Focus sur le marché de la photo

[10/08/2009]

 Les expositions photographiques de l’été proposent en têtes d’affiches Diane ARBUS au National Museum jusqu’au 31 août (Cardiff), Richard AVEDON avec une rétrospective à l’International Center of Photography (jusqu’au 6 septembre, New-York) et Henri CARTIER-BRESSON, dont on fête le centenaire de la naissance à la Maison européenne de la photographie de Paris (Henri Cartier-Bresson à vue d’œil, jusqu’au 30 août). La France fête un autre anniversaire important à Arles : celui de la 40ème édition des Rencontres photographiques (7 juillet -13 septembre) qui rend hommage à Nan GOLDIN et salue les choix de Martin PARR.

Martin Parr
Cette année en effet, le protégé de Martin PARR, Rimaldas VIKSRAITIS, emporte le prix Découvertes des Rencontres photographiques d’Arles. Ce photographe lithuanien né en 1954 est encore inconnu des ventes publiques, contrairement à son mentor déjà célèbre. Martin PARR, exposé au Jeu de Paume de Paris du 30 juin au 27 septembre 2009 (Planète Parr) traque et dévoile le grotesque de la façon dont nous vivons, dont nous gérons notre image et notre rapport aux autres, à ce que nous valorisons et consommons. Ses séries de clichés comme The last Resort ou Boring sont proposées en salles des ventes depuis les années 80. Après 20 ans d’échanges sur le second marché, de nombreux tirages argentiques demeurent abordables entre 300 et 1 000$ en moyenne. Passant du champ documentaire à celui de l’art, l’artiste a certes multiplié les formats mais les grands tirages ne sont pas hors de prix pour autant : en novembre 2008 par exemple, Piasa adjugeait 800 € pour un format tableau de Common Sense (mains) (102×151 cm, 3/25 exemplaires). Son record culmine à 4 000£ (environ 8 200$ ou 5 600€) pour une savoureuse mise en abîme où Martin Parr saisit un homme photographiant un groupe de touristes japonais devant l’acropole d’Athènes. Cette grande épreuve éditée à 6 exemplaires fut frappée 4 000£, environ 8 200$, le 20 novembre 2007 chez Phillips de Pury & Company (121×148,9 cm).

Nan Goldin
Le marché de Martin PARR demeure très abordable face à celui de Nan GOLDIN, invitée d’honneur des même Rencontres photographiques d’Arles : lorsque le record du premier culmine à 4 000£, celui de Nan GOLDIN est au quintuple. La cote de Goldin s’est envolée entre 1999 et 2001 (indice des prix en hausse de 300%) avant de dégringoler de 32,4% les trois années suivantes. Après quatre ans de relative stabilité, cet indice accuse de nouveaux signes de faiblesse depuis 2008. En témoigne l’évolution du prix de son cliché At the Bar: Toon, C, and So. Bangkok : détenteur de son enchère record de 36 000$ en mai 2000 (Christie’s), son prix d’adjudication tombait à 8 100€, soit 7 460$ en mai 2002, repassait le seuil des 15 000$ en 2005 puis atteignait 22 000$ en mai 2009 chez Phillips de Pury & Company.

Retour à la raison
Depuis la fin des années 90, festivals, expositions, salons et cessions de ventes dédiés à la photographie se sont multipliés. Ce nouvel élan hissait les prix de la photographie de +106% entre octobre 2001 et avril 2008, avant une chute de –25% sur le reste de l’année 2008. Entre 2006 et 2007, certains clichés déclenchaient une véritable fièvre acheteuse : Stephanie, Cindy, Christy, Tatjana, Naomi, Hollywood par exemple, photographiées par Herb RITTS passaient de 45 000$ à 90 000$ entre 2006 et 2007. En mars 2009, cette épreuve réunissant cinq des plus beaux modèles de la planète, retrouvait des enchères plus raisonnées avec une adjudication de 35 000$ (tirage au gélatino-bromure d’argent, Christie’s, NY).
Le marché d’Andreas GURSKY, s’essouffle lui aussi : après 6 enchères millionnaires entre mai 2006 et février 2008, notamment pour son fameux 99 cent II (1,5M£, près de 3M$, 07 févr. 2007, Sotheby’s), les œuvres proposées en 2009 à plus de 100 000$ se sont vendues timidement, au mieux dans leur fourchette d’estimation (Dubai World II, adjugée 370,000£, sous son estimation le 25 juin 2009, Sotheby’s). Les résultats sont également mitigés pour Andres SERRANO dont un Piss Christ était emporté 120 000$ le 13 mai 2009 chez Sotheby’s. Un an plus tôt, ce même sujet doublait allègrement son estimation pour s’envoler à 230 000$ (Christie’s, 14 mai 2008). Plus de la moitié des photos de Serrano soumise à enchères entre janvier et juillet 2009 fut par ailleurs ravalée.

Christie’s, Sotheby’s et Phillips de Pury & Company ont cependant enregistré de beaux résultats : un nouveau record de 38 000£ pour le fameux Nastassja Kinski and the Serpent de Richard AVEDON (soit 75 000$, 1er juillet 2009, Christie’s), 100 000$ pour New Orleans (Trolley) de Robert FRANK (30 mars 2009, Sotheby’s) et pour Calla Lily de Robert MAPPLETHORPE (31 mars Christie’s). Un tirage platine de Calla Lily culmine par ailleurs à 220 000$ (11 avr. 2008). Les plus contemporains ont également réservé de belles surprises. Ainsi, Philip-Lorca DICORCIA décrochait 10 500£, au double de l’estimation (New York, Phillips de Pury & Company, env. 17 300$, 29 juin 2009), David LACHAPELLE se hissait à 70 000£ avec Deluge: Museum (près de 115 000$, Sotheby’s, 26 juin 2009), Florian MAIER-AICHEN et Nick KNIGHT enregistraient leurs records (Saddle Peak adjugé 125 000$ le13 mai 2009, Sotheby’s et Devon de Nick KNIGHT frappé 48 000£, presqu’au quintuple de son estimation, 16 mai, Phillips).

Les prochaines ventes de photographies sont programmées pour octobre 2009 : la vacation Christie’s du 7 octobre au Rockfeller Center sera suivie par celle de Sotheby’s deux jours plus tard, puis par la cession de Phillips De Pury & Company à Londres le 15 octobre.