Focus sur Omar Ba

[09/07/2021]

Petit-fils de tirailleur sénégalais, Omar Ba (né en 1977), enfant, passe le plus clair de son temps à dessiner. Ses parents l’orientent pourtant vers la mécanique, domaine dans lequel il se forme sans passion pendant trois ans avant d’entrer aux Beaux-Arts de Dakar. Le jeune homme se rapproche du but mais ne se déploie pas encore. Il lui faudra se confronter à un changement radical, un nouveau pays, pour que les lignes commencent à bouger. Direction la Haute Ecole d’art et de design de Genève en Suisse (2003) où, après quelques années difficiles, il est repéré par Guy Bärtschi au cours du festival “Les Urbaines” à Lausanne. Nous sommes en 2009.

“Très remarqué sur la Fiac en 2019, la critique salue ce “nouveau talent”, ce “fabuleux coloriste.”

A la conquête des collectionneurs l’Occident

C’est ainsi que l’artiste commence à se faire connaître en Suisse à la fin des années 2000. Après avoir été soutenu par Guy Bärtschi, il est accompagné par la parisienne Anne de Villepoix puis intègre la galerie Templon (Paris et Bruxelles), qui lui consacre un premier solo show en 2016. Il devient rapidement la coqueluche des collectionneurs français et bruxellois, d’autant que Daniel Templon présente son travail sur de grands salons internationaux. Très remarqué sur la Fiac en 2019, la critique salue ce “nouveau talent”, ce “fabuleux coloriste”.

Aujourd’hui, Omar Ba partage sa vie et son travail entre Genève et Dakar. Un studio dans chaque ville. Le retour régulier en Afrique lui est essentiel afin “que les images ne s’effacent pas”, qu’elles ne perdent pas leur force dans sa peinture. Une peinture mixte et complexe, mélangeant sur cartons ondulés ou papiers kraft diverses techniques dont la gouache, l’encre, l’acrylique, l’huile ou le crayon.

Poétiques et énigmatiques, ses oeuvres mettent l’accent sur des aspects ornementaux, sur la couleur, sur la répétition des formes dans des jeux picturaux qui émergent du noir, couloir dans laquelle Omar Ba repeint ses supports au préalable de tout travail, pour “mieux voir”. Son iconographie mobilise aussi bien des métaphores personnelles que des références ancestrales, tout en questionnant la place qu’occupe l’Afrique dans le monde. Elle traite de sujets politiques, de l’actualité du monde, de l’exploitation de la nature, de la guerre, du terrorisme, des hommes d’État. Des rapports de pouvoir et de domination.

“Omar Ba est aujourd’hui considéré comme l’un des artistes les plus importants de la scène africaine.”

Récemment exposé au Musée des Beaux Arts de Montréal (2019) et au Centre Georges Pompidou à Paris (2020), Omar BA est aujourd’hui considéré comme l’un des artistes les plus importants de la scène africaine. Ses œuvres font partie de collections de premier plan, dont la celle de la Fondation Louis Vuitton pour l’art contemporain ou la collection permanente du Louvre Abu Dhabi (peinture sur carton ondulé Repaire, 2016).

Échelle de prix

En 2014, ses œuvres sont présentées à l’exposition d’été de la Royal Academy de Londres ainsi qu’à la Biennale de Dakar. Il est aussi introduit aux enchères, en octobre, dans le cadre d’une vente dédiée à l’Art Contemporain Africain chez Piasa (Paris). Bien que belle et de grand format, l’œuvre mise à l’encan ne soulève pas les enchères et reste invendue à 20 000 $ (estimation basse : Au royaume des Pyromanes, 203 x 150 cm).

Quelques années plus tard, les prix ont doublé en galerie, si bien que les toiles proposées autour de 20 000 $ partent désormais pour 40 000 $. Aujourd’hui, l’artiste croule sous les sollicitations et certaines toiles sont disputées à plus de 50 000 $. Les prix s’alignent aussi sur le second marché, Piasa ayant vendu une belle toile pour l’équivalent de 49 800 $ en juin 2020 (This Way is Not Easy 2, 2011).

Omar Ba est en train de réaliser son rêve : laisser sa trace dans l’histoire de l’art, et être valorisé à hauteur des grands artistes occidentaux, pour lui et pour tous les artistes africains.

Article Artprice paru dans Diptyk magazine