En bref : Kapoor et Versailles – India Art fair – Marina Abramovic en hausse

[09/01/2015]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Kapoor et Versailles – India Art fair – Marina Abramovic en hausse

Kapoor et Versailles

A 60 ans, il ne manquait à l’artiste britannique d’origine indienne Anish KAPOOR que le faste de Versailles. Cet artiste majeur, lauréat du Turner Prize en 1991, honoré en tant que Membre de la Royal Academy depuis 1999 et Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique depuis 2003, sera le roi des jardins versaillais entre juin et octobre 2015. Uniquement les jardins. Tel est le choix affiché par l’artiste et les commissaires – Alfred Pacquement, ancien directeur du MNAM (Musée national d’art moderne) et Jean de Loisy, actuel patron du Palais de Tokyo – sans dévoiler plus avant le projet.
Plébiscité dans le monde entier, l’oeuvre d’Anish Kapoor est particulièrement appréciée en France. Souvenez-vous de son spectaculaire Léviathan, installé sous la nef du Grand Palais au coeur de Paris, qui attira plus de 277 000 visiteurs en 2011… un taux de visites record.
Par-delà les honneurs, les récompenses et les expositions prestigieuses accélérant leur rythme depuis 10 ans, Anish Kapoor est l’un des artistes contemporains les plus recherchés par les collectionneurs. Pas une grande foire internationale sans ses œuvres, tandis que les maisons de ventes bataillent pour obtenir des pièces importantes. L’artiste a déjà passé le million à plus de 30 reprises aux enchères, de Londres a New York, et une fois à Doha. Ses pièces les plus cotées sont des espaces aptes à basculer le regard vers d’autres perceptions, sensorielles et psychiques, au moyen de sculptures d’albâtre, de métal ou de pigments de couleur pure. Comme avant chaque exposition majeure, le marché d’un grand artiste se contracte. Collectionneurs et marchands conservent leurs œuvres pour les distiller sur le marché au bon moment. Après cette année 2014 chiche en œuvre importante de Kapoor, nous pouvons nous attendre à un nouvel élan en salles de ventes en 2015.

India Art fair

La 7ème édition de l’India Art Fair (IAF) se profile à New Delhi (29 janvier-1er février 2015). Cet événement majeur de l’agitation culturelle en Inde fut lancé en 2008, une année importante pour le marché de l’art mondial, qui sombrait dans une immense défiance après des années euphoriques sur les scènes émergentes asiatiques. La première IAF ouvrait en effet au moment de la chute de Lehmann brothers, dans une période particulièrement difficile pour construire les fondations d’un nouveau grand rendez-vous artistique et marchand.

Mais Delhi et sa foire tiennent bon, car la scène créative est aussi vive que la curiosité des amateurs d’art sur place. Elle tient aussi bon parce que les infrastructures culturelles se sont considérablement densifiées sur place et que les projets se multiplient. Elle tient bon, enfin, parce que les acteurs internationaux du monde de l’art portent une attention toute particulière à la scène indienne depuis des années et que cet intérêt ne saurait s’essouffler.
D’autant que cette foire ne s’arrête pas aux artistes indiens. Elle explore l’Asie du Sud, et notamment le Pakistan, qui bénéficie depuis longtemps d’une bonne tribune en Inde. Le nom de quelques artistes pakistanais contemporains ont déjà fait le tour du monde, particulièrement celui de Rashid RANA (né en 1968), dont les photographies se sont d’abord arrachées à Hong Kong avant de se vendre à Londres, New York ou encore Doha. Rana, qui procède par micro-incrustations de détails photographiques, signait ses records d’enchères en 2008, avant la fameuse chute de Lehmann brothers. Les prix s’étaient agités vite, trop vite, gonfler par l’euphorie des nouveaux marchés. Six ans plus tard, les cotes se construisent plus sereinement, dans une visibilité ‘glocale’ a laquelle participe la IAF.

Marina Abramovic en hausse

Marina ABRAMOVIĆ exposera bel et bien au Museum of Contemporary Art de Sydney (MCA) en 2016. Elle exposera tout ou presque, depuis ses débuts : archives, photos, vidéos, sculptures, installations… et elle s’exposera elle-même, dans le cadre de performances très attendues. Marina Abramovic performe depuis 40 ans. Depuis 40 ans elle est la chair et le temps de son œuvre, redéfinissant ses propres limites physiques, psychiques, émotionnelles, redéfinissant aussi les rapports de pouvoir et de dépendance, qu’ils soient sociaux, artistiques ou publiques. A l’instar d’autres artistes de l’art corporel, elle n’affiche pas une cote à la mesure de son importance dans l’histoire de l’art. Mais ses prix grimpent indéniablement. Les trois dernières photographies soumises en salles ont d’ailleurs explosé leurs estimations pour signer trois nouveaux records (septembre-octobre 2014, Paris et New York). Bien que sa meilleure ne s’élève qu’a 85 000 $ – avec Carrying the Skeleton (2008) – les photographies issues des performances les plus célèbres affichent de plus en plus fréquemment des résultats à cinq chiffres. Une grande rétrospective telle que celle du MCA est aussi un évènement porteur pour l’ascension de la cote.