En bref : Décès de Chu Teh Chun – Bernard Buffet – Pieter Brueghel le Jeune
[04/04/2014]
Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Décès de Chu Teh Chun – Bernard Buffet – Pieter Brueghel le Jeune
Décès de l’artiste Chu Teh Chun
Né en 1920 dans la province du Jiansu, CHU Teh-Chun est décédé à Paris le 25 mars 2014 à l’âge de 93 ans. Comme le souligne l’Académie des beaux-arts de France, il “était le dernier représentant à l’Académie de l’abstraction lyrique qui renouvela l’histoire de la peinture occidentale”.
Entré à l’Ecole des Beaux-Arts de Hangzhou en 1935 sous la direction de Lin Fongmien, qui fut l’un des premiers artistes chinois à étudier en France de 1918 à 1925, Chu s’intéresse précocement à la peinture occidentale. Il l’enseigne d’ailleurs à l’Université Normale Nationale de Taipei dès 1951. Quatre ans plus tard, l’artiste embarque pour l’Europe, s’installe à Paris, dessine à la Grande Chaumière et se confronte pour la première fois à l’art abstrait occidental. La découverte de l’oeuvre de Nicolas DE STAËL est alors une véritable révélation (rétrospective De Staël en 1956 au Musée d’Art Moderne de Paris). Son succès s’amorce en France dès les années 50, s’étend avec des expositions au Carnegie Art Museum, à Pittsburgh, Jérusalem, Athènes, et à la Biennale de Sao Paulo (1969), mais Chu ne rompt jamais ses liens avec la Chine si bien que sa renommée se renforce en Asie à partir des années 70. Des expositions diffusent son travail à Taipei, Pékin, Singapour, Hong Kong.
Chu est l’un des artistes franco-chinois les plus aimé par les collectionneurs français, avec Zao Wou Ki, Lin Fengmian, Yan Pei Ming et Sanyu… mais il est aussi l’un des plus apprécié en Asie, car il fait partie de ces artistes parvenus à tisser un lien artistique entre culture asiatique et occidentale. Une demande internationale particulièrement vive à propulsé son indice de prix de 1 300 % en 10 ans, généré pas moins de 37 enchères millionnaires entre Hong Kong et Taipei où se trouvent les collectionneurs les plus fortunés, mais les prix grimpent aussi indéniablement à Paris.
Shanghai, nouvelle plateforme internationale. L’exemple de Bernard Buffet
Suite à sa vente inaugurale du 26 septembre 2013 à Shanghai, Christie’s poursuit ses ventes test sur place en privilégiant le mixage culturel. La première vacation de Shanghai présentait en effet, en 42 lots, quelques signatures asiatiques phares pour lesquelles la demande est sûre sur place mais aussi des oeuvres signées Giorgio Morandi, Pablo Picasso, Alexander Calder ou Andy Warhol. La seconde vacation, qui se tiendra le 26 avril 2014, danse sur le même rythme avec des signatures chinoises, japonaises, coréennes, indonésiennes et occidentales dont Liu Wei, Zao Wou-Ki, Aya Takano, I Nyoman Masriadi, Andy Warhol, Damien Hirst, Pablo Picasso ou encore Bernard Buffet.
Bernard BUFFET ? L’artiste français longtemps décrié par les instances critiques de son pays rencontre en effet un certain succès en Chine. Il fait même partie des cinq artistes français les mieux vendu en Asie avec Auguste Rodin, Pierre-Auguste Renoir, Edgar Degas et Mathurin Moreau. Christie’s propose une œuvre importante de l’artiste français le 26 avril 2014, une large toile de 1989 intitulée Deux clowns, saxophone et estimée entre 500 000 et 700 000 $. Si les clowns se vendent dans cette fourchette de prix, il s’agira alors de la meilleure enchère shanghaienne de Buffet, qui culmine sur place à 145 900 $ avec un Bouquet aux soucis de 1982 vendu par Shanghai Hosane le 27 juin 2008. Buffet n’a pas encore renoué avec la crête des prix atteinte en 1990, une époque faste ou il flirtait même avec le million de dollars (Le cirque, clowns musiciens, adjugé l’équivalent de 962 500 $ le 13 juin 1990 chez Anaf à Lyon, France). Ses résultats sont néanmoins à surveiller de près, d’autant qu’une récente vente londonienne à récompensé un Arlequin de 1956 à près de 620 000 $, au double des prévision hautes (Sotheby’s, le 6 février 2014). Son indice des prix affiche une hausse de 100 % sur la décennie avec, pour l’heure, 34 % des recettes enregistrées en France, contre 23 % aux Etats-Unis, 21 % au Royaume-Uni et plus de 13 % au Japon.
Artcurial et Pieter Brueghel le Jeune
La société de ventes aux enchères Artcurial a enregistré une seconde enchère millionnaire en moins de six mois pour Pieter II BRUEGHEL (c.1564-1637/38). Artcurial cédait en effet Le Paiement de la dîme (1615) pour 1,66 m€ frais inclus, soit 2,22 m$ le 13 novembre 2013 puis La danse de noces en plein air pour 1 661 400 € frais inclus (est. 800 000 – 1,2 m€). Ces deux résultats forts sur une si courte période témoignent de la qualité de l’offre du marché français qui bénéficie d’une aura réellement internationale et draine des acheteurs du monde entier. Généralement, des oeuvres de cette qualité sont plutôt envoyées à Londres (près de 65 % du chiffre d’affaires de Pieter II Brueghel) et à New York (près de 19 % des recettes de l’artiste). Chaque année en France, une petite cinquantaine d’oeuvres parviennent à atteindre le million aux enchères et Artcurial tient tête. Elle est aujourd’hui la douzième meilleure maison de ventes au monde et première société française, générant au cours de l’année 2013 79,3 m$ de produit de ventes avec quelques 4 432 lots vendus dans la catégorie Fine art.