En bref : La Tefaf – Maastricht – New York – Gérard Fromanger – Beaubourg – Dubuffet

[11/03/2016]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : La Tefaf – Maastricht – New York – Gérard Fromanger – Beaubourg – Dubuffet

La Tefaf, c’est à Maastricht, et bientôt à New York
The European Fine Art Fair, plus communément appelée Tefaf, la plus prestigieuse foire du monde, ouvre ses portes du 11 au 20 mars 2016, toujours avec la vision transversale qui fait sa sève, croisant 7 000 ans d’histoire de l’art. La Tefaf se veut un rendez-vous d’excellence avec le meilleur des antiquités, des objets, du mobilier, des bijoux, de l’art moderne et de l’art contemporain. Les antiquités grecques et romaines s’exposent au même titre que les chefs-d’oeuvre de Durer, Rembrandt, Fra Bartolommeo, Rubens, Paul Cézanne, Salvador Dalí ou Yayoi Kusama… Pour éviter de se perdre dans une offre si pléthorique, la foire est compartimentée en fonction des spécialités exposées, avec le même objectif : exposer les meilleurs professionnels possibles. La sélection des 269 galeries venues du monde entier (20 pays) est guidée en premier lieu par le plus haut niveau d’exigence. En témoigne le florilège d’oeuvres dont La liberté éclairant le monde de Frédéric Auguste Bartholdi (galerie Bailly), un Portrait de jeune homme de Théodore Géricault (chez Jean-Luc Baroni), un Eternel Printemps de Rodin (Bowman sculpture), un superbe Concetto Spaziale rouge de Fontana (galerie Cardi) ou une rare sculpture de Jean Dubuffet (Waddington Custot).
La Tefaf a traditionnellement lieu à Maastricht (Pays-Bas) chaque année, depuis 29 ans. Son importance sur le marché européen n’est plus a démontrer depuis longtemps, et pour éviter le ronron d’un rendez-vous si bien rodé, Patrick van Maris, le nouveau directeur général de la Tefaf, a annoncé son déploiement prochain via deux nouvelles foires à New York, cœur du marché de l’art mondial. La première édition new-yorkaise aura lieu du 22 au 27 octobre 2016 à la Park Avenue Armory.

Gérard Fromanger à Beaubourg
Gérard FROMANGER a déjà exposé à Beaubourg… C’était en 1977, dans le cadre de Guillotine et Peinture : hommage à François Topino Lebrun. Le même musée lui consacre aujourd’hui une rétrospective majeure, jusqu’au 16 mai 2016. Artiste essentiel de la Figuration Narrative, un mouvement français né officiellement en 1965, Jean DUBUFFET est décrit par le commissaire de l’exposition, Michel Gauthier, comme “une figure assez rare et singulière”. Le même Michel Gauthier insiste sur l’équilibre que l’artiste a su trouver, dans un travail déployant une véritable conscience politique, tout en refusant d’être réduit à ce seul engagement politique. Il parle d’une “peinture à la fois ouverte sur le monde et pleinement consciente d’elle-même”, évoque son amitié avec Jacques Prévert, ses références à Mai 68, à Jean-Luc Godard, Gilles Deleuze, Michel Foucault et Félix Guattari. Chez Fromanger, l’art a inévitablement un rôle social à tenir… et il tient son rôle à travers des paysages urbains, organisés comme des collages.
Cette rétrospective est importante pour permettre au public de redécouvrir une œuvre restée trop confidentielle. Confiné au marché français, l’art de Fromanger reste majoritairement abordable, avec plus de 60 % des œuvres accessibles pour moins de 500 $ (ceci concerne les estampes). L’artiste a néanmoins passé le cap des 100 000 $ à deux reprises (frais inclus), en 2012 et en 2014, pour des toiles de 1971 représentant des silhouettes rouges dans la ville. Le rouge est en effet une constante de l’oeuvre, un fil conducteur convoquant cette phrase de son ami Jacques Prévert : “Une image rouge, rouge massacre, génocide, rouge Vietnam, rouge escalade, rouge Soledad, rouge Guevara”. Pour l’heure, Gérard Fromanger n’a pas percé le marché américain, ni même britannique, bien qu’il exposa une œuvre à la Royal Academy of Arts de Londres en 2002.

Rétrospective Dubuffet en Suisse
Ouverte le 31 janvier dernier, l’exposition Jean Dubuffet. Métamorphoses du paysage de la Fondation Beyeler offre le meilleur du père et théoricien de l’Art Brut, à voir jusqu’au 8 mai 2016. L’exposition s’inscrit en droite ligne d’une histoire féconde entre Dubuffet et Ernst Beyeler, son galeriste pendant des années. 26 ème artiste le plus performant du monde aux enchères en 2015, Jean DUBUFFET gagne 34 places au classement annuel grâce à une vente hors normes réalisée à New York en mai 2015. L’oeuvre en question s’intitule Paris Polka : il s’agit d’une grande toile de 1961, présentée par Christie’s comme l’une des meilleures œuvres connues de Dubuffet, d’où une estimation annoncée “autour de 25 m$”. Le pari était risqué compte tenu du fait que l’artiste n’avait jamais passé le seuil des 10 millions aux enchères auparavant… Mais l’oeuvre étant aussi exceptionnelle que la vente curatée dans laquelle elle se trouvait incluse (Looking forward to the past), elle a tenu sa promesse, pour un prix final de 24,8 m$. Avec la vente de cette œuvre majeure, le record de l’artiste français a gagné plus de 17 millions en un an (Cité Fantoche, 7,4 m$ chez Sotheby’s New York, le 11 novembre 2014). La prise de valeur globale des œuvres de Jean Dubuffet est de l’ordre de +161 % entre 2000 et 2016, pour un marché plus actif aux Etats-Unis (51% du marché) qu’en France (20%).