allemagne, l’Espagne, la Suède et la France pèsent 36% du marché..

Acheter / vendre

Nombre de lots vendus aux enchères

Le nombre d’œuvres de Joan Miro échangées sur le marché ne cesse de baisser depuis 4 ans. Entre 1999 et 2003, le volume de transactions a chuté de 58% ! Cela tient surtout à la très forte contraction du marché des estampes. La baisse de l’offre a permis de soutenir les prix jusqu’en 2001.

Artprice Indextoute categories confondues, base 100 en 1997

Mais depuis, la demande ne suit plus à son tour, de sorte que depuis 2 ans les prix, toutes catégories confondues, ont baissé de 16%. La chute est encore plus importante pour le segment des peintures qui ont perdu en moyenne 42% de leur valeur depuis 2000, et cela, même pour les pièces les plus recherchées, comme le prouve la vente du tableau Le Piège. Le taux d’invendus est au plus haut : 40% des lots ont été ravalés en 2003. Mieux vaut aujourd’hui être acheteur que vendeur d’une œuvre de l’artiste