France : un Marché de l’Art à suivre (aux enchères et à Art Paris)

[25/03/2025]

Les Français cultivent l’art de vivre à travers les objets qu’ils aiment, offrant ainsi de nombreuses pépites pour le Marché de l’Art. À l’heure où les œuvres sont à portée de clics et où le nombre de transactions s’envole, le Marché de l’Art français mérite d’être suivi avec attention, tant aux enchères que sur ses salons, avec l’affirmation d’Art Paris.

La richesse et la qualité de l’offre attirent de nombreux collectionneurs étrangers, d’autant que la digitalisation massive du marché des enchères leur permet désormais d’y accéder plus facilement.

Forte de ces atouts, comment la scène française se distingue-t-elle vraiment sur l’échiquier mondial ?

Sommaire

2ᵉ sur le podium et en pleine effervescence
L’épicentre Parisien dépasse Pékin et Shanghai
Un marché nettement moins spéculatif qu’ailleurs
Entre identité française et ouverture internationale, Art Paris monte en puissance

 

2ᵉ sur le podium et en pleine effervescence

Parmi la soixantaine de pays actifs aux enchères, la France joue dans la cour des grands. Son offre artistique foisonnante lui permet en effet de s’imposer comme le deuxième marché le plus dynamique au monde, juste derrière les États-Unis, quant au nombre d’œuvres d’art vendues.

En 2024, les ventes y ont battu leur plein : 118 000 œuvres ont changé de mains sous le marteau, soit deux fois plus qu’en Allemagne ou en Italie. Même le Royaume-Uni peine à suivre, avec 15 000 adjudications Fine Art de moins. À elle seule, la France pèse ainsi 15% des œuvres vendues aux enchères dans le monde.

Plus impressionnant encore : la fulgurante ascension du marché  de l’art français au cours de la dernière décennie. Depuis 2014, le nombre de ventes a tout simplement doublé. Cette accélération est portée par l’essor de la voie digitale –  soit avec les ventes live retransmises en direct, soit avec les ventes online, entièrement dématérialisées – qui permettent notamment aux maisons de ventes françaises de vendre plus d’œuvres en-dehors des frontières du pays.

Outre le fort volume d’adjudications, la régression du taux d’œuvres invendues – en recul de 10 points comparé à l’année 2024 –  est un autre signe reflétant l’amélioration de la dynamique d’achat sur le marché français, une preuve que la demande gagne en intensité.

Croissance du Marché de l’Art français au cours de la dernière décennie (artprice.com) :

FR_ Croissance marché de l'art en france

 

L’explosion du nombre d’adjudications d’œuvres d’art en France (+114% en dix ans) est couronnée par une progression spectaculaire du chiffre d’affaires, +47,6% en dix ans, avec 732 millions de dollars rassemblés sur l’année 2024.

« Je me réjouis de voir la France devenir la première place européenne du marché de l’art. Ce dynamisme, nous le devons aux grandes foires internationales, aux galeries, aux maisons de ventes, à nos institutions culturelles et bien sûr à nos artistes : c’est l’ensemble de ces énergies qu’il nous faut fédérer pour que la France continue à attirer et à rayonner dans le monde. »

𝗠𝗮𝗱𝗮𝗺𝗲 Rachida Dati, 𝗠𝗶𝗻𝗶𝘀𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗖𝘂𝗹𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲

L’épicentre Parisien dépasse Pékin et Shanghai

Le cœur du marché français bat à Paris, où se joue l’essentiel des ventes aux enchères. La capitale concentre 59% des œuvres adjugées dans l’Hexagone, mais surtout, en attirant les pièces les plus prestigieuses et les collections les plus qualitatives, la ville génère à elle seule 88,4% du produit des ventes Fine Art en France. Avec 647,6 millions de dollars d’œuvres vendues en 2024, Paris dépasse Pékin et Shanghai en chiffre d’affaires, ce qui confirme sa solidité sur l’échiquier mondial.

Ce succès repose sur un écosystème affuté, mené par Christie’s et Sotheby’s Paris, qui captent à elles seules plus de la moitié du marché hexagonal, totalisant 380 millions de dollars. En 2024, elles signent les ventes les plus emblématiques : Le Melon entamé de Chardin, envolé à 28,9 m$ chez Christie’s, pulvérisant son estimation haute de 13 millions, ou encore le record mondial de Diego Giacometti, avec une Console-sculpture adjugée près de 10 millions de dollars, bien au-delà des 2 millions attendus. À elles seules, ces deux maisons réalisent 48 des 50 plus belles adjudications de l’année en France.

