En bref : Il Veronese – Paul Gauguin – Le Louvre Abu Dhabi

[21/03/2014]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Il Veronese – Paul Gauguin – Le Louvre Abu Dhabi

Véronèse à la National Gallery (19 mars-15 juin 2014)

Une exposition de Véronèse vient d’ouvrir cette semaine à la National Gallery de Londres. C’est une première au Royaume-Uni tant ses oeuvres sont compliquées à attribuer et à déplacer. Cette rétrospective est d’importance car, rappelons-le, Paolo Caliari, connu sous le nom de IL VERONESE (1528-88) est l’un des trois artistes essentiels du XVIème siècle vénitien, avec TIZIANO VECELLIO et Jacopo ROBUSTI. Quarante oeuvres sont réunies, dont 10 sont issues des collections de la National Gallery, comprenant des sujets religieux et mythologiques, d’histoire et des portraits, afin d’entrer réellement dans la diversité de l’œuvre et d’en saisir toutes les subtilités. Populaire de son temps, cet immense coloriste aux accents maniéristes fut pourtant oublié par les critiques de son époque. Incontournable de la grande histoire de l’art européenne, ses oeuvres, bien que rares, paraissent sous-cotées en regard des prix spectaculaires atteints aujourd’hui par les stars de l’art contemporain. Le plus cher des Véronèse soumis à enchères ces 30 dernières années culmine e effet à 2,6 m$ (Cupid disarmed by Venus, 10 janvier 1990, Christie’s New York), lorsque Jeff Koons, par exemple, a déjà fait mieux à 43 reprises et culmine à 52 m$. Signe des temps : les nouveaux acheteurs les plus fortunés s’intéressent plus à leurs contemporains qu’aux maîtres historiques, si bien que certaines oeuvres sur toile de Véronèse trouvent encore preneurs pour moins de 100 000 $ et quelques dessins pour moins de 30 000 $.

Gauguin: Métamorphoses au MoMA

Outre Véronèse à Londres, le mois de mars ouvre une autre exposition rare et prestigieuse avec Paul GAUGUIN au MoMA de New York (8 mars – 8 juin 2014). L’exposition se concentre sur les gravures et les transferts, proposant une lecture en relation avec les oeuvres sur toiles plus connues et les sculptures. 150 oeuvres sont ainsi réunies, dont 120 travaux sur papier. Gauguin commence à peindre en autodidacte en 1874. Cinq ans plus tard, Pissaro l’initie à la technique impressionniste et l’introduit auprès de son groupe. En quête de pureté primitive, l’artiste trouve refuge dans un premier temps en Bretagne pour peindre et donner naissance à quelques céramiques, puis se rend à Arles (chapitre mouvementé avec Vincent Van Gogh), regagne Paris quelques temps ou il se familiarise avec la gravure sur zinc et voyage encore en France avant son départ en 1891 pour Papeete.

Il y reste deux ans, revient à Paris où il s’initie à la gravure sur bois puis retrouve Tahiti en 1895, et ce de façon définitive. C’est là-bas qu’il réalise ses oeuvres les plus fortes, notamment ses meilleurs monotypes et gravures sur bois. Trois monotypes réalisés sur l’île ont déjà passé le seuil des 500 000 $ depuis 1994 et le plus cher culmine 767 800 $, plus de 923 000 $ frais inclus (Crouching Tahitian Woman Seen from the Back, c.1901/02, 480 000 £, 30 mars 2011, Sotheby’s Londres). Ce niveau de prix récompense une œuvre absolument originale sur laquelle l’artiste à dessiné. L’exposition au MoMA peut encore influer sur l’offre : entre le 5 février et le 6 mars 2014, six estampes ont déjà été proposées aux enchères.

Naissance d’un musée

Entre le 2 mai et le 28 juillet 2014, le Louvre de Paris expose une centaine d’oeuvres récemment acquises par le Louvre d’Abu Dhabi. Le premier volet d’acquisition affiche des choix éclectiques tant sur le plan géographique qu’historique, puisqu’il couvre l’antiquité jusqu’aux artistes vivants, dans la volonté de construire un « musée universel ». Forcément prestigieuse, l’exposition parisienne annonce notamment les noms de Gauguin, Piet MONDRIAAN, Alexander CALDER ou Cy TWOMBLY. Le projet du Louvre Abu Dhabi est issu d’un accord conclu en 2007 entre la France et les Emirats Arabes Unis, qui ont acheté la cession du nom « Louvre » pour 30 ans et six mois. Depuis le lancement du projet, les Emirats Arabes Unis se sont déjà dotés de 400 oeuvres majeures, des acquisitions qui ont fortement stimulé le marché de l’art, notamment aux enchères, entre 2007 et 2013, puisque leur budget d’acquisition avoisine les 55 m$ par an, sur dix ans. La naissance de ce grand musée devrait encore tirer le marché par le haut jusqu’en 2017. En chantier depuis 2010, l’ouverture du Louvre Abu Dhabi est prévue fin 2015 dans son écrin conçu par Jean Nouvel sur l’île de Saadiyat, en périphérie d’Abu Dhabi. Lors de son ouverture, il présentera 900 oeuvres, dont 300 prêtées par les musées français, pour dix ans.