En bref : Le Top 3 moderne de Sotheby’s – Christie’s à Shanghai – Art Latino américain à suivre

[14/11/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Les Schiele de novembre – Christie’s à Shanghai – Art Latino américain à suivre

Le Top 3 moderne de Sotheby’s

Le 4 novembre 2014, Sotheby’s réalisait à New York sa meilleure vente d’art impressionniste et moderne : un résultat de plus de 422 millions de dollars avec frais, grâce à des enchères portées depuis 40 pays mais grâce, surtout, à trois chefs-d’oeuvre qui, sous les noms de Giacometti, Modigliani et Van Gogh, ont généré plus de la moitié des recettes de cette vente de prestige (plus de 233 millions de dollars, soit 55 % du chiffre d’affaires).Il s’en est fallu de peu pour qu’Alberto GIACOMETTI ne renouvelle un record d’enchère tenu depuis 2010 par l‘Homme qui marche I (vendu 92,5 m$, soit 103,6 m$ par Sotheby’s Londres le 3 février 2010). Son chef-d’oeuvre de bronze, Le Chariot, offrait en effet les atouts requis pour devenir son œuvre la plus valorisée sur le marché : conçue en 1950, cette femme filiforme juchée sur un char aux roues immenses est une rareté dont il existe six exemplaires, et dont deux seulement étaient encore en mains privées. L’oeuvre, estimée 100 millions de dollars et garantie à son propriétaire, n’a suscité qu’une seule enchère. Le seuil des 100 millions n’est pas passé au marteau mais avec les frais acheteurs (adjudication à 90 millions).
Deuxième meilleur résultat de cette soirée : la Tête (1911-1912) taillée dans la pierre par l’Italien Amedeo MODIGLIANI, estimée plus de 45 millions de dollars, a suscité plus de mouvements. Cédée 63 m$, elle tient désormais le nouveau record de l’artiste, contre l’huile sur toile La Belle romaine (Nu assis sur un divan (la belle romaine), adjugée 61,5 m$, près de 69 m$ avec frais, Sotheby’s le 2 novembre 2010). Ce type d’oeuvre, aussi rare que belle, affiche une progression de 35 % sur les quatre dernières années. Une Tête similaire (bien que légèrement plus petite) se vendait en effet 16,3 millions de moins en 2010.
Le troisième résultat phare de Sotheby’s est tenu par un bouquet de fleurs peint par Vincent VAN GOGH quelques semaines avant sa mort en 1890. Explosif de couleurs, Nature morte, vase aux marguerites et coquelicots passe une estimation haute de 50 m$, se frappe à 55 m$ et se paie finalement plus de 61,7 m$ avec les frais. L’artiste néerlandais renoue ainsi avec des niveaux de prix qui n’avaient plus été atteint depuis fort longtemps. Il faut en effet remonter à 1998 pour voir une œuvre se vendre plus de 50 m$.

Le Top 3 moderne de Christie’s

Suivant la grande vacation moderne Sotheby’s, Christie’s donnait sa vente impressionniste et moderne de prestige le 5 novembre avec un résultat nettement moins spectaculaire que celui de sa rival : 165,6 millions de dollars avec frais lorsque Sotheby’s affiche plus de 422 millions au compteur. Un seul des 39 lots offerts par Christie’s a passé le seuil des 50 millions de dollars, et non des moindre… Il s’agit de l’un des dernier chef-d’oeuvre d’Édouard MANETqui se trouvait encore en mains privés : Le Printemps, portrait de l’actrice Jeanne Demarsy de profil, chapeautée et portant ombrelle, fut peint en 1881. Il fut vendu en 1909 par la galerie Durand-Ruel au colonel Oliver H. Payne à New York et n’avait pas quitté la famille depuis. Six enchérisseurs se sont battus pour ce joyau finalement emporté par le marchand Otto Naumann a 58 m$, soit 65,1 millions avec frais. L’oeuvre vient enrichir les collections du Getty Museum de Los Angeles.

Outre Le Printemps, aucune œuvre n’a passé le seuil des 10 m$ mais les deux autres résultats phares de cette vacation n’en sont pas loin : la Stèle III en bronze d’Alberto Giacometti enterre de plus de 2 millions l’estimation haute et change de propriétaire pour 8,7 millions au marteau (9,9 m$ frais inclus), lorsque la Tuilerie à Mont-Roig, toile d’un Joan MIRO âgé de 25 ans, affiche un bon score à 7,6 millions, soit 8,6 m$ avec frais. Les collectionneurs se battent désormais pour des oeuvres de jeunesse de Miro, dont une œuvre au surréalisme biomorphique typique doublait son estimation le même jour : Sans Titre, une gouache de 1939, estimée entre 400 000 et 600 000 $ est finalement vendue 1,2 millions frais inclus.

Art Latino américain à suivre

Le 24 Novembre 2014, Sotheby’s présente à New York la plus importante collection d’art latino-américain jamais proposée en vente aux enchères. Le prestigieux propriétaire de cette collection était Lorenzo H. Zambrano, chef d’entreprise mexicain, ancien président directeur général de Cemex, l’une des plus grandes entreprise de production de ciment au monde, décédé le 12 mai 2014 à Madrid. Monsieur Zambrano a réuni les plus grands noms de l’art mexicain du XXème siècle – dont Diego RIVERA, Rufino TAMAYO, Francisco TOLEDO, Leonora CARRINGTON et Remedios Lizarraga VARO – ainsi que d’autres chefs-d’oeuvre représentatifs de la scène latino-américaine. L’ensemble de la collection proposée aux enchères pourrait générer entre 30 et 40 millions de dollars, soit la plus haute estimation pour une vente de ce type.
Une toile muséale de Diego Rivera, mesurant plus de deux mètres et demi, est susceptible de rafraichir le record actuel de l’artiste, record tenu depuis 1995 par la toile Baile en Tehuantepec (adjugée 2,8 m$ par Sotheby’s le 17 mi 1995). Très attendues aussi : une Nature morte de Rufino Tamayo estimée 3 à 4 m$ et un bijou surréaliste de Leonora Carrington – la Tentation de Saint Antoine qui pourrait signer le nouveau record de l’artiste entre 1,8 et 2,2 m$. Par sa qualité et sa cohérence, cette vente d’art latino-américain s’annonce comme une vacation historique dans le domaine.