Pourtant, Paris ne se résume pas à ses deux géants. Derrière Christie’s et Sotheby’s, d’autres maisons animent un marché foisonnant. Artcurial et Ader, par exemple, mettent aux enchères bien plus d’œuvres d’art que ces deux mastodontes réunis.

La richesse et la diversité du marché français reposent ainsi sur la multitude des acteurs. Millon, première maison française en nombre de ventes annuelles avec plus de 9 200 adjudications l’an dernier, et Artcurial, troisième en valeur (46,3 m$), contribuent activement à l’effervescence du marché et renforcent l’attractivité grandissante de Paris dans le monde des enchères.

Classement des principales Maisons de Ventes à Paris en 2024 (Fine Art) :

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Christie’s : 226m$ / 2 124 oeuvres vendues
Sotheby’s : 154,6m$ / 1 380 oeuvres vendues
Artcurial : 46,3m$ / 3 790 oeuvres vendues
Millon : 36,3m$ / 9 241 oeuvres vendues
Bonhams Cornette de St-Cyr : 32,7m$ / 2 300 oeuvres vendues
Piasa : 27,7m$ / 1 490 oeuvres vendues
Ader : 22,2m$ / 5 401 oeuvres vendues

À lire aussi : Rapport sur le Marché de l’Art en 2024

Un marché nettement moins spéculatif qu’ailleurs

Le marché de l’art haut de gamme en France existe bel et bien. Preuve en est : la Tête d’Amedeo Modigliani, adjugée 53 m$ en 2010, ou encore Le Melon entamé de Jean-Siméon Chardin, vendu 28,9 m$ durant l’été 2024. Pourtant, en termes de puissance, Paris reste loin derrière New York et Londres.

La Tête de Modigliani demeure à ce jour la seule œuvre adjugée à plus de 50 m$ en France. À titre de comparaison, au Royaume-Uni, une vingtaine de lots ont déjà franchi ce seuil, tandis qu’aux États-Unis, 125 œuvres ont dépassé la barre des 50 millions, confirmant la place incontournable du pays sur le marché des œuvres de prestige.

La France, qui regorge de trésors parfois encore dispersés à Londres ou New York plutôt qu’à Paris, se distingue aussi par la solidité de son marché. Moins exposée aux emballements spéculatifs qui agitent ailleurs l’art contemporain, elle offre un terrain plus stable aux collectionneurs.

À lire aussi :  Maîtres anciens, l’originalité du marché français

À l’inverse, New York et Hong Kong ont été le théâtre de flambées spectaculaires, notamment lors du pic spéculatif de 2021-2022, où des artistes trentenaires ont vu leurs toiles s’arracher pour plusieurs millions chez Christie’s et Sotheby’s. Si ces envolées sont devenues plus rares en 2024, elles n’ont pas totalement disparu : en septembre dernier, 18:50″ (2021) de Lucy Bull (née en 1990), estimé à moins d’un million, a par exemple atteint 2,4 m$ chez Christie’s Hong Kong.

De telles flambées restent inimaginables en France, où les enchérisseurs, bien plus réticents aux jeux spéculatifs, assurent un marché plus stable. En 2024, une seule œuvre contemporaine a dépassé le million de dollars dans l’Hexagone : Feathered Stola (2000, 1,8m$) de Marlene Dumas (née en 1953), adjugée chez Christie’s Paris. Or, il ne s’agit pas d’une étoile montante portée par l’effervescence de l’époque, mais d’une artiste majeure, dont la cote s’est construite avec constance aux enchères depuis plus de 30 ans.

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Le Maître de Vyssi Brod, La Vierge et l’enfant en trône
Cortot-Vregille (Dijon), 30/11/2019 : 6,8m$

 

La France, carrefour historique des artistes à travers les siècles, recèle encore des trésors oubliés. Chaque année, des chefs-d’œuvre insoupçonnés refont surface, tels que Le Christ moqué de Cimabue (1280, 26,7 m$) ou la Vierge et l’Enfant du Maître de Vyssi Brod (vers 1350, 6,8 m$), vendus en 2019 dans des études provinciales. Ces découvertes exceptionnelles ont propulsé leurs prix, bien qu’elles n’aient pas été présentées dans les grandes capitales comme Paris, Londres ou New York.

