Hong Kong Art Fair – rencontre de l’Asie et de l’Occident

[31/05/2011]

 

Impressionnante par son envergure, avec 260 galeries, et par sa mixité, avec 38 pays représentés, la foire ArtHK grandit vite, cette 4ème édition étant 30% plus grande que l’édition précédente ayant trois niveaux clairement identifiés : le premier pour les galeries confirmées, le second pour les jeunes et le troisième pour l’art asiatique.

Vendre des artistes occidentaux : un enjeu majeur
La sélection de galeries et d’artistes en fait une foire véritablement internationale dont l’esprit d’ouverture est affiché d’emblée : la place d’honneur face à l’entrée au premier niveau est réservée à la londonienne White Cube, la galerie officielle de Damien HIRST et de Marc QUINN. Les premiers regards du visiteur rencontrent ainsi une photographie monumentale d’Andreas GURSKY, une sculpture d’Antony GORMLEY, un Skull d’Andy WARHOL, un conglomérat de mouches de Damien Hirst… des œuvres valorisées entre 400 000 $ et plus d’un million de dollars. Le monochrome répugnant et fascinant de Hirst n’est, par ailleurs, pas une pièce courante en salle de ventes : la dernière de cet acabit se vendait le 2 juillet 2008 l’équivalent de 380 000 $ chez Sotheby’s Londres (Loathing, 101,6×137,2 cm, 190 000 £).

©Herve All. www.herveall.com

Même à Hong Kong, mégapole désormais stratégique pour l’art où s’installent les plus grandes galeries d’art à l’instar de Gagosian (qui a inauguré son espace hongkongais avec une exposition Damien Hirst), il n’est pas aisé d’intéresser les investisseurs autochtones avec des signatures occidentales, c’est pourquoi les foires et galeries défrichent le terrain avec des poids lourds, chers, médiatiques et rassurants.

Les galeries consacrées travaillent à sensibiliser les visiteurs à d’autres signatures que celles de ZHANG Xiaogang, ZHANG Huan, FANG Lijun, AI Weiwei ou CAI Guoqiang … les grands Chinois côtoient ici Louise BOURGEOIS, Lucio FONTANA, Giuseppe PENONE, Takashi MURAKAMI, Xavier VEILHAN, Tony CRAGG, Juan MUÑOZ, Rudolf STINGEL, Roy LICHTENSTEIN ou Bill VIOLA.
Sur la question des nationalités d’artistes, cette foire offre donc un panorama particulièrement riche. De jeunes artistes d’origine turque (Nilbar Güres), iranienne (Mohsen AHMADVAND) ou argentine (Tomas ESPINA) sont encore exposés.

©Herve All. www.herveall.com L’œuvre autour de laquelle se sont pressés les journalistes n’est pourtant pas une toile millionnaire de Pablo PICASSO ou une fresque de cinq mètres de Yoshitomo NARA mais une sculpture posée sur une table basse du stand de la galerie Urs Meile (Pékin et Lucerne) : oreille et doigt tendus, l’œuvre Middle Finger rendait hommage au grand absent Ai Weiwei (arrêté à l’aéroport de Pékin le 4 avril 2011). Un exemplaire en bronze doré de cette même sculpture se vendait l’équivalent de 75 000$ le 5 décembre 2010 chez Beijing Council.

Un écrin pour les ventes de Londres
A quelques pas de l’entrée de ArtHK, Ravenel, Sotheby’s et Christie’s ont profité de l’afflux de riches investisseurs asiatiques. Christie’s orchestrait notamment sa vente Asian 20th Century & Contemporary Art le 28 mai, qui généra 53,9 m$.
Sotheby’s a promu à l’hôtel Hyatt quelques bijoux des prochaines ventes de Londres (Impressionist & Modern Art de Londres du 22 juin 2011 et cessions contemporaines les 29 et 30 juin). Au menu, des toiles majestueuses de Joan Miró et Picasso, Magritte et Richter, Renoir, Fernand Léger et Dubuffet.

Les majors américains et anglais des ventes publiques font ainsi un travail de fond pour sensibiliser les investisseurs asiatiques à l’art occidental. Parallèlement, Magnus Renfrew promeut sa foire en avançant des arguments tels que l’absence de taxe pour les œuvres d’art à l’import comme à l’export et la bonne maîtrise de l’anglais par les autochtones.