En Bref : Jeff Koons – Takashi Murakami – Sigmar Polke

[01/08/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Jeff Koons – Takashi Murakami – Sigmar Polke

Jeff Koons au Whitney

Jeff Koons, l’artiste vivant le plus côté au monde, bénéficie d’une immense rétrospective qui déborde des frontières du Whitney Museum of American Art de New York (jusqu’au 19 octobre 2014). Plus de 150 oeuvres réalisées en 35 ans de carrière investissent l’intérieur et l’extérieur du Whitney, tandis que le parvis du Rockefeller Center se trouve orné de la sculpture vivante et monumentale Split-Rocker, une réalisation florale recomposant deux motifs d’animaux à bascule, un jouet géant de plus de 10 mètres de haut. La rétrospective chronologique du Whitney se devant d’être un gros morceau, elle démarre à la fin des années 70 (avec la série des Inflatables and Pre-New), passe par la série controversée Made In Heaven ou l’artiste s’affaire avec la Cicciolina dans un décor carton-pâte de conte de fées (fin des années 80′ et au début des années 90′) et par les oeuvres les plus populaires et les plus cotées, notamment Célébration, série réinvestissant la fête d’anniversaire dont elle distord le potentiel sensuel et sexuel. Celebration comprend les tableaux de gâteaux, les Hanging Heart, les Tulips et les Balloon dog, ces chiens festifs imitant les sculptures foraines gonflables, devenus la signature visuelle la plus célèbre de l’artiste, d’autant que l’un de ces chiens augmentait son précédent record de 22 millions de dollars (Ballon Dog (Orange) vendu 52 m$ le 11 novembre 2013 chez Christie’s New York). Après New York, l’exposition voyagera au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne de Paris (26 novembre 2014 – 27 avril 2015) et au musée Guggenheim de Bilbao (5 juin –27 septembre 2015).

Takashi Murakami au Palazzo Reale

Inaugurée le 24 juillet 2014 au Palazzo Reale de Milan et ouverte jusqu’au 7 septembre 2014, l’exposition de l’artiste nippon le plus célèbre et le plus cher du moment est intitulée Il Ciclo di Arhat – The Cycle of Arhat,, un titre en référence à un conte où des moines bouddhistes se confrontent aux questions de la décrépitude et la mort. La série Arhat fut réalisée après le terrible tremblement de terre au Japon en mars 2011. L’une des pièces phares de l’exposition est Oval Buddha Silver, sculpture reluisante d’un Bouddha revisité en 2008 dans le style Superflat. Découverte en France lors de l’exposition Murakami au Château de Versailles, cette œuvre réalisée en collaboration avec le créateur de mode Issey Miyake est emblématique de la préciosité et de l’ambivalence Murakamiennes. Impossible par contre de trouver la réplique de cette sculpture en salle de ventes, bien que Mister Oval traverse la « panthéon » de l’artiste. Le marché des enchères est chiche en sculptures majeures ces derniers temps… l’artiste les réserve aux expositions de prestige et au premier marché où la demande est vive. Bien que son style tout à la fois Kawaï (mignon) et morbide ne lui ait pas encore permis de renouer avec le sommet de 13,5 m$ atteint en 2008 pour l’une de ses sculptures (My Lonesome Cowboy, vendue le 14 mai 2008 chez Sotheby’s à New York), son indice général de prix est particulièrement bon, avec une hausse de +109 % depuis le début de l’année 2010.

Sigmar Polke au MoMA

Si sa réputation d’artiste est égale à celle de Gerhard Richter, l’oeuvre de Sigmar Polke (allemand, 1941-2010) est plus confidentielle que celle de son compatriote auprès du grand public, un état de fait en train de changer grâce à l’exposition magistrale Alibis: Sigmar Polke 1963–2010, en cours au MoMA de New York (depuis le 19 avril et Jusqu’au 3 août 2014). Il s’agit de l’une des plus grandes expositions jamais organisées au MoMA, et de la première rétrospective complète de Polke, qui englobe l’ensemble de son travail, dont la peinture, la photographie, le cinéma, dessin, l’estampe et la sculpture, avec plus de 250 œuvres. Polke et Richter sont considérés comme les artistes allemands les plus influents de la seconde moitié du XXème siècle. Ils se sont rencontrés jeunes, à une époque où les galeries n’étaient pas encore prêtes à leur ouvrir leurs portes. Ils trouvent alors eux-mêmes des solutions pour montrer leur travail, organisant notamment une exposition dans une ancienne boucherie avec les artistes Konrad Lueg et Manfred Kuttner. En 1963, ils fondent le mouvement « Réalisme capitalisme », un pendant critique et parodique au Pop Art, chargé de l’histoire trouble de l’Allemagne et des incohérences de l’histoire. Près de 20 ans plus tard, cette nouvelle peinture gagne ses lettres de noblesse via l’exposition New Spirit in Painting à la Royal Academy de Londres (1981). Il faut attendre 20 ans de plus pour que la cote des deux artistes commence à flamber dans les salles de ventes, avec les premiers résultats millionnaires enregistrés en 2000 pour Polke et 2001 pour Richter. Richter est aujourd’hui beaucoup plus cher que son ami : il culmine à 33 m$ au marteau (Domplatz, Mailand, Sotheby’s New York, le 14 mai 2013), tandis que le record de Polke s’est établi à 8,1 m$ en 2011 (Dschungel (Jungle), Sotheby’s Londres) et qu’une adjudication de 7,5 m$ en mai dernier venue confirmée la haute tenue de prix (Familie II, Christie’s New York, le 13 mai 2014). Polke suivra-t-il l’ascension phénoménale de Richter, lorsque le premier affiche un indice en hausse de +109 % depuis 2010, et le second de +250 % sur la même période. L’exposition en cours constitue un atout pour cette ascension. Après New York, elle sera visible à la Tate Modern de Londres (1er octobre 2014 – 8 février 2015) puis au Museum Ludwig à Cologne (14 mars-5 juillet 2015).