Focus sur Kudzanai-Violet Hwami

[21/09/2021]

Ses œuvres figuratives abordent les thèmes du genre, de la sexualité, de la race et de la violence… exactement ce que les institutions, les collectionneurs et le marché recherchent en ce moment pour réécrire une histoire plus inclusive. A travers des portraits noirs comme autant de “célébrations de l’afro-punk et de la communauté LGBTQ+” (pour reprendre le titre de Hero-magazine, octobre 2017), Kudzanai-Violet HWAMI contribue à la “Renaissance Noire” qui s’impose comme l’une des tendances les plus profondes de notre époque. Parmi ses sources d’inspiration, on retrouve les artistes ayant permis l’émergence de cette nouvelle peinture figurative, en premier lieu les américains Henry Taylor et Kerry James Marshall, et l’artiste britannique Lynette Yiadom-Boakye. Hwami ne s’inscrit pas seulement dans le sillage pictural de ces peintres désormais célèbres, elle partage désormais avec eux un immense succès commercial.
Retour sur l’itinéraire d’une jeune femme encore dans la vingtaine, dont les collectionneurs raffolent au point d’avoir établi son record au seuil du demi-million de dollars…

« Lorsque j’envisage l’avenir, il m’est possible d’imaginer le corps noir comme un sujet libre plutôt que de l’enfermer dans l’histoire et dans le présent. Parce que le présent, et l’histoire, n’ont vraiment pas été favorables aux existences noires – et ne le sont toujours pas ». Kudzanai-Violet Hwami

 

Kudzanai-Violet est âgée de neuf ans lorsqu’elle quitte le Zimbabwe en raison des troubles politiques. Après quelques années passées en Afrique du Sud, elle déménage à Londres à l’âge de 17 ans et se forme au Wimbledon College of Arts dont elle sort diplômée en 2016. La même année, elle remporte deux prix, le Clyde & Co Award et celui du Zimbabwean International Women’s Awards. Les expositions s’enchaînent à Londres (Tyburn Gallery) et en France (entre autres à l’Ateliers de Rennes et au Triangle), jusqu’à Venise où elle fait partie des artistes représentant le Zimbabwe lors de la Biennale en 2019. Il faut attendre quelques mois de plus et l’engagement à ses côtés de la puissante galerie Victoria Miro pour que se manifestent les premières turbulences sur le marché de l’art.

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Un marché avide
A peine arrivée sur le second marché en 2020, Kudzanai-Violet décroche 252.000$ avec une toile achevée deux ans plus tôt et initialement estimée entre 30.000$ et 40.000$ (Eve on Psilocybin). Ce prix (six fois l’estimation haute), atteint lors d’une session new-yorkaise de Phillips, illustre l’engouement incroyable que suscite cette peinture engagée sur l’identité noire.

Plus récemment, le 19 avril 2021, une odalisque noire a fait trembler les enchères de Hong Kong, avec un impressionnant record de 487.000$, plus de 10 fois l’estimation basse. Le coup de marteau est tombé pour Skye waNehanda (180 x 230 cm) chez Sotheby’s. Achetée il y a quatre ans auprès de la galerie Tyburn, cette toile en est déjà à son quatrième changement de propriétaire… Derrière l’urgence à légitimer un travail engagé dans la déconstruction des stéréotypes et des rapports de domination, ces reventes très rapides illustrent l’avidité du marché pour des signatures brûlantes, dont les possibilités de plus-values sont très conséquentes.

Kudzanai-Violet Hwami fait aujourd’hui partie du Top 10 des artistes contemporains nés en Afrique selon ses performances aux enchères (2020/21). Retrouvez de plus amples informations sur ce marché brûlant le 5 octobre avec la parution du Rapport sur le marché de l’art contemporain d’Artprice.

 

Article Artprice paru dans Diptyk magazine