En bref : Schiele – Sotheby’s – Picasso – Jim Shaw – New Museum

[13/11/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : 24 dessins de Schiele chez Sotheby’s – Un Picasso peut en cacher un autre – Jim Shaw au New Museum

24 dessins de Schiele chez Sotheby’s
Avec Gustav Klimt, Egon SCHIELE (1890-1918) est l’artiste autrichien le plus célèbre et une figure majeure de l’expressionnisme. Artiste précoce plus enclin au dessin qu’aux études, il intègre l’école des Beaux-Arts de Vienne à l’âge de 16 ans grâce à une dérogation, mais le système académique des Beaux-Arts ne lui convient pas. Quelques mois plus tard, sa rencontre avec Gustav KLIMT arrive à point nommé : Klimt sera son maître et son protecteur.
Audacieux, d’un talent fou, Schiele trouve rapidement son style d’une grande sensualité, sous un trait nerveux. Fasciné par les nus féminins, il multiplie les dessins entre 1910 et 1912 (aquarelles, gouaches), ceux de sa compagne Wally Neuzil mais aussi d’autres jeunes femmes, dans une énergie crue. Cette production érotique le conduit en prison en 1912, pour outrage à la morale publique. Il décède tragiquement six ans plus tard.
Cettecarrière fulgurante, achevée à 28 ans, est d’une grande densité, avec quelques trois cents peintures, des gravures, des sculptures et 3 000 dessins, dont Liebespaar (Selbstdarstellung mit Wallyun), un autoportrait avec Wally de 1914/15, d’une grande intensité psychologique, que vient de revendre le Musée Leopold de Vienne après l’avoir conservé 20 ans dans sa collection. Sotheby’s, qui était en charge de la dispersion, vient de vendre cette rareté pour 12,39 m$ le 5 novembre 2015 à New York, signant là le record de Schiele en matière de dessin. Les 4 et 5 novembre dernier, le marché américain a vu déferler une véritable manne d’oeuvres de Schiele – 24 dessins au total – dont une bonne partie issue de la fameuse collection Alfred Taubman. Les prix se sont échelonné entre 100 000 $ et plus de 3 m$, selon l’aboutissement et la qualité des œuvres.

Un Picasso peut en cacher un autre
Pablo PICASSO peint La Gommeuse à l’âge de 19 ans, en 1901, l’année de sa première grande exposition Galerie Ambroise Vollard à Paris (24 juin-14 juillet 1901). C’est le début de sa Période Bleue, sa première période personnelle, qui s’étale jusqu’en 1904. La Gommeuse est emblématique à bien des égards, et notamment parce qu’elle contient deux œuvres en une ! Lorsque son ancien propriétaire, l’industriel milliardaire américain Bill Koch, achète la toile en 1984 pour 3 millions de dollars, il ignore totalement l’existence d’une seconde peinture au dos, une peinture représentant Petrus Manach, un ami de Picasso aux allures de lutin jaune, coiffé d’un turban rouge et blanc, et urinant.

Celle-ci fut découverte lors de travaux de restauration en 2000. L’arrivée de La Gommeuse en salle de ventes était d’autant plus attendue que des raretés de cette envergure figurent en général en collection publique plutôt que privée… Voilà pourquoi Sotheby’s lui a consacré un catalogue indépendant, d’une quarantaine de pages, espérant en obtenir plus de 60 m$. C’est chose faite, avec un prix final de 67,45 m$ frais inclus, atteint lors de la vente Impressionniste et Moderne du 5 novembre 2015. Picasso demeure à l’honneur des ventes et des musées : deux grandes expositions lui sont actuellement consacrées, celle de ses sculptures au MoMA à New York, et Picasso-Mania au Grand Palais de Paris.

Jim Shaw au New Museum
Les dessins de Jim SHAW sont encore abordables, comme ce fut le cas lors de la vente organisée par la société De Vuyst en octobre dernier, où un travail au crayon s’est vendu pour moins de 2 500 $. Cela dit, le marché new-yorkais s’agite sur cette signature, à laquelle le New Museum à New York consacre une exposition (Jim Shaw : The end is here jusqu’au 10 janvier 2016).
Artiste, peintre et vidéaste américain de 63 ans, véritable icône de la scène californienne, Jim Shaw est considéré comme l’un des artistes américains les plus influents de notre époque. Il explore l’inconscient collectif dans la surenchères d’images issues de tous supports et de toutes époques, avec une perversité polymorphe qui plonge dans les comics, les magazines, les religions, les symboles culturels et qui traversent toute l’histoire de l’art. L’art de Shaw est un art du collage et du greffage, à la fois Pop, illustratif, surréaliste, expressionniste, conceptuel, Kitsch et inventif, de quoi parler à un large éventail d’amateurs… Ses œuvres s’exposent et se vendent majoritairement aux Etats-Unis (85% de son marché aux enchères) mais quelques-unes apparaissent parfois sur les places de marché européennes. C’est là que se font les meilleures affaires, avant que le marché américain ne fasse progresser les prix.