En bref : PhotoEspana – Anish Kapoor – M C Escher – Madrid – Versailles – Londres

[12/06/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres. PhotoEspana – Anish Kapoor – M.C. Escher – Madrid – Versailles – Londres

PhotoEspana, l’Amérique latine et les femmes
Après avoir consacré la précédente édition à la création ibérique, le festival PhotoEspana se concentre cette fois sur la scène latino-américaine (Madrid, du 3 juin au 30 août) avec une centaine d’expositions et 395 artistes présentés, dont plus de la moitié viennent de l’autre côté de l’Atlantique. La directrice du festival, Maria Gracia Yelo, a notamment souhaité mettre en valeur des artistes sous-représentés dans le monde de l’art et puisque les hommes émergent mieux et plus rapidement que les femmes, le festival s’est naturellement recentré sur la femme, auteur ou sujet de la photographie. Outre la découverte de jeunes artistes, quelques pionnières de la photographie son à redécouvrir, comme l’italienne Tina MODOTTI et la mexicaine Lola ALVAREZ BRAVO, des personnalités clefs de la renaissance artistique mexicaine. Inspirée par Edward Henry WESTON et Tina Modotti, Lola Alvarez Bravo (1903-1993) fut une amie proche de Frida KAHLO dont elle réalisa de nombreux portraits. Aussi connue pour son travail sur la vie quotidienne de Mexico, elle fut la première photographe femme à exposer au Salón de la Plástica Mexicana. Une grande exposition (commissaire d’exposition James Oles) lui est dédiée pendant le festival. Sur le marché, les photographies les plus couteuses de Lola Alvarez Bravo s’échangent autour de 5 000 $… sa cote est donc particulièrement basse en regard de son apport à la photographie mexicaine. Pour donner une idée du fossé séparant Lola Alvarez Bravo et Manuel ÁLVAREZ BRAVO, rappelons que les clichés les plus chers de Lola le sont 50 fois moins que ceux de son ex-époux (Manuel Álvarez Bravo tient un record avec Portrait de L’Éternel, Mexico, 1935, vendue près de 309 000 $ frais inclus le 19 novembre 2010 chez Sotheby’s Paris).

Anish Kapoor et Versailles
Les expositions d’art contemporain de Versailles perpétuent la tradition historique, celle de Louis XIV qui invitait les plus grands artistes de son époque à construire Versailles. La grande différence entre hier et aujourd’hui tient dans le caractère éphémère des expositions contemporaines. Les expositions précédentes de Jeff Koons, Xavier Veilhan, Takashi Murakami, Bernar Venet, Joana Vasconcelos, Lee Ufan auront duré quelques mois, tout comme celle de Kapoor, ouverte jusqu’au 1er novembre 2015. Dans son dialogue avec ce lieu historique très chargé, Anish KAPOOR a considéré que l’intérieur du château n’avait pas besoin de “décoration”. Il a donc choisi d’agir à l’extérieur, dans les jardins de Le Nôtre et plus particulièrement dans la “Grande Perspective” qui permet de contempler le Grand Canal depuis la Galerie des Glaces. Il est aussi intervenu dans un “recoin” des jardins, le Bosquet de l’étoile, et a fait une incursion dans la salle du Jeu de Paume en-dehors du château. Certains cherchent à lancer une polémique sur l’intervention de Kapoor en se fixant sur l’installation Dirty Corner, une sculpture longue de soixante mètres et de plusieurs milliers de tonnes, en acier rouillé, entourée de blocs de marbre brut de 3 tonnes chacun.

Dirty Corner évoque une excavation physique et symbolique des entrailles de Versailles, un espace d’obscurité aux interprétations ouvertes. Les opposants font une interprétation univoque très éloignée des préoccupations de l’artiste, en surnommant l’installation géante “le vagin de la reine”… Cette œuvre semble faite pour Versailles tant elle dialogue avec le Grand Canal, le jardin et le château. Elle n’y restera pas. Kapoor a néanmoins réalisé des sculptures imposantes destinées à des expositions pérennes, dont la Porte des nuages (Cloud Gate) de Chicago, en acier poli. A Versailles, on retrouve deux sculptures en acier miroir, concave ou convexe, dont un Miroir du ciel (Sky mirror). L’amateur croisera certains Miroirs du ciel sur des salons et aux enchères, des œuvres généralement de près de trois mètres. Elles cotaient entre 400 000 et 500 000 $ il y a moins de 10 ans. Elles valent aujourd’hui deux à trois fois plus cher.

Grande rétrospective M.C. Escher à Londres
La Scottish National Gallery accueille une exposition majeure de Maurits Cornelis ESCHER (1898-1972), mieux connu sous le nom de M.C. Escher, du 27 juin au 27 septembre, à la Scottish National Gallery of Modern Art. The Amazing World of M.C. Escher propose une centaine de travaux, dont de nombreuses gravures, des travaux préparatoires et des dessins originaux d’une extraordinaire ingéniosité. Jeux de symétrie, répétition, passage d’une forme à une autre, dans le monde revisité par M.C. Escher, il fait à la fois jour et nuit, les escaliers montent et descendent, l’Est et l’Ouest s’imbriquent à en perdre le Nord et les poissons se transforment en oiseaux avec une fluidité déconcertante. Les mondes impossibles inventés par Escher fascinent le public et les expositions consacrées à l’artiste sont généralement très populaire, comme à Rio de Janeiro ou l’exposition Escher fut la plus visité du monde en 2011 ! Salué de son temps par les grands surréalistes de René Magritte (1898-1967) à Salvador Dalí (1904-1989), l’artiste est pourtant en marge de tout mouvement, affichant une grande indépendance. Il est de fait bien moins coté que les autres grandes signatures modernes : son record d’enchère ne passe pas les 205 000 $ pour une majestueuse gravure sur bois de quatre mètres (Metamorphosis II, vendue 248 000 $ frais inclus en octobre 2008 chez Sotheby’s Londres). Escher n’est pas bon marché pour autant : près de 67% de ses œuvres passent le seuil des 10 000 $.