En Bref ! Les grandes ventes de mai – Thomas Houseago au Mam de Paris

[29/03/2019]

Monet, Modigliani, Bouguereau… les meilleures œuvres à venir en mai

Les ventes new-yorkaises de mai annoncent des enchères électriques. De Monet à Bouguereau, voici une sélection des plus beaux lots…

Une longue rangée de meules de foin se dresse dans un champs au coucher du soleil, dans une palette de pastels chère à Claude MONET. Le motif est si connu qu’il pourrait servir de logo pour représenter le mouvement impressionniste ! C’est la série la plus connue de l’artiste : sur les 25 peintures qu’il a fait de ce sujet, seules huit Meules de foin restent en mains privées. L’une d’elle, datée de 1891, sera présentée le 14 mai 2019 chez Sotheby’s à New York. Déjà vendue en 1986 pour 2,53 m$, l’oeuvre fut la propriété de Bertha et Potter Palmer, de richissimes collectionneurs américain qui ont acheté ces Meules par l’intermédiaire de Paul Durand-Ruel en 1891, juste après la mythique exposition de Monet dans la galerie parisienne du marchand. Les Palmer sont un couple fondateurs dans l’identité économique et artistique de Chicago. Leurs donations ont d’ailleurs constitué au fil du temps le noyau dur des collections de l’Art Institute, qui détient le plus grand nombre d’œuvres de cette série. On estime qu’au cours de sa vie, Bertha Palmer a été la bienheureuse propriétaire de près de 90 œuvres de Monet. Les Palmer revendaient en général leurs toiles peu de temps après les avoir acquises, mais cette dernière oeuvre fut conservée par la famille après la mort de Bertha en 1918. Sotheby’s mise gros avec cette prestigieuse provenance dont l’estimation basse de 55 m$ a déjà fait couler beaucoup d’encre…

La vente Sotheby’s de mai compte d’autres toiles de qualité muséale, dont un superbe Mousquetaire (1968) de Picasso qui pourrait bien excéder la performance d’un autre Mousquetaire (à la pipe) vendu 30 m$ en 2013. Autre chef-d’oeuvre incontournable : La Jeunesse de Bacchus, une huile sur toile William BOUGUEREAU estimée entre 25 et 35 m$ devrait profondément réviser le record de l’artiste, qui plafonne à 3,5 m$ depuis la vente de La Charité en 2000 chez Christie’s. La jeunesse de Bacchus est un chef-d’oeuvre du genre, un monument de plus de six mètres par trois, resté aux mains des héritiers de l’artiste et n’ayant été prêté qu’en de rares occasions pour des rétrospectives.

Christie’s n’est pas en reste avec la vente de la collection de Drue Heinz (1915-2018), le 13 mai prochain à New York, en fer de lance de leur 20th Century week. Légendaire philanthrope et généreuse mécène pour les arts visuels et la littérature, celle qui fut pendant des années l’éditrice de The Paris Review amassa, tout au long des 30 ans de son mariage avec Jack Heinz (magnat du conglomérat agro-industriel Heinz), une collection digne des plus grands musées, centrée sur les grands artistes modernes. Parmi les chefs-d’œuvre de cet ensemble figure le portrait de Lunia Czechowska (à la robe noire) de Modigliani, peint un an avant sa mort, estimé entre 12 et 18 m$. On retrouve dans ce portrait toutes les influences de Modigliani, de l’élongation toute renaissante des corps à l’intérêt pour les arts tribaux et africains dans le masque du visage. Sur les murs des différentes demeures de Drue Heinz se trouvaient également un rare pastel, Course de taureaux, dessiné par un tout jeune Picasso de 18 ans (estimation entre 4 et 6 m$) ou encore le Nu à la fenêtre de Matisse, peint dans l’explosion de couleurs d’une terrasse niçoise en 1929.

Les vacations du mois de mai promettent de belles batailles d’enchères et tous les acteurs du marché seront attentifs aux résultats, qui servent de baromètre pour le reste de l’année.

Thomas Houseago. Almost Human

Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, 15 mars-14 juillet 2019

Sculpteur majeur de la scène internationale, Thomas HOUSEAGO (né en 1972) expose une trentaine d’œuvres puissantes au musée d’Art Moderne de la ville de Paris, l’écrin parfait pour l’expression de son immense talent… Né Leeds et diplômé du Central Saint Martins college of Art & Design de Londres, c’est L’Homme pressé, sombre colosse issu de la collection François Pinault qui le révèle au grand public lors de la Biennale de Venise en 2011. Plus récemment, au Grand Palais à Paris, il présentait l’Homme qui marche en hommage à Rodin dans l’exposition du centenaire du maître français de la sculpture en 2017. Très expressionniste, son travail en impose par la présence physique de matériaux souvent bruts, parfois nobles (bois, plâtre, bronze, métal) mais exprimant toujours force et fragilité. Sculpteur de bustes, têtes, colosses debout ou en équilibre, assis ou couchés, Thomas Houseago dessine sur les corps comme sur ses tableaux des visages énigmatiques, sortes de vanités contemporaines.

Les espaces du rez-de-chaussée du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris sont investis de manière chronologique. Dans un premier espace, on découvre les sculptures anthropomorphes en plâtre de ses débuts. Puis des sculptures hybrides et expérimentales. La troisième salle est consacrée à L’Homme pressé. Cet imposant géant de bronze prend possession de la verticalité des lieux, contré par l’horizontalité de la sculpture couchée Wood Skeleton I (Father) et de la longue frise murale de la série Black Paintings. L’exposition se termine dans un espace immersif dédié à la présentation de Cast studio réalisée spécialement pour l’événement, accompagnée d’un film et de photographies retraçant la conception de cette sculpture moulée dans l’argile, et transcrit la dimension intrinsèque et performative de ses œuvres. L’œuvre Striding Figure II installée dans le bassin de l’esplanade met un point final à cette immersion parfois vertigineuse de sa période la plus sombre vers la lumière.

Présent dans de nombreuses collections publiques et privées, notamment aux Etats-Unis où il réside depuis 2003, et au Royaume-Uni où il est né, cette star de l’art contemporain fut tôt découverte par le galeriste bruxellois Xavier Hufkens. Il est aujourd’hui également représenté par la célèbre galerie Gagosian. Présent sur le second marché depuis 2010, sa croissance fut exponentielle en très peu de temps : il passait déjà le cap des 100 000 $ en 2011, puis des 200 000 $ en 2012. La dernière œuvre signée Houseago passée aux enchères provenait de la collection de George Michael dispersée le 13 mars dernier chez Christie’s à Londres (Portrait, vendu 91 200$). Les sculptures de l’artiste ne sont pas rares sur le marché puisqu’on en dénombre en moyenne une tous les trois mois. Il faut s’armer d’un budget minimum de 30 000-40 000$ pour entrer dans la compétition et espérer emporter un exemple de son oeuvre déjà reconnue et très demandée.