Gerhard Richter : au sommet de l’art contemporain

[29/10/2002]

 

Que d’œuvres de Gerhard RICHTER se succèdent en ventes publiques ! Depuis l’ouverture de l’exposition “Gerhard Richter: 40 Years of Painting”, 80 productions de l’artiste sont passées en ventes publiques et ses prix continuent de progresser (+67% entre janvier et juin 2002). Malgré tout, les œuvres présentées cette année n’ont pas les qualités suffisantes pour battre le record établi le 15 mai 2001 : 4,9 millions de dollars avec Drei Kerzen.

Jamais un artiste vivant n’a atteint de tels prix. L’actuelle exposition lui confère une notoriété plus intense que jamais. Entamée au MoMA de New York en février dernier, elle illustre l’immense richesse de cet artiste contemporain allemand. Elle parcourt les Etats-Unis jusqu’en mai 2003. Le succès de ces 180 toiles accrochées sur les cimaises américaines couronnent celui des ventes publiques. Depuis le premier jour où il est apparu aux enchères, sa cote n’a cessé de progresser. L’explosion des prix est même quasiment exponentielle depuis 5 ans ! Résultat : 100 euros investis en 1992 dans une œuvre de Gerhard RICHTER valent en moyenne 670 euros en juin 2002.

De nombreux acheteurs ont pu tirer profit de l’extrême rapidité de la hausse. Le ravalement est devenu bénéfique : une œuvre qui ne trouvait pas preneur au début des années 90 a de forte chance de s’arracher aujourd’hui pour un prix de réserve 3 à 4 fois supérieur à celui de l’époque. A titre d’exemple, Claudius une œuvre abstraite de 1986 fut ravalée en 1994 avec une estimation de 400 000 – 500 000 dollars. 7 ans plus tard, avec une estimation bien plus ambitieuse (1– 1,5 million de dollars), la toile explosa à 1,7 million de dollars ; soit près d’un million de dollars de gains supplémentaires pour son propriétaire grâce à la mévente de 1994.
Des spéculations importantes et rapides ont été possibles, surtout depuis les 12 derniers mois. Ainsi, Galerie, une petite toile de 1967 a été achetée 34 000 livres en 1999 a été revendue cette année, en juin pour 240 000 livres. Sur la même période, le record de l’artiste a été battu 4 fois. En 1998, c’est avec Domplatz, Mailand qu’il franchit la première fois la barre du million de dollars. Cette œuvre, datée de 1968, de très grand format (275 x 290 cm), est représentative de sa période photoréaliste.

Depuis 2 ans, le succès actuel de l’artiste fait écho à celui de ses bougies. Elles s’arrachent d’autant plus que Richter n’en a peint qu’une vingtaine. En moyenne, les maisons de vente ont proposé le thème des bougies une fois par an depuis 11 ans. En 1991, elles connurent peu de succès. L’une d’elle (une huile sur photographie couleur réalisée en 1989, estimée 12 000 – 18 000 dollars) fut même ravalée. Il aura fallu attendre 1994 pour qu’une version sur toile de 1982 (estimée 250 000 – 300 000 dollars) dépasse les estimations hautes. Depuis, tout comme de La Tour, le thème des bougies est le plus recherché de l’artiste. La dernière en date a été adjugée 3,6 millions de dollars le 15 mai 2002. C’est à l’heure actuelle la plus importante enchère de l’année pour cet artiste.

La productivité est l’une des clés de la réussite. Il peint en allant à l’essentiel et en supprimant le détail. Tout comme Andy WARHOL, Richter a « mécanisé » son œuvre. La technique des « wiping » (essuyage) et la réalisation des toiles à partir des images « ready-made » (les photographies des journaux et des magazines) ont été les garants de sa très grande productivité. Sa production dense et variée s’est ainsi facilement propagée. Même si 38% de ses œuvres sont vendues en Allemagne, les pays anglo-saxons en sont les plus gros consommateurs.

A New York, les amateurs trouveront, concentré sur 3 jours de ventes (12-14 novembre 2002), un très large éventail des thèmes et techniques couverts par l’artiste. Pour 15 000 – 20 000 dollars, Christie’s propose un large choix de photographies et de petites toiles. Deux toiles abstraites, l’une de 1986 et l’autre de 1992, sont mises en vente entre 50 000 et 70 000 dollars. Le 14 novembre, chez Sotheby’s, on trouvera dans la même gamme de prix une des icônes de l’artiste : Betty, un tirage offset numéroté 11/25. Le même jour, autre image phare de l’artiste sous forme de lithographie offset, une Kerze sera mise en vente entre 25 000 et 35 000 dollars. Toujours chez Sotheby’s, à de toutes autres estimations, les collectionneurs pourront apprécier deux grands formats de l’artiste, dont Blue, une toile carrée de 3 mètres de côté (1 – 1,5 million de dollars).

Evolution des plus fortes adjudications annuelles d’œuvres de Gerhard Richter