En Bref : Drawing Now – DDESSIN {16} – Nobuyoshi Araki

[24/03/2016]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Drawing Now – DDESSIN {16} – Nobuyoshi Araki

Les 10 ans de Drawing Now
Le salon du dessin contemporain Drawing Now fête ses 10 ans au Carreau du Temple de Paris, du 30 mars au 3 avril 2016 autour de quelques 80 galeries. Un anniversaire pour lequel Philippe Piguet, directeur artistique du salon, ouvre de nouvelles propositions. Parmi elles, un partenariat avec Christie’s, qui consacre une exposition dans l’un de ses salons au 5e lauréat du prix DRAWING NOW (2015), Abdelkader Benchamma (24 mars – 1er avril). Cette exposition est d’ailleurs organisée en parallèle de celle d’une sélection de dessins modernes et anciens qui seront mises aux enchères les 31 mars et 1er avril. Autre proposition : celle de Master Now, un parcours pour lequel une dizaine de galeries ont sélectionné des “œuvres remarquables”. Les artistes de ce parcours sont déjà annoncés. Il s’agit de Fengyi Guo (Christian Berst Art Brut), Claude Viallat (Galerie Bernard Ceysson), Michel Parmentier (Galerie Jean Fournier), Jean Dubuffet (Galerie Jeanne Bucher Jaeger), Paul van der Eerden (Galerie Bernard Jordan), Pierre Alechinsky (Galerie Lelong), Erik Dietman (Galerie Papillon), Georg Baselitz (Galerie Catherine Putman), William Burroughs (Semiose), Markus Lüpertz (Galerie Suzanne Tarasiève), et enfin Richard Jackson (Galerie Vallois). Ces artistes, déjà bien établis dans l’histoire de l’art contemporain, feront face à des créations plus neuves et à des débats d’idées, autour d’un symposium organisé à l’auditorium du Carreau du Temple. Présidé par M. Fabrice Hergott, directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, ce débat entend proposer un “état des lieux” du dessin contemporain, autour d’intervenants internationaux. L’actualité du marché du dessin contemporain est notamment présentée par Jean Minguet, responsable du département d’économétrie d’Artprice.com

DDESSIN {16}, l’alternative parisienne du dessin contemporain
Parmi les salons incontournables du printemps parisien, DDESSIN est devenu une référence depuis son lancement en 2013. Il constitue une alternative essentielle pour la scène émergente du dessin face à Drawing Now et au Salon du Dessin, avec le supplément d’âme du magnifique Atelier Richelieu (60 rue de Richelieu dans le 2ème arrondissement de Paris). Au menu : des stands moins formatés que sur les salons habituels, une circulation plus libre sur 700 mètres carrés, une promenade dans des cabinets de dessins et des propositions alternatives… La directrice du salon, Eve de Medeiros, veut que la création soit “un lieu d’échange et de créativité vivante, dans un esprit chaleureux et convivial de qualité”. “Mon travail, confie-t-elle, c’est d’inventer un monde sans frontière dans lequel les artistes, leurs collectionneurs, les professionnels du monde de l’art et le public puissent se retrouver et dialoguer sur le créneau de l’émergence” (dans un entretien pour IAM, mars 2016). Le positionnement est clair : mettre en avant des artistes prometteurs, et prendre le temps du dialogue avec les collectionneurs et les divers acteurs du monde de l’art. Deux prix sont là pour soutenir et promouvoir de jeunes artistes : le prix DDESSIN et celui de l’Art est Vivant, organisé par un collectif de collectionneurs et d’amateurs d’art avec Winsor & Newton et Arches.
DDESSIN{16} accueille une vingtaine de galeries, dont la Galerie Céline Moine (Lyon), Creative Growth (Oakland, UsA), Galerie 3e parallèle (Paris), Galerie KO21 (Paris), la Galerie LWS (Paris) ou la Galerie Polysémie (Marseille). Les gammes de prix (de quelques centaine d’euros à environ 10 000 euros) ciblent un large public de collectionneurs, permettant notamment des acquisitions sans prise de risque. Le salon propose également un ensemble de dessins de Nidhal Chamekh et Massinissa Selmani, artistes présentés sur les trois premières éditions du salon, et intégrés à la sélection d’Okwui Enwezor lors de la 56ème Biennale de Venise dans le cadre de All the World’s Futures à l’Arsenal.

L’obsession Araki vise Paris
A 74 ans, le photographe japonais Nobuyoshi ARAKI bénéficie d’une exposition majeure en France, au Musée des arts asiatiques – Guimet (13 avril – 05 septembre 2016) : l’exposition retrace cinquante années de son travail, en plus de 400 photographies organisées selon un parcours thématique, avec les séries consacrées aux fleurs, au Voyage sentimental (illustration de son voyage de noces en 1971), ou au Voyage en hiver (1990, année du décès de son épouse). L’exposition traverse une autobiographie obsédée par l’érotisme, le désir et la mort. Considéré le plus grand photographe érotique japonais, Nobuyoshi Araki déborde largement ce champ, en photographiant tout ce qu’il voit. Depuis le toit de sa maison ou derrière la vitre d’une voiture, rien ne lui échappe, dans une véritable obsession où l’appareil photo règne en maître. Du format polaroid jusqu’aux grandes épreuves “format tableau”, en passant par des tirages jouant avec le feu ou la peinture, l’exposition ouvre sur l’incroyable profusion d’une œuvre courtisée dans le monde entier, notamment aux enchères. Les œuvres d’Araki sont souvent abordables pour moins de 1 000 $ (36% du marché) grâce aux polaroids, et elles peuvent dépasser allègrement les 100 000 $ pour des tirages imposants. Comptez entre 500 et 1 500 $ pour un polaroid de femme ligotée selon les règles ancestrales du Kinbaku (littéralement “la beauté du lien étroit”, ou art du bondage), et un peu plus lorsqu’une photo de femme répond à celle d’une fleur, toujours éclatante, et toujours en gros plan. Araki dit que ce ne sont pas ses photographies qui sont érotiques, mais que c’est le modèle qui l’est. Et à ce jeu, certaines fleurs peuvent l’emporter sur les femmes. D’ailleurs, son record aux enchères ne récompense pas une femme suspendue par l’agencement savant de cordes, mais un diptyque aux fleurs, terribles de sensualité et au bord de la déliquescence : intitulé From Close to Range, l’oeuvre explosait une estimation déjà donnée à plus de 100 000 $, pour finir à 191 000 $, chez Phillips New York, le 1er avril 2014.

Tous les artistes cités dans cet article : GUO FengyiJean DUBUFFETClaude VIALLATMichel PARMENTIERPaul VAN DER EERDENPierre ALECHINSKYErik DIETMANGeorg BASELITZWilliam Seward BURROUGHSMarkus LÜPERTZRichard JACKSONAbdelkader BENCHAMMANobuyoshi ARAKI