En bref : Jérome Bosch – Berne – Amedeo Modigliani

[26/02/2016]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Jérome Bosch – Berne – Amedeo Modigliani

Jérome Bosch, 500 ans après
Une grande rétrospective Jérome Bosch (Hiëronymus van Aken BOSCH 1450-1516) vient de s’ouvrir aux Pays-Bas pour les 500 ans de la mort de l’artiste sous le titre “Jérôme Bosch : Visions d’un génie”. Elle passera ensuite l’été à Madrid (du 13 février au 8 mai 2016, Noordbrabants Museum, Bois-Le-Duc, Pays-Bas, et du 31 mai au 11 septembre 2016, Musée du Prado, Madrid, Espagne). Préparée depuis plusieurs années par un comité d’experts, cette exposition est un événement majeur que certains qualifient déjà avec emphase d'”exposition du siècle”. Bien qu’elle ne regroupe qu’un petit nombre d’oeuvres de Bosch (une vingtaine de peintures et quelques dessins), le travail scientifique mené en amont, les demandes de prêts internationaux, les restaurations nécessaires, les précisions quant aux attributions selon que les oeuvres sont entièrement de la main de l’artiste ou pas, furent autant de défis. C’est la première fois que l’on peut apprécier un ensemble si complet autour de Bosch. Néanmoins, La Tentation de Saint Antoine et surtout le fameux Jardin des Délices, triptyque du Paradis et de l’Enfer, manquent à l’appel au musée de Noordbrabant, le Musée du Prado s’étant finalement rétracté sur le prêt des deux chefs-d’oeuvre. Ces absences regrettables ne semblent pas freiner les pré-ventes du musée de Noordbrabant, car des dizaines de milliers de tickets d’entrée étaient déjà vendus avant l’ouverture officielle de l’exposition. Plus de 250 000 visiteurs sont attendus d’ici le début du mois de mai pour une plongée dans le monde fantastique du célèbre et rare peintre primitif flamand, dont les œuvres ne circulent plus depuis longtemps sur le marché des enchères.

Déferlante d’art chinois à Berne
C’est une exposition forte pour les amateurs d’art contemporain chinois : Chinese Whispers (traduisez par “téléphone arabe”) organisée avec Kathleen Bühler à Berne, regroupe 150 œuvres issues de la fameuse collection d’Uli Sigg (du 19 février au 19 juin 2016). L’exposition est certes moins dense que celle organisée il y a 10 ans (350 œuvres de la collection Sigg exposées en 2005 à Berne), mais elle est suffisamment importante pour mériter de s’étendre sur deux institutions : le Kunstmuseum et le Centre Paul Klee. Entrepreneur et ambassadeur en Chine de 1995 à 1998, Uli Sigg est un pionnier dans la collection d’art contemporain chinois et dans son rayonnement. L’histoire commence en 1995, lorsqu’il décide d’explorer le monde souterrain de l’art contemporain chinois, bien avant que les chinois eux-même ne lui accordent de crédit. Quatre ans plus tard, l’ensemble d’oeuvres est déjà suffisamment cohérent pour en exposer une sélection lors de la Biennale de Venise (1999), un tremplin pour assurer une visibilité internationale. Aujourd’hui, la collection d’Uli Sigg n’est autre que la plus vaste et la plus complète au monde dans le domaine. Elle regroupe plus de 2 200 oeuvres, achetées de façon systématique pendant 40 ans, moins selon les goûts personnels de Monsieur Sigg que selon leur pertinence. Une collection scientifique en somme, telle qu’aurait pu la mener une grande institution culturelle. C’est dire tout l’intérêt de sa donation de près de 1 500 oeuvres au M + Museum de Hong Kong ! Toutes les grandes tendances sont représentées dans l’exposition de Berne, depuis les appropriations de l’art occidental à travers des thèmes chinois, en passant par la vidéo et les installations les plus controversées en Chine. On y retrouve les stars du marché, comme FANG Lijun et AI Weiwei, aussi bien que des artistes discrets dans le monde des enchères, dont le couple Yuan SUN (né en 1972) et Peng Yu (née en 1973) (SUN & PENG Yuan & Yu). Leurs vieillards cacochymes hyper-réalistes de Maison de retraite (2007) font aussi partie de la collection du Français François Pinault. Ils faisaient déjà sensation à Paris dans le cadre de l’exposition A Triple Tour (du 21 octobre 2013 au 6 janvier 2014).

L’Oeil intérieur d’Amedeo Modigliani
Amedeo Modigliani, l’œil intérieur, tel est le titre d’une rétrospective historique organisée du 27 février au 5 juin 2016 au LaM, Musée d’Art moderne d’art contemporain et d’art brut de Lille. Le musée lillois, déjà propriétaire de six peintures, huit dessins et une sculpture, est parvenu à rassembler une centaine d’oeuvres d’Amedeo MODIGLIANI (49 peintures, 43 dessins et 5 sculptures), notamment par le biais de prêts inédits en France, incluant ceux du Centre Pompidou et du Musée national d’art moderne de la ville de Paris. Divisée en trois chapitres, l’exposition explore les liens de Modigliani avec la sculpture antique et extra-occidentale, puis sa pratique du portrait et enfin sa relation avec le collectionneur Roger Dutilleul (1873-1956), son plus grand mécène. Entre 1918 et 1925, Roger Dutilleul a accumulé 34 toiles et 21 dessins de Modigliani, un ensemble rare qui représente près 10% de la production de l’artiste. Rappelons que Modigliani est parti prématurément à l’âge de 35 ans, fragilisé par ses excès d’alcool et de drogue, et finalement emporté par la tuberculose. Le critère de rareté explique en partie la véritable flambée des prix et les performances sans précédent enregistrées au cours de l’année 2015. Porté par un record absolu à 170,4 m$ pour un Nu couché vendu chez Christie’s New York le 9 novembre 2015, son produit des ventes annuel a explosé, le hissant à la quatrième place mondiale derrière Picasso, Warhol et Monet. Cinq toiles ont passé le seuil des 10 m$ aux enchères en 2015, année d’exception par le nombre et la qualité des œuvres proposées. Le marché sera certainement moins bien alimenté en 2016.