François Boucher – Le siècle libertin a la cote

[13/12/2007]

 

Artiste phare du XVIIIème siècle, François Boucher (1703-1770) a brillé rapidement sur le marché de l’art, puisque dès l’âge de 20 ans son travail était récompensé du prestigieux Grand Prix de Rome.

En 1731, il est admis à l’Académie, en tant que peintre d’histoire. Nommé «premier peintre du roi » en 1765, Boucher continue de produire à un rythme effréné jusqu’à son décès en 1770. Prolifique, il aurait produit près de 10 000 œuvres : outre la peinture, le dessin et la gravure il a fourni de nombreux cartons et motifs pour la tapisserie, la porcelaine ou la toile de Jouy.

Soutenue par les commandes des plus grands de l’époque, tels que la Marquise de Pompadour, le Comte de Vence, la duchesse d’Orléans, etc. sa cote était explosive de son vivant et son marché des plus dynamiques. Malgré une production dense, près de trois siècles plus tard, le marché est asséché. A peine une trentaine d’œuvres sont présentées chaque année en ventes publiques. Aujourd’hui, les deux tiers des transactions sont des dessins, les peintures ne représentant que 20% des pièces dispersées.

Les œuvres les plus cotées sont celles aux thèmes érotiques. Ses nymphes peuvent parfois atteindre le million d’euros, si la toile est monumentale. Ainsi, son record aux enchères est emportée par « Le sommeil de Vénus », une toile de pratiquement 2 mètres de large, adjugée 1 millions de £ (1,45 millions d’€) en juillet 2006 chez Christies’ Londres. C’est en 1779 à l’Hotel d’Aligre (Paris) que la pièce a été proposée aux enchères pour la première fois. Elle trouvait alors preneur pour 2 400 livres (soit l’équivalent de 226 000 € actuels).

Les paysages ou les scènes animés, souvent plus petits, sont aussi bien moins valorisés. Il fallait par exemple compter 110 000 £ (159 000 €) le 8 décembre 2004 chez Christie’s Londres pour Le moulin à eau, Landscape with a Herdsman and his Family by a Mill, une toile de 1765 au format 51×66 cm. Les œuvres similaires proposées dans des fourchettes d’estimations supérieures à 200 000 € ont toutes été ravalées depuis.

Selon la technique, la dimension, le thème ou encore la richesse du dessin, voire la provenance, les œuvres sur papier font l’objet d’une forte variation de prix. Ainsi, en octobre dernier, chez Sotheby’s une étude de nu académique à la sanguine, de 45cm de haut, a été dispersée pour 22 500 $ (15 755 €). En juin 2007, à Paris, chez Artcurial, Aurore et Céphale/Neptune et Anymone, un dytptique très abouti au crayon, estompe, craie sur papier bleu, mais insolé et présentant quelques piqûres, a été adjugé 59 000 €. Le 15 novembre 2006, Trois putti volant, un petit croquis sur papier bleu partait pour tout juste 3 200 € chez Christie’s Paris. A l’inverse, Study of a Young Girl Lying on Her Front, un subtil dessin aux trois crayons, préparatoire à « The Darked Haired Odalisque », est parti pour 200 000 £ (320 000 €) chez Sotheby’s London en juillet 2000.

A l’instar de ses contemporains, la cote de François Boucher est resté pratiquement stable durant les années 1990’. Par exemple, Allégorie de la Guerre et de la Paix, un dessin à la mine de plomb acquis l’équivalent de 5 800 € en 1993 a été revendu 6 500 € en 1999 chez Blanchet & Joron-Derem. Il a fallu attendre 2003 pour voir ses prix enfin décoller. Ils affichent une progression de +50% en quatre ans. Certains collectionneurs en profitent pour tenter de disperser des pièces avec des estimations très optimistes. Ainsi, le 4 juillet 2007, Oriental Figures seated at a table a été proposée par Sotheby’s London, mais ravalée, pour 15 000 – 20 000 £. La pièce avait été acquise 5 000 $ (3 000 £) en 1998 chez Christie’s NY.

Si l’artiste fait l’objet d’une réputation internationale, c’est à Londres et New York qu’il dégage ses plus fortes enchères et 80% du produit de ses ventes. A Paris s’effectue près de 40% des transactions, mais les œuvres proposées sont généralement de moindre qualité. Peu de pièces y dépassent le seuil des 100 000 €. La demeure chérie, une rare pastorale à l’encadrement rocaille, adjugée 170 000 € en juin 2007 chez Artcurial est la dernière toile présentée en France a avoir dépassé ce seuil.