En Bref ! Paper Positions – Fondation Carmignac
[20/04/2018]Paper Positions. Du Papier pour Berlin
Paper Positions. Le titre de ce salon berlinois annonce d’emblée l’enjeu : s’ouvrir à la pluralité créative à travers des œuvres sur papier protéiformes. Dessins, collages, découpages, pliages, livres d’artistes, œuvres écrites et créations en volume composent cette édition 2018, qui se tient dans le superbe atrium de la Deutsche Telekom Hauptstadtrepräsentanz du 26 avril au 29 avril 2018. Le format est intimiste avec 46 galeries, majoritairement allemandes, soit une sélection d’exposants venus pour la plupart de Berlin, Leipzig, Munich, Dusseldorf, Cologne, Hamburg ou Nuremberg.
Points forts du salon, Paper Positions ouvre le champ des propositions aux artistes historiques, en plus des contemporains. Ainsi, lors des précédentes éditions de la foire, les œuvres de Ernst Ludwig KIRCHNER, George GROSZ ou August MACKE côtoyaient celles de Véra MOLNAR ou Neo RAUCH. Décliner les œuvres sur papier dans leur polysémie, leur polymorphie et dans le temps… il en va ainsi de ce salon qualitatif, dont l’équipe énergique vise, après Berlin, Bâle (du 12 au 17 juin 2018), pour participer à l’effervescence du salon Art Basel, puis Munich entre le 18 et le 21 octobre. En Allemagne comme ailleurs, les œuvres sur papier circulent de plus en plus, de mieux en mieux.
Le chemin a été long avant de gagner une telle autonomie et une reconnaissance véritable. Longtemps resté associé à l’étape préparatoire, au travail préliminaire, à l’amorce d’une recherche annonçant une œuvre finale peinte ou sculptée, l’oeuvre sur papier – c’est à dire historiquement le dessin – fut abordé pendant des siècles comme une catégorie mineure, hormis chez quelques amateurs éclairés voyant en lui la véritable racine de la création. Avec le temps, la hiérarchie des genres et des catégories s’est effritée au profit d’une reconsidération de cet art. De nos jours, le dessin a pris véritablement sa place, passant de l’arrière plan à l’avant-scène dans les collections privées, les musées et les salons spécialisés. Plusieurs salons dédiés au dessin (et aux œuvres sur papier en général) ont fleuri à travers le monde ces dernières années, à Paris, Québec, New York, Berlin ou Bâle. Les sociétés de ventes organisent par ailleurs des sessions spécialisées, notamment Artcurial, Christie’s et Sotheby’s, si possible en marge des salons. L’enjeu est important car les amateurs sont nombreux, d’autant que le dessin offre une bonne alternative pour accéder à un artiste établi, voire historique, les œuvres sur papier étant moins coûteuses que celles réalisées sur toiles. De nos jours, le marché occidental du dessin représente 1 milliard de dollars chaque année aux enchères. Une proportion non négligeable qui correspond à 10% du marché de l’art en Occident.
Fondation Carmignac, le choix d’une île
Le site de la fondation Carmignac – créée en 2000 pour mettre en valeur la collection d’art contemporain d’Édouard Carmignac et le Prix Carmignac de photojournalisme – sera officiellement ouvert au début du mois de juin. La concrétisation de ce projet est l’aboutissement d’un rêve. Celui d’Édouard Carmignac, fondateur et président de la société de gestion d’actifs Carmignac Gestion et grand collectionneur d’œuvres d’art, qui a su compter sur Gaïa Donzet pour diriger sa fondation, avant de passer les rennes à son fils Charles Carmignac en janvier 2017. Cette ouverture est d’autant plus attendue que l’écrin n’est autre que Porquerolles, la plus grande des trois îles d’Or du golfe de Hyères (France). Sur cette une île protégée où la circulation automobile est interdite et la construction immobilière soumise à des règles drastiques, le chemin menant à la fondation Carmignac promet en soi un voyage hors du temps et du tumulte de la vie urbaine… Pour transformer le vieux mas provençal initial en écrin pour l’art, les travaux sur le bâtiment existant ont été confié à l’agence GMAA d’après une conception de Marc Barani, et le jardin au paysagiste Louis Benech. Niché dans la végétation, le lieu d’exposition est entouré d’oliviers, d’eucalyptus et de vignes, un espace naturel avec lequel un parc de sculptures de 15 ha doit s’harmoniser.
Les 1 500 m2 d’espaces d’expositions intérieurs accueilleront la collection Carmignac, aujourd’hui forte de 250 œuvres d’artistes aussi emblématiques que Roy LICHTENSTEIN, Keith HARING, Willem DE KOONING, Andy WARHOL ou Yves KLEIN. Le pouvoir d’attraction exercé par le cadre exceptionnel et les grands artistes à l’affiche permettra aux visiteurs de sortir des sentiers battus pour découvrir de jeunes artistes encore confidentiels, qui enrichissent chaque année la collection.
Un autre engagement complète l’histoire de la fondation : celui du Prix Carmignac du photojournalisme, dirigé par Émeric Glayse, lequel a pour « mission de soutenir chaque année la production d’un reportage photographique et journalistique d’investigation sur les violations des droits humains dans le monde. Sélectionné par un jury international, le lauréat reçoit une bourse lui permettant de réaliser un reportage de fond sur le terrain avec le soutien de la Fondation Carmignac qui finance ensuite, à son retour, une exposition itinérante et l’édition d’un livre monographique. » Le 9e Prix Carmignac est consacré cette année à l’Arctique. Il a été décerné au russe Yuri Kozyrev et au néerlandais Kadir Van Lohuizen, de l’agence NOOR, pour leur projet de double expédition polaire sur les conséquences de la fonte de la banquise (Arctique : Nouvelle frontière). De la Russie, à la Norvège, au Groenland, au Canada, à l’Alaska, chacun explorera pendant six mois sa zone d’investigation avant de se rejoindre en septembre dans le détroit de Béring, une expédition rendue possible grâce à une bourse de terrain de 100 000€.