En bref : Joseph Cornell – Francis Bacon – Gerrit van Honthorst

[24/01/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Joseph Cornell – Francis Bacon – Gerrit van Honthorst

Joseph Cornell, surréaliste américain à Lyon

Le musée des beaux-arts de Lyon tient jusqu’au 10 février 2014 l’exposition Joseph Cornell et les surréalistes à New York, une véritable découverte pour les amateurs français d’art surréaliste, tant Joseph CORNELL est confidentiel en France en regard des autres figures tutélaires du genre. Pourtant, ce pionnier du collage, du montage et de l’assemblage fut l’ami et parfois le collaborateur d’artistes tels que Salvador DALI, Marcel DUCHAMP, Max ERNST et MAN RAY, installés à New York dans les années 40.
D’une grande densité, l’exposition lyonnaise présente 269 œuvres, dont une sélection de boites, ces petits trésors renfermant quelques juxtapositions poétiques dont l’artiste commence le travail en 1931. L’année suivante, il expose à la galerie Julien Levy de New York, qui devient le fief du surréalisme à New York. Aujourd’hui, ces mêmes petites boites sont des denrées recherchées essentiellement par les américains sur le marché (le marché de Cornell est à 96 % américain et 1,6 % français en terme de recettes). Ces œuvres délicates, qui s’échangeaient pour moins de 5 000 $ dans les années 80, cotent entre 150 000 et 450 000 $ en moyenne aujourd’hui. Leur rareté et leur poids dans l’histoire de l’art du XXème siècle (sans compter leur influence sur certains grands artistes contemporains) ont fini de réconcilier la cote de Cornell avec celle d’autres surréalistes. L’artiste ne signait-il pas en effet un record d’enchère de 4,2 m$ en 2013 pour une boite dont l’estimation fournie était huit fois moindre ? (Magic Soap Bubble Set réalisée en 1940, est partie pour 4,82 m$ frais inclus le 15 mai 2013 chez Christie’s New York). Cette exposition fera encore des émules en 2014, puisqu’une version remaniée est prévue du 7 mars au 8 juin 2014 au Fralin Museum of Art (Virginie, USA).

Bacon chez Christie’s

Après un triptyque de Francis BACON vendu pour 127 m$ en 2013 (Three Studies of Lucian Freud, 142,4 m$ frais inclus le 12 novembre), et le nom de l’acquéreur de cette œuvre – la plus chère de l’histoire des enchères – récemment révélé (il s’agirait de la milliardaire américaine Elaine Wynn, ex-femme de Steve Wynn), Christie’s ne saurait passer inaperçue en soumettant un autre chef-d’œuvre baconien aux enchères, lors de ses prochaines ventes de prestige

de février 2014 (Post-War and Contemporary Art Evening Auction, le 13 février). Un dossier indépendant est consacré par la maison de ventes à un portrait de George Dyer, présenté comme le plus important soumis à enchère depuis 10 ans. Ce Portrait of George Dyer Talking réalisé en 1966, mesurant près de deux mètres de hauteur (198,2 x 147,3 cm), est indéniablement une pièce phare : amant et muse de l’artiste, Georges Dyer est un sujet emblématique, au même titre que l’est Lucian Freud, sujet du triptyque record. En attendant le portrait de Dyer autour de 30 m£, Christie’s espère voir cette œuvre payée 7 à 8 fois plus chèrement que lors de sa dernière adjudication en 2000 (George Dyer Talking s’est vendue 4,1 m£, 6 m$, le 15 novembre 2000 à New York). Si cette toile répond aux attentes, elle s’imposera alors comme la troisième œuvre la plus cotée de Francis Bacon.

Gerrit van Honthorst : chef-d’œuvre à New York

Chaque année, à la fin du mois de janvier, Christie’s et Sotheby’s consacrent des ventes de prestige à l’art ancien. Les plus belles signatures historiques telles que Cimabue, Vand Dyck, Brueghel, Watteau ou Fragonard émergent alors sur le marché. Cette année, Sotheby’s dédie un chapitre à la grande peinture allemande et propose notamment un chef-d’œuvre du XVIIème siècle signé de Gerrit VAN HONTHORST (A Merry Group Behind a Balustrade with a Violin and a Lute Player, 99,4 cm x 138,5 cm). Inspirée des scènes caravagesques, l’œuvre est absolument muséale (une version de cette toile est par ailleurs conservée au Musée des Beaux-Arts de Lyon, France). Elle représente deux musiciens truculents au premier plan, lesquels se trouvent vivement encouragés par un jeune homme levant son verre au second plan. Le dispositif plastique plonge le spectateur dans une ambiance sonore et réjouissante. L’artiste ayant frappé un nouveau record à hauteur de 2,9 m$ en juin 2013 dans la maison de ventes concurrente (The Duet, 1624, 5 juin 2013, Christie’s New York), Sotheby’s mise beaucoup sur cette scène de genre évaluée entre 2 et 3 m$. Elle est donc susceptible de conduire à un nouveau record, qui contribuera encore une fois à la bonne tenue d’une école allemande XVIIème qui constitue l’une des périodes les plus intense en bouleversements économiques et artistiques européens.