En bref : La céramique de Picasso – Les récents 53 m$ de Claude Monet – Le Vermeer de l’été

[04/07/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : La céramique de Picasso – Les récents 53 m$ de Claude Monet – Le Vermeer de l’été

Combien la céramique de Picasso ?

Désuet la céramique ? Certainement pas pour les nombreux amateurs de Pablo PICASSO, rassemblés autour de 150 lots en terre cuite du maître, le 26 juin 2014 chez Christie’s à Londres. Picasso devint céramiste comme il fut peintre, sculpteur, graveur, assembleur, dans une boulimie expérimentale rassasiée à Vallauris, boulimie qui le conduisit à créer près de 600 pièces à partir de la fin des années 40. Ces oeuvres sur terre, qui prennent parfois l’allure de véritables sculptures, se sont raréfiées depuis l’arrêt de la production par l’atelier Madoura et apparaissent depuis comme un investissement prometteur. Le prix de certaines pièces a doublé, triplé voire décuplé sur une génération… Légitime, puisque certaines s’avèrent être des exercices qui relèvent autant de la peinture que de la sculpture, parfois d’un dialogue entre la forme peinte et la forme imposée de l’objet, celle d’un vase par exemple, dont les renflements sont prétexte à épanouir les formes sensuelles de quelques corps féminins. Picasso expérimente aussi dans la répétition. Il traitera plusieurs fois, par exemple, celui appelé « Grand vase aux femmes voilées » . Ce sujet peint sur vase faisait déjà grimper les enchères entre 90 000 et 100 000 $ à la fin des années 90. Le même type d’oeuvre peut passer le million aujourd’hui. Car Picasso est aussi millionnaire en céramique. Il l’est même à quatre reprises si l’on considère le prix des oeuvres frais acheteurs inclus. La vente Christie’s du 26 juin n’offrait pas d’oeuvres si prestigieuses, mais l’occasion de s’offrir des pièces originales dans un budget compris entre 2 000 et 15 000 $. Des Picasso abordables.

Les récents 53 m$ de Claude Monet

Le 23 juin 2014 à Londres, Sotheby’s adjugeait une œuvre de Claude MONET pour l’équivalent de 47,3 m$, une coquette somme inscrivant une version de Nymphéas peinte en 1906 comme le second meilleur résultat du maître impressionniste aux enchères. Partie dans son estimation, la toile se paie au final l’équivalent de 53,1 m$ frais inclus. Claude Monet est une telle référence pour l’art et son marché que l’acquéreur n’a pas hésité à débourser 28,3 millions de dollars de plus que la valeur de cette toile en 2000. Car ces fameux Nymphéas ont déjà affronté les enchères, chez Christie’s New York, le 8 mai 2000, sous le numéro de lot 21, et ils atteignaient à l’époque 19 m$ (20,9 m$ frais inclus), un résultat sous l’estimation basse. La série des Nymphéas, réalisée à Giverny durant les trente dernières années de sa vie est la plus recherchée et la mieux cotée de Monet.

Elle se compose de quelques 250 toiles à la lisière de l’abstraction, dont une soixantaine sont passées en salles ces vingt dernières années, et trois depuis le début de l’année 2014 : un fragment de Nymphéas de 73 cm, flirtant avec les 500 000 $ à Londres (vente Christie’s du 5 février), une toile de 1907 payée 27 m$ frais inclus à New York (Christie’s, le 6 mai) et cette toile du 23 juin, déjà réservée pour l’exposition à venir sous le titre « Painting the Modern Garden: From Monet to Matisse », laquelle se tiendra au musée d’art de Cleveland et à la Royal Academy of Arts de Londres du 10 octobre 2015 au 11 avril 2017.

Le Vermeer de l’été

Il est attendu à Londres comme un grand événement car il n’existe plus aujourd’hui que 37 oeuvres de Jan VERMEER VAN DELFT, en tout et pour tout. Celui-ci, une Sainte Praxèdis de 1655 peinte à l’huile sur 101,6 x 82 cm a été récemment authentifié après des années de recherches et de débats. L’estimation de 10 à 13 m$ ( 6 à 8 m£) fourni Christie’s pour sa vente Maîtres anciens du 8 juillet 2014 est un point de départ, un point de repère qui pourrait être largement dépassé tant la possibilité d’enchérir sur une toile du maître du Siècle d’or hollandais est rare. L’occasion ne s’est en fait présentée qu’une seule fois en 30 ans, en 2004, à Londres également, avec une Jeune femme assise au virginal, aussi précieuse que son format de 25 x 20 centimètres. Cette petite huile estimée autour de 5 m$ fut finalement achetée pour près de 30 millions frais inclus (Young Woman seated at the Virginals est adjugée 14,5 m£, 16,2 m£ frais inclus le 7 juillet 2004 chez Sotheby’s). Sainte Praxèdis serait par ailleurs une œuvre historique, la plus ancienne connue de Vermeer, un argument supplémentaire, s’il était nécessaire, pour que cette toile décolle.