Plus récemment, un bronze majeur de Camille Claudel, L’Âge mûr, retrouvé dans un appartement abandonné depuis plus de 15 ans, a été adjugé à 3,8 m$, bien au-delà de son estimation de 2,1 m$, chez Philocale. Ainsi, le meilleur résultat français pour Claudel n’a pas été obtenu à Paris, mais à Orléans.

À l’heure des enchères en ligne, le dynamisme du Marché de l’Art français offre aux collectionneurs de nombreuses opportunités. Loin de se concentrer dans les mains des maisons de vente de la capitale, les trésors à découvrir sont répartis sur tout le territoire. Quelles autres pépites restent encore à découvrir ?

Entre identité française et ouverture internationale, Art Paris monte en puissance

Quittons un instant le marché des enchères pour plonger dans l’univers des galeries avec Art Paris. Cette foire d’art moderne et contemporain incontournable, qui célèbre sa 27ᵉ édition, retrouve toute sa splendeur sous la verrière du Grand Palais fraîchement rénové, du 3 au 6 avril. Et son succès confirme une tendance déjà observée aux enchères : un intérêt croissant pour l’art et une fréquentation en pleine expansion.

L’an dernier, Art Paris enregistrait une hausse de 10 % du nombre de professionnels et collectionneurs issus de 32 pays, principalement européens. Son édition 2024, accueillie au Grand Palais Éphémère, avait attiré près de 70 000 visiteurs et rassemblé 136 galeries. Cette année, la foire passe à la vitesse supérieure avec 170 galeries venues de 25 pays, dont 60 % françaises et 40 % internationales. L’espace Émergence, dédié aux jeunes artistes, gagne lui aussi en ampleur.

Dans un Paris en pleine effervescence culturelle, Art Paris s’impose comme un rendez-vous incontournable pour explorer la richesse et la diversité de la scène artistique française. Cette dynamique se traduit notamment par un parcours thématique ambitieux : “Immortelle : un regard sur la peinture figurative en France”, conçu par Amélie Adamo, auteure et curatrice indépendante, et Numa Hambursin, directeur général du MO•CO. Montpellier.

Mais Art Paris ne se contente pas de mettre en lumière la scène française : il la soutient concrètement. Son partenariat avec BNP Paribas Banque Privée se traduit par une récompense de 40 000 euros. Parmi les 25 artistes sélectionnés, des figures emblématiques comme Robert Combas (Strouk Gallery), Jean-Charles Blais (Galerie Yvon Lambert) et Agnès Thurnauer (Galerie Michel Rein), côtoient des talents plus jeunes tels que Karine Rougier (Galerie Les filles du calvaire). Un autre prix, Her Art, voit le jour en partenariat avec la maison Boucheron, pour célébrer le talent d’une artiste femme parmi 12 finalistes. Parmi elles, la Française Mathilde Rosier (Pauline Pavec), l’Américaine Kiki Smith (Galerie Lelong & Co) et l’Allemande Evi Keller (Galerie Jeanne Bucher Jaeger). C’est une grande première pour Art Paris, qui affirme ainsi sa volonté de contribuer au rayonnement des artistes femmes, toutes générations et nationalités confondues.

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Photo : Art Paris 2024 © Marc Domage

 

En pleine montée en puissance, la scène française trouve, avec des initiatives comme Art Paris, un levier essentiel pour affirmer son rayonnement, en France comme à l’international. Et cette dynamique ne cesse de s’intensifier depuis une dizaine d’années.

Des artistes comme Claire Tabouret, Fabienne Verdier, Invader, Eva Jospin, Jean-Michel Othoniel ou Pol Taburet se sont en effet imposés sur la scène mondiale, incarnant cette vitalité. Un chiffre en témoigne : selon Artprice, le nombre d’œuvres d’artistes français adjugées aux enchères a bondi de +67 % en dix ans, atteignant un record absolu de 123 417 œuvres vendues en 2024. De quoi augurer une année 2025 sous les meilleurs auspices…

 

Art Paris
Grand Palais, Paris, du 3 au 7 avril 2025
Découvrez les œuvres présentées par les galeries exposant à Art Paris à l’aide de filtres de sélection permettant de découvrir les différents secteurs et suivre l’actualité de l’événement.

 

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