Investir en art : les œuvres les plus chères sont-elles les plus rentables ?

[17/08/2004]

  En moyenne sur 10 ans, l’Artprice Index de la peinture, calculé selon la méthode économétrique des ventes répétées, affiche une hausse de 46%, soit un taux de rendement annuel moyen de 3,9%.
Mais les performances sont fort différentes en fonction des gammes de prix couvertes. Ainsi, entre juillet 1994 et juillet 2004, le taux de rendement annuel moyen les toiles achetées plus de 10 000$ est de 6,3%, mais il tombe à 2% pour celles à 1 000 – 10 000$ et à 0,7% pour celles à moins de 1 000$. Ainsi, en règle générale, pour la peinture, plus une œuvre est chère, plus les chances de profit sont élevées à la revente.

Il faut dire qu’à moins de 1 000$, les toiles de maîtres ou d’artistes réputés se font rares. Le prix des œuvres est d’avantage lié à leur coût de production et non à la signature. Or, la célébrité de l’artiste confère à l’œuvre d’art l’essentiel de sa valeur. C’est sur la renommée de l’artiste que repose la rentabilité de l’achat car les lois de marché agissent d’abord sur la cote de l’artiste. A ce jeu, ce sont les collectionneurs dont le budget moyen par œuvre est supérieur à 10 000 euros qui profitent le plus de la hausse des prix de la peinture. Toutefois, l’expérience prouve qu’ils ne sont pas pour autant affranchi du risque de perte. Bien au contraire.

En fait, les toiles de plus de 10 000 $ sont plus soumises aux jeux de la spéculation et aux aléas du marché. Les prix sur ce segment sont plus volatils. Si la croissance a été bien plus rapide sur ce secteur, l’éclatement de la bulle spéculative en 1991 a été aussi bien plus dévastatrice.Ainsi, entre juillet 1990 et juillet 1993, le secteur des tableaux achetés plus de 10 000$ affiche une dramatique chute des prix de 57,4%, alors qu’elle n’est que de 39,2% pour la gamme 1 000 – 10 000 $ et de 23,8% pour celle des pièces à moins de 1 000 $. A l’inverse, après une période de stabilité sur l’ensemble des secteurs, la reprise a été plus rapide pour le secteur des toiles à plus de 10 000$. Il a rapporté 51,7% au cours des 6 dernières années, contre 34,2% pour celui des toiles à 1 000 – 10 000$ et seulement 10,3% pour les œuvres à moins de 1 000$.

Pour un même capital, les amateurs averses aux risques ont davantage intérêt à sélectionner un portefeuille constitué de nombreuses toiles que de tout miser sur une seule toile de maître.