En Bref : Richard Serra au Qatar – Tintin au Top – 200 $ le Dali

[30/05/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Richard Serra au Qatar – Tintin au Top – 200 $ le Dali

Richard Serra au Qatar

Considéré comme l’acheteur d’art moderne et contemporain le plus puissant du monde pour ses musées, le Qatar ne lésine ni sur les expositions ponctuelles, ni sur les commandes d’envergure auprès des artistes phares du moment. Louise Bourgeois, Takashi Murakami, Adel Abdessemed, Francesco Vezzoli, Shirin Neshat et Damien Hirst font partie des artistes récemment invités dont les expositions firent date. Le Coup de Tête d’Adel Abdessemed, une sculpture de cinq mètres de haut représentant le fameux coup de tête donné par Zinedine Zidane à Marco Materazzi en 2006. fut récemment retirée de la corniche de Doha pour cause de trouble à l’ordre public, une polémique favorable à l’image de challenger de l’autorité des musées du Qatar. Aujourd’hui, la controverse porte sur Richard Serra, dont une exposition personnelle se tient à l’espace Al Riwaq de Doha (exposition du 10 avril au 6 juillet 2014). L’immense sculpteur américain Richard Serra, dont la cote flambe (+338 % sur la seul année 2013), a installé deux géants d’acier incurvés et oxydés, conçues pour désorienter le spectateur. Par ailleurs, l’Autorité des Musées du Qatar (AMQ) lui a commandé une installation monumentale et pérenne, intitulée East-West/West-East, et installée dans le désert qatari. Bien qu’il s’agisse d’une des oeuvres les plus importantes jamais réalisée par l’artiste, les réactions sont mitigées et les critiques fusent au Moyen-Orient. Contrairement à la polémique alimentée par Le coup de tête d’Adel Abdessemed, ce ne sont pas les répercutions médiatiques qui oeuvrent au rayonnement culturel qatari via cette commande, mais l’ambition même de cette installation. Grâce à elle, le Qatar se transforme en musée à ciel ouvert.

Tintin au Top

Entièrement consacrée au dessinateur belge Hergé, la vente Artcurial Paris du 25 mai 2014 a planté un nouveau record mondial pour la bande dessinée : 2,65 millions d’euros frais inclus, tel est le nouveau sommet, au double du précédent (Les aventures de Tintin et Milou. Tintin en Amérique, pour la couverture Les aventures de Tintin reporter du petit vingtième en Amérique (1932) se payait 1,33 millions frais inclus chez Artcurial le 2 juin 2012). Une telle envolée, près de 2 millions au delà de l’estimation basse après 15 minutes d’enchères, démontre combien les tintinophiles sont plus passionnés que spéculateurs.

La planche qui a battu le record entre dans la collection d’«un collectionneur privé américain et très discret» selon Artcurial. Il s’agit d’une double page à l’encre de chine réalisée pour les pages de garde des albums de Tintin publiés de 1937 à 1958. Elle y présente Tintin et son chien Milou dans 34 situations différentes. Artcurial assoie encore sa position de leader dans ce domaine spécifique de la bande dessinée (département créé en 2005) et la place de marché parisienne devrait rester leader face aux ventes belges, d’autant que Christie’s Paris s’est engagée sur la voie cette année, en organisant sa première vente dédiée à la BD le 5 avril 2014.

200 $ le Dali

Parfois, la patience paie. Il aura fallu 25 années d’efforts et de recherches à l’historien d’art Tomeu L’Amo pour faire authentifier sa toile achetée 25 000 pesetas, environ 200 $ en 1988, comme une œuvre précoce et originale de Salvador Dalí. Précoce car elle serait l’oeuvre d’un Dali âgé de 17 ans, réalisée trois ans avant la naissance officielle du surréalisme. Avant son engagement surréaliste, Dali tâtonne et se cherche comme le prouve les deux oeuvres déjà des années 1920 et 1922 déjà passées en salles. Ces oeuvres de jeunesse sont bien sûr particulièrement rares, et aucune n’a été mise à l’encan depuis 17 ans. Elles étaient accessibles à l’époque entre 220 000 et 330 000 $. Difficile de déterminer quelle pourrait être l’adjudication finale de La naissance intrautérine (c’est son titre) découverte par Tomeu L’Amo, qui s’en est déjà séparé dans le cadre d’une transaction privée. Sa rareté, l’histoire de sa redécouverte, et l’avis de l’expert Nicolas Descharnes qui annonce que cette peinture peut-être considérée comme la première œuvre surréaliste de Dalí, constituent autant d’atouts originaux pour les collectionneurs. Le record actuel de l’artiste culmine aujourd’hui à 19 292 400 $ pour un Portrait de Paul Eluard de 1929, vendu en 2011 chez Sotheby’s Londres.