En Bref ! Munch au Bristish Museum – Claude Lalanne – Lee Ufan

[26/04/2019]

Edvard Munch au British Museum

L’artiste norvégien Edvard MUNCH a créé l’une des images les plus iconiques de l’Histoire de l’Art : Le Cri (une série de cinq œuvres réalisées entre 1893 et 1917) a été maintes fois repris et détourné à travers les générations. Une version au pastel de ce Cri, qui condense toute l’angoisse existentielle de l’être humain, défrayait la chronique en 2012, en devenant à l’époque l’œuvre la plus chère de l’histoire des enchères, à près de 120 m$ (vente Sotheby’s du 2 mai 2012).

Considéré comme un grand précurseur de la peinture expressionniste au même titre que Van Gogh, Munch appelait à “un art qui arrête et engage”, un art subversif ne craignant pas l’intensité émotionnelle. L’expérience de l’anxiété et la maladie furent des moteurs de sa création, son “gouvernail”. Le British Museum lève le voile sur la vie de cet artiste hors-norme et propose la plus grande exposition de ses estampes au Royaume-Uni depuis 45 ans, avec la complicité du musée Munch à Oslo (exposition Edvard Munch. Love and angst, jusqu’au 21 juillet 2019).

Pendant les 10 premières années de sa carrière, Munch s’est concentré sur la peinture. Il a commencé à produire des estampes autour de 1894, avec des techniques innovantes, une utilisation audacieuse de la couleur et un choix de sujets anti-conventionnels. Son travail de l’estampe l’a révélé comme l’un des premiers artistes véritablement modernes.

Près de 3 000 planches de l’artiste sont passées en salles de ventes sur les 30 dernières années et certaines valent des fortunes. Le marteau est tombé à 19 reprises au-delà du million pour ces feuilles, dont un sommet atteint en 2013 pour une pointe sèche et aquatinte de 1896 représentant une jeune femme de dos sur le rivage. Young Woman on the Beach s’arrachait à l’époque pour 3,2 m$ (Christie’s New York, le 20 mars 2013). Silhouette flottante au-dessus du sol, cette “apparition” traduit la ligne ondulante si caractéristique de Munch, une ligne qui “correspond au pressentiment que j’avais des ondes de l’éther, au sentiment du contact existant entre les corps […] À cette époque la télégraphie sans fil n’était pas découverte” confie-t-il dans ses écrits. Si les meilleures lithographies du Cri, de Madone, de Vampire, de Sur le pont passent les deux millions en salle, quelques planches moins désirables sont toujours accessibles pour moins de 10 000 $.

Claude Lalanne (1925-2019)

La célèbre sculptrice française connue pour son mobilier onirique s’est éteinte à Fontainebleau à l’âge de 93 ans. Celle qui s’attachait à enrichir la vie en injectant de l’art dans le quotidien laisse une œuvre sculpturale à l’empreinte forte…

Après avoir étudié l’architecture aux Beaux arts de Paris puis à l’École des Arts Décoratifs, Claude se marie avec François-Xavier Lalanne avec qui elle travaillera en duo à partir des années 1960. Baptisé “Les Lalanne” le couple crée un bestiaire où les moutons deviennent sièges ou banquettes, où l’hippopotame s’ouvre en baignoire, le babouin se transforme en cheminée, le rhinocéros en bureau. À ces associations surréalistes de formes et de fonctions répondent les assemblages de Claude, qui moule les corps, les feuilles, les pommes, les choux, pour ensuite les combiner. En contradiction avec l’abstraction qui domine le monde de l’art de l’époque, cette approche leur vaudra un grand succès en duo comme en solo.

Claude fit l’admiration des plus grands collectionneurs, dont Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Le Miroirs aux branchages qu’elle réalisa pour une de leurs résidences a été valorisé à plus de 2,3m$ lors de la dispersion d’une partie de leur collection chez Christie’s à Paris en 2009. Plus récemment, la maison Christian Dior fit appel à ses talents pour dessiner la collection de bijoux de son défilé printemps-été 2017. Cette même année, son magnifique Bureau Crocodile en bronze patiné en vente chez Sotheby’s passait le seuil des deux millions… La poésie de Claude Lalanne a toujours été considérée et valorisée comme une œuvre unique, capable de marier sculpture et fonctionnalité comme personne d’autre.

Lee Ufan. Habiter le Temps

Une première rétrospective française consacre le travail de l’artiste Sud-Coréen Lee UFAN. Le Centre Pompidou Metz relève le défi et nous plonge dans son univers méditatif et poétique avec un corpus de 35 œuvres.

Formé au Japon, Ufan LEE se rattache à la mouvance “Mono-Ha” (l’École des choses) donnant la parole à la matière, à l’espace et au temps. Cette exposition permet d’appréhender les phases successives ou concomitantes de son travail, depuis les premières réalisations de la fin des années 1960 jusqu’à ses créations les plus récentes. Ses œuvres, silencieuses et contemplatives, sont des expériences en soi, jouant avec les contraires et les contrastes (apparition/disparition, solide/fragile, lisse/rugueux, etc…). L’exposition du Centre Pompidou Metz réunie ses séries les plus connues – From Points, Line, Winds, Correspondance, Relatum – et des oeuvres rarement montrées. Pour parfaire cette balade contemplative, une bande son créée par le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto habite les espaces : sons de gouttes d’eau, de verre ou de métal.

Plébiscité par les plus grands musées, représenté par d’influentes galeries dont la parisienne Kamel Mennour et la New-yorkaise Pace, l’artiste bénéficie d’une grande reconnaissance internationale, surtout depuis sa première exposition à la Biennale de Venise en 2007. Les collectionneurs inspirés ayant acquis son travail à l’époque peuvent se féliciter : 100 $ investis en 2007 sur son oeuvre valent aujourd’hui 579 $ en moyenne, ce qui constitue une hausse de son indice de prix de + 479 % en une dizaine d’années. Son marché se concentre aujourd’hui sur la Corée du Sud et Hong Kong (80% de son produit de ventes), mais les rares œuvres mises aux enchères en France sont très prisées. Elles ne seraient l’être moins en regard de l’actualité.