En bref : Paul Gauguin chez Beyeler – Le nouveau record de Darger – Beatriz Milhazes à Hong Kong

[11/12/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Paul Gauguin chez Beyeler – Le nouveau record de Darger – Beatriz Milhazes à Hong Kong

Paul Gauguin chez Beyeler

La fondation Suisse Paul Beyeler réalise un nouveau tour de force avec l’exposition dédiée à Paul GAUGUIN (1848 – 1903), laquelle ouvre le 8 février 2015 pour prendre fin le 28 juin, soit un an après l’exposition Gauguin au MoMA de New York (8 mars – 8 juin 2014). Cette exposition s’annonce comme l’une des plus exaltante de l’année 2015, tant Gauguin et son œuvre sont incontournables pour les amateurs, et tant l’artiste fascine le grand public. La Fondation a réuni une cinquantaine de chefs-d’oeuvre de Gauguin provenant des musées et des collections particulières les plus renommés du monde. Des œuvres qui reviennent sur les voyages initiatiques de l’artiste, depuis la Bretagne jusqu’au « paradis terrestre » qu’il découvre à Tahiti, ce monde exotique peuplé de femmes sensuelles dans des paysages idylliques.
Gauguin fut un artiste absolument d’avant garde, un chef de file qui influença notamment Bonnard et Maurice Denis. Il fut aussi un acheteur d’art inspiré, investissant dès les années 1870 dans des œuvres de Pissarro, Manet, Cézanne, Renoir et Monet. Le succès rencontré auprès des meilleurs artistes de l’époque et le soutien de la galerie Durand-Ruel ne furent pourtant pas suffisant pour le faire vire correctement de son art. Ses expositions et ses ventes aux enchères sont généralement, de son vivant, des fiascos. Même sa compagne Annah, qui pilla son appartenant parisien, ne laissa que les œuvres sur place… Ses mêmes œuvres peuvent valoir plus de 40 m$ aujourd’hui.

Le nouveau record de Darger

Henry J. DARGER est l’un des grands artistes dits « bruts » ou « outsider » dont la cote explose. Né à Chicago, aux Etats-Unis en 1892, il est d’abord placé dans un foyer après le décès de sa mère, puis dans une institution pour handicapés mentaux à Lincoln, dont il s’enfuit à l’âge de dix-sept ans. Il loue alors une chambre à Chicago et travaille comme plongeur et nettoyeur dans des hôpitaux de la ville jusqu’en 1963. A sa mort dix ans plus tard, son logeur découvre une autobiographie de deux mille pages, et une œuvre littéraire de plus de quinze mille pages intitulée In the Realms of the Unreal (Dans les royaumes de l’irréel). Un trésor accompagné de plusieurs centaines d’aquarelles de grands formats, mettant en scène des héroïnes au sexe masculin, les Vivian Girls. Ce monde tout à la fois naïf (Darger décalquait les figures poupons des enfants dans des magazines) et terrifiant, emprunte à la bande dessinée et à la littérature enfantine du début du XXème siècle. Il raconte une Fantaisie obsessionnelle versant d’un raffinement de conte de fée vers la cruauté la plus sanglante.

Seuls 15 dessins de Darger ont été proposés en salle de ventes. Ces œuvres, qui valaient moins de 10 000 $ à la fin des années 80’, passent le seuil des 100 000 $ depuis 2013, et la hausse continue, scandée par un nouveau record enregistré chez Christie’s Paris le 2 décembre 2014. Ce nouveau record récompense l’un des dessins les plus imposants de l’artiste, une composition recto-verso sans titre de 3,3 mètres de long. L’œuvre s’est vendue au triple de l’estimation pour un résultat final de 500 000 €, soit 623 100 $ au marteau et près de 750 000 $ frais inclus. Paris détient désormais trois records mondiaux de Darger, dont le meilleur coup de marteau américain s’arrête à 75 000 $ (pour un dessin recto-verso «While inside they await developments they are cleverly Outwitted» vendu chez Christie’s New York le 27 janvier 2003).

Beatriz Milhazes à Hong Kong

L’artiste brésilienne la plus plébiscitée et la plus chère du moment, Beatriz MILHAZES, prépare activement sa première collaboration avec la White Cube, pour une exposition de nouveaux collages qui sera ouverte à Hong Kong entre mars et mai 2015. Célébrée en Occident et en Amérique latine, l’artiste bénéficie d’une bonne diffusion institutionnelle et se trouve représentée par les prestigieuses galeries que sont Fortes Vilaça (Sao Paulo), James Cohan (New York), Stephen Friedman (Londres) et Max Hetzler (Berlin). Beatriz Milhazes est encore confidentielle en Asie, malgré sa participation à la Biennale de Shanghai en 2006. Aucune de ses œuvre n’a encore été soumise dans une salle de ventes asiatiques, bien que quatre aient déjà dépassé le million de dollars aux enchères à Londres et à New York (entre 2012 et 2014). L’exposition de la White Cube permettra donc de réparer le terrain à un élargissement du marché, d’autant que son univers éclatant de couleurs devrait séduire les collectionneurs sur place.