Hong Kong, le marathon des ventes continue

[23/08/2016]

Hong Kong fait toujours figure d’eldorado face au ralentissement du marché intérieur chinois. N’oublions pas que l’an dernier, ce fut la seule ville chinoise parvenue à augmenter son chiffre d’affaires annuel en ventes publiques pour le Fine Art. Cette année encore, elle reste une plateforme internationale, un carrefour stratégique et une place de marché résistante face aux turbulences actuelles, notamment face à celles éprouvées par Pékin. Sur les 12 derniers mois, le ralentissement du marché de l’art contemporain – marché particulièrement sensible aux fluctuations en période d’ajustement – s’est d’ailleurs avéré de moindre ampleur à Hong Kong que sur l’ensemble de la Chine continentale. Si Hong Kong résiste bien, c’est grâce à la concentration de grands acheteurs sur place, et à l’offre attractive des sociétés de ventes, à l’image de Christie’s, Sotheby’s et Bonhams, capables d’internationaliser l’offre et la demande.

Un rythme soutenu

Face à la contraction du marché en Chine continentale, le marché hongkongais fait ainsi figure d’exception. Le rythme des sessions de ventes ne décroît pas, preuve que les sociétés d’enchères gardent confiance. L’annonce des ventes hongkongaises de Sotheby’s pour l’automne 2016 s’annonce encore comme un grand marathon : la société américaine va officier pas moins de sept sessions de ventes Fine Art entre le 2 et 4 octobre au Convention Center. Elle réitère ainsi l’expérience menée l’an dernier, avec huit ventes dédiées à la création asiatique les 4 et 5 octobre 2015, puis six sessions entre le 3 et le 5 avril 2016. Depuis la dispersion d’œuvres traditionnelles, dont des travaux à l’encre, jusqu’à la fine fleur des artistes asiatiques modernes et contemporains, cette semaine de dispersion sera l’une des plus active de la rentrée.

Des records moins spectaculaires

Condensant l’offre et la demande tantôt au printemps tantôt à l’automne, de telles semaines marathon ont permis à Sotheby’s d’enregistrer quelques records majeurs de la scène asiatique, à l’image des 10,4 m$ emportés par Potted Chrysanthemums (聚瑞迎馨) de SAN Yu le 5 avril 2014, ou des 5 m$ de l’artiste Japonais Tsuguharu FOUJITA enregistrés le 3 avril 2016 pour une huile sur toile de 1930 achetée par le Long Museum de Shanghai (Nu au chat). Les records valsent encore, mais ils étourdissent moins que par le passé. L’heure n’est plus aux emballements constatés au tournant des années 2010. A l’époque, l’explosions des prix propulsaient au sommet des artistes contemporains chinoise tels que ZHANG Xiaogang et ZENG Fanzhi.

Ainsi, le record mondial, 23,2 m$, qui honorait The Last Supper de ZENG Fanzhi le 5 octobre 2013 chez Sotheby’s Hong Hong paraît bien loin. Zeng Fanzhi s’imposait alors, en 2013, comme le quatrième artiste vivant le plus cher du monde après Gerhard Richter, Jeff Koons et Jasper Johns. Deux ans plus tard, il était brutalement descendu de son piédestal, ses recettes annuelles aux enchères ayant fondu de -75%. Aujourd’hui, le marché même hongkongais n’adsorbe plus de tels exploits et, lorsqu’on annonce une œuvre majeure de Zeng Fanzhi, c’est qu’elle est attendue à plus de 2 m$. Sotheby’s entend réamorcer le marché de cet artiste majeur, en proposant la toile Society No. 3, entre 1,5 et 2,3 m$ au mois d’octobre. Mais elle mise surtout sur des artistes moins cotés, dont le développement est en cours, à l’image de l’artiste indonésien AFFANDI, de Kazuo SHIRAGA du groupe Gutai, ou encore de Ufan LEE, artiste le plus international du mouvement coréen Dansaekhwa.

Avec plus de 40 ans d’existence en Asie, Sotheby’s utilise en effet la plateforme de Hong Kong pour développer le marché des artistes contemporains issus d’Asie du Sud-Est, dont les artistes Coréens, Indonésiens, Malaisiens et Philippins. En intégrant le graal des ventes hongkongaises, ces artistes conquièrent de nouveaux collectionneurs et des niveau de prix supérieurs.