Explosion des prix de l’art en 2006

[21/01/2007]

 

La hausse des prix se poursuit cette année, avec une forte accélération sur la plupart des places de marché. A l’échelle mondiale, l’indice des prix calculé par Artprice affiche encore une hausse de +25,4% sur l’année, arrivant tout juste à 5% en dessous du niveau plafond de novembre 1990. Aux Etats-Unis, ils sont même supérieurs de 32 % au pic de la bulle spéculative de l’époque !

Portées par le galop des prix et une demande renouvelée de riches collectionneurs, les enchères millionnaires se sont multipliées. Historiquement, jamais de tels prix n’ont été atteints. Pas moins de 810 œuvres ont été vendues au delà de 1 000 000 $, pour un volume d’affaires de 2,7 milliards de dollars. En 2005, 487 enchères de Fine Art avaient atteint ce seuil, pour tout juste 1,4 milliards de dollars. Jusqu’à la fin des années 1990, seulement 100 à 200 enchères millionnaires étaient enregistrées par an.
Au total, le marché de ventes publiques de Fine Art affiche un chiffre d’affaires de 6,4 milliards de dollars, soit plus du double des montants enregistrés annuellement sur la période 1999 – 2003 et une hausse de 52% par rapport à 2005.

9 000 ventes de Fine Art ont été orchestrées en 2006, contre 9 600 en 2005 et plus de 15 000 en 2000. Mais alors que le nombre de vente cataloguées tend à diminuer, les catalogues s’épaississent et le nombre de lots présentés aux enchères est au plus haut : plus de 400 000 lots ont été proposés l’an dernier. Pour la troisième année consécutive, le taux d’invendus aux enchères se maintient à 34%. Ce ratio, encore élevé compte tenu de la conjoncture favorable, relève moins d’une désaffection des acheteurs pour les pièces les moins intéressantes que de la propension des vendeurs à imposer des prix de réserve fort ambitieux. D’ailleurs, nombre de collectionneurs profitent de la situation pour remettre sur le marché de pièces acquises chèrement en 1989-1991.

Ces performances du marché de l’art sont fort différentes selon les gammes de prix couvertes. Le marché haut de gamme apparaît bien plus disputé que celui des œuvres plus communes. Le marché de l’art des œuvres les plus chères est aussi le plus porteur en terme de progression.
Pour le segment des pièces proposées avec un prix de réserve supérieur à 10 000 $ le risque d’invendu n’est que de 26,2%. Il grimpe à 35,5% pour le secteur des pièces présentées à moins de 10 000 $. L’indice des prix des œuvres achetées moins de 10 000 $ n’a augmenté que de 8% cette année pour se maintenir à 20% en dessous du niveau de 1990. A l’inverse, pour les œuvres achetées plus de 10 000 $, les hausses de prix atteignent 33% sur l’année et dépassent de 32% le niveau de 1990.
A moins de 10 000 $, se mêlent aux œuvres mineures d’artistes réputés la masse des productions de multiples et d’artistes à faible renommée. Or, la célébrité de l’artiste et la rareté d’une œuvre lui confèrent l’essentiel de sa valeur. La rentabilité de l’achat d’œuvre d’art repose avant tout sur le renommée de l’artiste. A ce jeu, ce sont les collectionneurs dont le budget moyen par œuvre est supérieur à 10 000 $ qui profitent le plus de la hausse des prix.

Toutefois, l’expérience prouve qu’ils ne sont pas pour autant affranchis du risque de perte. Bien au contraire. Naturellement, les toiles de plus de 10 000 $, moins nombreuses et soumises aux réactions d’une demande plus restreinte, sont davantage sujettes aux jeux de la spéculation et aux aléas du marché. Les prix sur ce segment sont plus volatils. Historiquement, si la croissance a été bien plus rapide sur ce secteur à la fin des années 1980’, l’éclatement de la bulle spéculative en 1991 a été aussi bien plus dévastatrice. Ainsi, entre juillet 1990 et juillet 1993, le secteur des tableaux achetés plus de 10 000$ affichait une dramatique chute des prix de 57,4%, alors qu’elle ne fut que de 39,2% pour la gamme 1 000 – 10 000 $ et de 23,8% pour celle des pièces à moins de 1 000 $.