En Bref : Chef-d’oeuvre de Max Beckmann – Art / Afrique à Paris

[02/06/2017]

Chef-d’oeuvre de Max Beckmann

L’oiseau de l’enfer (Bird’s Hell) est une œuvre rare, présentée comme l’une des plus belles et des plus puissantes de Max BECKMANN (1884-1950) créée lors de son exil. Ce chef-d’oeuvre, commencé à Amsterdam et achevé à Paris, propose une vision déchirante, une véritable plongée dans l’enfer où de monstrueux oiseaux de mauvaise augure torturent et lacèrent les peaux humaines. Nous sommes en 1938 lorsque Beckmann se lance dans cette fresque anti-nazi, ce pamphlet pictural contre l’oppression et la terreur. Au cœur de cette terrible époque, Pablo Picasso achevait quelques mois avant Bird’s Hell, son fameux Guernica, autre plaidoyer, cette fois contre la guerre civile d’Espagne, devenu un plaidoyer contre toutes les guerres. Après le gigantesque autodafé de 1933 au cours duquel partaient en fumée les précieux livres d’une pensée non conforme au totalitarisme nazi, les arts plastiques sont mis au pilori en 1937 pour l’exposition des “arts dégénérés” organisée à Munich. Beckmann fait partie des dissidents subversifs. Plus de 500 de ses œuvres furent confisquées et une partie d’entre elles exposées avec les “dégénérés” à Munich.

Bird’s Hell est plus qu’un chef-d’oeuvre, c’est un monument contre l’oubli. Il pourrait à ce titre renouvelé le record d’enchère de l’artiste, tenu depuis 16 ans par un autoportrait cédé 22,5 m$ chez Sotheby’s à New York (Selbstbildnis mit Horn). Christie’s ne divulgue pas l’estimation de l’oeuvre mais la société lui assure une visibilité maximale. Après l’avoir exposée à New York et à Hong Kong, elle l’a présentera à Londres, juste avant sa mise aux enchères le 27 juin 2017 dans le cadre des grandes ventes Impressionnistes et Modernes du soir.

Art / Afrique à Paris

A l’heure où l’art africain contemporain trouve une véritable visibilité dans le monde occidental, la Fondation Vuitton propose une importante exposition jusqu’au 28 août 2017 : Art/Afrique, le nouvel atelier. Il s’agit en fait de trois expositions en une, le parcours s’amorçant avec un premier volet intitulé « Les initiés » présentant, pour la première fois en France, les oeuvres d’une quinzaine d’artistes issues de la collection d’art contemporain de l’homme d’affaires Jean Pigozzi, grand précurseur ayant réunis 12 000 œuvres d’art contemporain africain entre 1989 et 2009, avec la complicité de son conseiller André Magnin qui a exploré le continent africain et défriché sa scène artistique. Tous deux ont participé à la grande émergence de l’art contemporain africain sur le marché de l’art et à la notoriété d’artistes tels que Bruly Bouabré, Chéri Samba, Seydou Keita, Barthelemy Toguo, Romuald Hazoumé ou Malick Sidibé, dont les œuvres sont sélectionnées pour ce premier chapitre de l’exposition.

Le parcours s’oriente ensuite sur la conscience des artistes d’Afrique du Sud, sur leur dynamisme, leur engagement, voire leur militantisme notamment concernant la question des minorités, à travers un volet intitulé Etre-là. Cette exposition collective réunit seize artistes, dont les figures de référence William KENTRIDGE, David GOLDBLATT ou Sue Williamson, avec des artistes nés dans les années 1980 comme Jody Brand ou Siwani Buhlebezwe. Etre-là revisite l’histoire et l’identité sud africaine à travers deux générations de créateurs. Un troisième volet offre enfin une sélection d’oeuvres issues de la collection même de la Fondation Vuitton, prenant l’ensemble du dernier niveau du bâtiment. Une exposition phare qui ouvre une fenêtre sur la diversité de la création d’un continent constitué de 54 pays…