En Bref ! de Georges Mathieu à Hwami, en passant par Georges de La Tour

[18/12/2020]

Regain d’intérêt pour les grands maîtres anciens sur le marché de l’art encore une fois manifeste cette année avec la très belle vente d’un tableau de Georges de la Tour, franc succès de Georges Mathieu à Hong Kong, nouvelle recrue chez Victoria Miro… voici en chiffres et en bref, quelques nouvelles du marché de l’art à la mi-décembre.

Georges de la Tour, un résultat historique pour l’Allemagne

La Fillette au brasier du rarissime Georges DE LA TOUR (1593-1652) était le joyau de la vacation du 8 décembre dernier organisée chez Lempertz, à Cologne. Issue de la vaste collection de l’entrepreneur brêmois Hinrich Bischoff, disparu en 2005, La Fillette au brasier comptait parmi les derniers tableaux encore en mains privées de ce maître baroque dont on ne connaît que 48 œuvres, et dont sept toiles seulement sont passées sous le feu des enchères au cours des 30 dernières années.
Ce chef-d’œuvre de 76 x 55 cm, que certains ont pu voir exposé au Grand Palais de Paris à la fin des années 90 ou au Prado à Madrid en 2012 a légèrement dépassé le prix estimé, en partant pour 5,2m$ frais inclus. Au-delà d’un nouveau record d’enchères pour de La Tour, l’oeuvre s’impose comme la deuxième oeuvre la plus chère dans l’histoire des enchères en Allemagne, après une toile de Max BECKMANN vendue pour 6,4m$ en 2018 (villa Grisebach, Berlin).

De la Tour Georges de La Tour, La Fillette au brasier

 

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Record hongkongais pour Georges Mathieu (et Chu Teh Chun)

Georges MATHIEU fut une personnalité flamboyante, un personnage dalinien comblé d’honneurs, distingué de son vivant comme Chevalier de la Légion d’honneur et fait Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres. Il est surtout considéré comme l’un des pères de l’abstraction lyrique, et serait même à l’origine des premiers drippings de peinture, technique développée par Jackson Pollock au milieu des années 1940. Sa cote n’a pourtant jamais été aussi flamboyante que celles de Pierre Soulages, Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun ou Nicolas De Staël, autres abstraits français de même génération.

Le record de Georges Mathieu, établit le 2 décembre dernier par Sotheby’s Hong Kong, a donc quelque chose de rafraîchissant : pas moins de 2,2m$ ont été déboursés pour Souvenir de la maison d’Autriche, une huile sur toile gigantesque (250 x 600 cm) qui enterre de 400.000$ le précédent sommet de l’artiste. Mathieu n’en était pas à son galop d’essai à Hong Kong. Ses toiles, présentées aux enchérisseurs de la péninsule depuis 2014 par Sotheby’s et Christie’s, ont toujours reçu un bon accueil sur place. Mais il y dépasse le million pour la première fois. Mathieu revient au gout du jour depuis que les galeries Perrotin et Nahmad se sont associées pour représenter la succession du peintre.

Cette vente du 2 décembre a également permis d’augmenter le record du franco-chinois CHU Teh-Chun, désormais établi à 14,7m$ avec Les Eléments confédérés une œuvre majestueuse, proche des dimensions de celles de Georges Mathieu. D’un artiste à l’autre, le fossé de prix demeure immense : 12,5m$ séparent les records de Mathieu et de Chu. Le marché affiche clairement ses préférences.

 

Kudzanai-Violet Hwami rejoint la galerie Victoria Miro

Quatre ans après l’obtention de son diplôme au Wimbledon College of Arts et à tout juste 27 ans, Kudzanai-Violet HWAMI affiche un avenir très prometteur. Cette jeune artiste originaire du Zimbabwe a grandi en Afrique du Sud, mais elle vit au Royaume-Uni où elle développe des œuvres figuratives imprégnées de son multi-culturalisme, notamment des détails de la vie sud-africaine. Exactement ce que le marché recherche en ce moment…

Hwami n’est pas une inconnue dans le paysage de la création contemporaine. Son travail a été remarqué en 2019 sur le pavillon du Zimbabwe, lors de la 58e Biennale de Venise. Ses œuvres avaient été montrées avant cela à Londres (Tyburn Gallery) et à plusieurs reprises en France (Ateliers de Rennes et Le Triangle entre autres). Mais l’engagement à ses côtés de la puissante galerie Victoria Miro promet de nouvelles turbulences sur le marché de l’art. Une récente adjudication chez Phillips (le 8 décembre) illustre l’engouement incroyable que suscitent déjà ses peintures. A peine arrivée sur le second marché qu’elle décroche 252.000$ avec Eve on Psilocybin, une toile achevée en 2018. L’œuvre a multiplié l’estimation moyenne par sept.

Compte tenu des restrictions sanitaires toujours en cours, les œuvres de Hwami présentées dans le cadre d’une exposition collective de la galerie Victoria Miro sont visibles en ligne depuis l’application sur l’application Vortic Collect, première application du monde de l’art en réalité augmentée (Reprieve x Vortic, jusqu’au 31 janvier 2021). Une exposition personnelle de l’artiste est prévue l’été prochain chez Victoria Miro.