En France, l’art contemporain occupe le devant de la scène en octobre

[22/09/2004]

 

La 31ème édition de la FIAC va ouvrir ses portes du 21 au 25 octobre, Porte de Versailles à Paris, avec 215 galeries dont 94 nouvelles, représentant 20 pays. Cette manifestation à la renommée internationale est le rendez-vous français incontournable des professionnels, collectionneurs et amateurs d’art contemporain. C’est l’occasion de voir des toiles d’artistes nationaux confirmés comme Robert COMBAS, BEN ou Claude VIALLAT. C’est aussi l’opportunité de débuter une collection en achetant une œuvre d’un jeune artiste prometteur. Des maisons comme Cornette de Saint Cyr et Artcurial profitent de l’événement pour orchestrer des ventes dédiées.

Aux enchères, face à la concurrence internationale et au fort pouvoir d’achat des anglo-saxons, la France semble un parent pauvre de l’art contemporain : la cote des artistes étrangers écrase celles des français, même les plus reconnus. Dans le secteur de l’art contemporain, un véritable fossé s’est creusé entre le marché hexagonal et celui qui s’est développé outre-Atlantique et outre-Manche. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 50% des tableaux contemporains vendus en France sont adjugés moins de 500 euros. Aux Etats-Unis, le prix médian des tableaux contemporains atteint 20 000 dollars ! Depuis le début de l’année, la plus chère enchère américaine d’art contemporain atteint 4,5 millions de dollars. Il s’agit d’une sculpture de Jeff KOONS, “Jim Beam J.B Turner Train” (1986), dispersée le 11 mai dernier chez Christie’s New York. En tout 7 œuvres d’artistes contemporains ont dépassé le million de dollars. Dans cette gamme de prix, on trouve des productions de Jean-Michel BASQUIAT, Maurizio CATTELAN et de Jack VETTRIANO. Mais ces œuvres millionnaires restent confinées sur le marché anglo-saxon. En France, la plus chère œuvre de Basquiat est un dessin intitulé “Tesla vs Edison” (1983) et adjugé 27 000 euros chez Artcurial le 8 juin 2004. Le mois précédent, du même artiste, “Low pressure Zone” s’arrachait 1,9 millions de dollars chez Sotheby’s. Les peintures de l’artiste semblent désormais trop chères pour le marché hexagonal.

Autre fait marquant : les plus importantes pièces d’art contemporain vendues en France sont dispersées par les auctioneers anglo-saxons. A l’exclusion des peintures des américains Julian SCHNABEL et d’Eric FISCHL issues de la collection Nahon et vendues le 18 juillet 2004 par Sotheby’s à Vence, aucune toile d’art contemporain n’a atteint le seuil des 100 000 euros. Le plus fort résultat décroché par Christie’s concerne une toile de Tomás SANCHEZ (90 000 euros pour “Meditador y un canal” (1995) le 10 juin 2004). Dans le classement des plus chères peintures contemporaines vendues en France, la première maison de vente française n’arrive que 6ème avec une toile de Daniel RICHTER, adjugée 61 000 euros le 12 mai dernier chez Chochon-Barré-Allardi.

Top 10 des artistes contemporains* vendus aux enchères françaises : 1er semestre 2004*artistes nés après 1940NationalitéRangArtisteChiffre d’Affaires (France)Lots vendus (France)1COMBAS Robert332 120 €522SCHNABEL Julian313 000 €43PALADINO Mimmo148 300 €44PINCEMIN Jean-Pierre142 440 €155SANCHEZ REQUEIRO Tomas141 000 €36VENET Bernar135 050 €127FISCHL Eric130 000 €18CANE Louis111 050 €129KOSUTH Joseph110 000 €110CHIA Sandro67 600 €4

Le bilan est encore plus inquiétant si l’on s’interroge sur la place des artistes nationaux. La plus chère toile française adjugée depuis le 1er janvier 2004 revient à “La fiancée de Belmondo” de Robert COMBAS, adjugée 30 000 euros chez Cornette de Saint Cyr. La même toile avait été adjugée l’équivalent de 69 000 euros en 1990 chez Poulain-Le Fur! Il est suivi de YAN Pei-Ming, avec une enchère à 23 500 euros pour “L’homme invisible” (1997) et d’Isabelle DURET-DUJARRIC (23 000 euros).

Avec de tels résultats, il devient difficile aux maisons de vente nationales de s’imposer sur la scène internationale. Les segments de prix couverts par les maisons de vente françaises sont trop bas pour qu’elles puissent s’imposer de manière significative dans le chiffre d’affaires réalisé par les enchères d’art contemporain. Ainsi, sur la base des enchères réalisées entre le 1er juillet 2003 et le 30 juin 2004, la France ne pèse que 4,6% du secteur des artistes nés après 1940, contre 7,7% toutes époques confondues. En vente publique, les fers de lances des maisons de vente nationales restent les tableaux modernes et du 19e siècle.

Comme actif financier, l’art contemporain affiche des rendements inférieurs au reste du marché. Sur les douze derniers mois, les prix des artistes nés après 1940 ont progressé de 4,59%, alors que l’Artprice Index toutes époques confondues (en euros) affiche une hausse de 7,72%. Sur 10 ans, 100 euros investis dans une toile d’art contemporain valent en moyenne 136 euros en septembre 2004, soit 10 euros de moins que sur les autres segments de marché. Autre point négatif : 41,4% des toiles contemporaines proposées à la vente en France n’ont pas trouvé preneur durant la première saison de vente 2004, contre 37,4% l’an dernier. A titre comparatif, le taux d’invendus sur le marché américain n’est que de 16%. A la vue de cet indicateur, au delà du manque de rentabilité, l’art contemporain semble en France un investissement plutôt risqué.